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Star & film d’auteur américains au cœur de la Provence verte !

Avec sa voix grave reconnaissable entre mille et sa présence magnétique, Jonathan Kimble Simmons s’est imposé au fil des décennies comme l’un des acteurs de caractère les plus respectés du cinéma américain. Né en 1955 à Détroit, il s’est d’abord illustré sur les planches de Broadway avant de conquérir le grand et le petit écran.

Il se fait connaître du grand public à la fin des années 90 grâce à son inoubliable rôle glaçant de Vern Schillinger, chef néonazi de la série Oz sur HBO — un personnage d’une rare intensité, qui révèle toute la puissance dramatique de l’acteur.

Par la suite, Simmons enchaîne les registres avec une aisance déconcertante : du terrifiant professeur Fletcher de Whiplash de Damien Chazelle — qui lui vaut l’Oscar du meilleur acteur dans un second rôle en 2015 — au ton plus léger mais non moins marquant de J. Jonah Jameson dans la saga Spider-Man, sans oublier ses rôles dans Justice League, The Front Runner ou Being the Ricardos.

Et si sa voix est entrée dans la légende, c’est aussi grâce à son interprétation profonde et complexe d’Omni-Man, figure terrifiante de la série animée Invincible !

Dans Little Brother de Sheridan O’Donnell (jeune cinéaste dont c’est le premier long-métrage), J.K. Simmons retrouve le cinéma indépendant qu’il affectionne, au service d’un récit humain et fragile, où il interprète un père en quête de rédemption face à ses deux fils. Une performance subtile, dans la lignée de son travail le plus sincère et nuancé.

Le film sera distribué en France par la maison indépendante Contre-Jour, qui accompagne la sortie du long-métrage le 22 octobre dans plusieurs salles à travers le pays et notamment dans le sud, avec des projections prévues à Brignoles, Lorgues, Draguignan, Barjols, Flassans notamment. Une manière pour ce drame intimiste de rencontrer un public à taille humaine, fidèle à l’esprit du film. PHA

Rencontre …


ToutMa : Little Brother est votre premier long métrage, inspiré d’une histoire vraie. Comment avez-vous réussi à produire un film aussi personnel dans le système américain ?
Sheridan O’Donnell : Ce film vient d’un moment très intime de ma vie. J’ai voulu raconter comment la honte, le silence et la tendresse peuvent cohabiter dans une même famille. Dans le système américain, ce genre d’histoire n’est pas facile à monter, car elle ne rentre pas dans les codes commerciaux. J’ai donc réuni une petite équipe qui croyait vraiment au projet, et on a tourné avec peu de moyens, mais beaucoup de sincérité. C’est un film né d’une nécessité plutôt que d’un calcul.

TM : Dans Little Brother, vous incarnez un père rongé par la culpabilité et le silence. Qu’est-ce qui vous a touché dans ce personnage ?
J.K. Simmons : Ce rôle m’a immédiatement frappé par sa pudeur. C’est un homme qui a du mal à dire ce qu’il ressent, et je crois que beaucoup de pères se reconnaîtront là-dedans. Sheridan a écrit un scénario d’une grande humanité, sans jugement. C’est rare, surtout dans le cinéma américain où tout doit être explicite. Ici, tout passe par les silences, les regards, les non-dits. Et ça, c’est un terrain de jeu d’acteur que j’adore.

TM : Vous alternez entre grosses productions et films indépendants. Qu’est-ce qui vous attire dans un projet plus intime comme celui-ci ?
J.K. Simmons : Les films indépendants me rappellent pourquoi j’aime ce métier. Il y a une liberté qu’on ne trouve pas sur les gros tournages : on parle, on cherche, on prend des risques. Et puis, les enjeux sont humains, pas financiers. Little Brother m’a permis de revenir à l’essentiel : un scénario solide, des personnages vrais, et une équipe passionnée.

TM : Comment s’est passée votre rencontre avec J.K. Simmons ? Qu’est-ce qui distingue son jeu d’acteur ?
Sheridan O’Donnell : J’étais un grand admirateur de son travail, bien avant de le rencontrer. J.K. a cette capacité à apporter de la complexité à la moindre ligne de dialogue. Sur le plateau, il ne joue jamais “pour” la caméra, il vit la scène. Ce qui m’a le plus impressionné, c’est sa rigueur : il cherche toujours à comprendre la psychologie du personnage avant même de penser à la mise en scène. C’est un immense partenaire de jeu.

TM : Avec le recul de votre carrière, comment votre approche du jeu a-t-elle évolué ? Les rôles introspectifs vous attirent-ils davantage aujourd’hui ?
J.K. Simmons : Je dirais que je deviens plus curieux avec le temps. Avant, j’étais obsédé par la technique, par la performance. Aujourd’hui, je cherche la vérité émotionnelle, même dans les silences. Les rôles comme celui de Little Brother me permettent d’explorer cette zone-là, où la fragilité devient une force. Et ça, c’est très stimulant.