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Hafsia Herzi, de l’actrice consacrée à la réalisatrice affirmée

Révélée en 2007 par La Graine et le Mulet d’Abdellatif Kechiche, rôle qui lui valut le César du Meilleur espoir féminin, Hafsia Herzi s’est rapidement imposée comme une figure incontournable du cinéma français. Au fil des années, elle a su alterner entre cinéma d’auteur et projets plus populaires, offrant à chaque fois des interprétations habitées. En 2025, elle remporte le César de la Meilleure actrice pour son rôle intense dans Borgo de Stéphane Demoustier.

Mais Herzi ne s’est pas contentée de briller devant la caméra : elle s’est aussi imposée comme réalisatrice. Après Tu mérites un amour (2019) et Bonne mère (2021, Prix du Certain Regard à Cannes), ou encore La Cour (2022, téléfilm pour Arte) elle signe aujourd’hui son nouveau long-métrage, La Petite Dernière, qui sort en salles le 22 octobre 2025.

La Petite Dernière : un récit d’émancipation lumineux et sensible

Adapté du roman autobiographique de Fatima Daas, La Petite Dernière suit Fatima, 17 ans, benjamine d’une famille musulmane aimante, originaire de banlieue. Élève brillante, elle intègre la faculté à Paris où elle découvre de nouveaux horizons, entre amitiés inédites, émancipation intellectuelle et éveil amoureux, révélant notamment son attirance pour les femmes.

Une mise en scène sobre et juste

Herzi choisit une approche quasi documentaire : caméra au plus près des corps et des visages, scènes du quotidien captées avec naturel. Elle privilégie l’intime, la fragilité, les silences, donnant à l’histoire une authenticité rare.

Nadia Melliti, une révélation

Le film repose largement sur l’interprétation de Nadia Melliti, qui incarne Fatima avec une retenue bouleversante. Son jeu, subtil et nuancé, traduit autant la peur que l’élan de liberté d’une jeune femme qui se cherche. Autour d’elle, un casting solide (Mouna Soualem, Melissa Guers, Ji-Min Park, Sophie Garagnon) enrichit cette fresque de rencontres et de confrontations.

Les thèmes : identité, foi, sexualité

Le récit ne se limite pas à un simple drame familial : il explore avec délicatesse la tension entre foi et désir, tradition et autonomie, amour filial et besoin d’émancipation. Herzi aborde ces sujets sans lourdeur, préférant laisser résonner les contradictions de son héroïne. Sans pour autant renoncer à quelques provocation assez jouissives, tant dans la mise en scène que dans le montage de certaines séquences.

Quelques limites

Certains spectateurs pourront reprocher au film un côté « scolaire », comme s’il cherchait à aborder beaucoup de thèmes en même temps, au risque de manquer de surprise. D’autres resteront peut-être sur leur faim face à une issue qui refuse de donner des réponses toutes faites.

Verdict

Avec La Petite Dernière, Hafsia Herzi confirme qu’elle est l’une des voix majeures du cinéma français d’aujourd’hui : une actrice consacrée, mais aussi une réalisatrice capable de donner vie à des récits intimes et universels. Si la mise en scène reste sage, la sincérité du regard, la qualité des interprètes et la justesse du propos font de ce film un jalon important dans son parcours. PHA

Photo en Une : © Chloe Carbonel