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Clara Luciani, le coeur léger

Elle se remet en selle, se remonte les manches. Tirant les rideaux de sa frange, comme on tire les épingles du jeu, la voilà de nouveau sur les planches tel un ancien amoureux. De l’amour, c’est ce qu’elle donne à qui en veut. Avec ses nouveaux titres sortis en juin dernier, l’album « Cœur » de Clara Luciani, devrait percer le nôtre à l’occasion de sa prochaine tournée.  

Son cœur est gravé dans les chansons

C’est le retour d’un autre type de vague. Celle que l’on préfère en concert ou en sensation, celle que l’on éprouve en dansant, celle que l’on écoute en chansons. Ce deuxième album, c’était déjà un peu de la confiture de framboise. Une marmelade que l’on tartine tout l’été, puisqu’elle nous vient du Sud. Cœur, on l’imagine rose, presque rouge, débordant sur les nappes à carreaux et coulant de poésie. De mots qui s’accrochent à nous comme un liquide qui s’agrippe entre nos doigts. Les paroles qui viennent nous confire les oreilles, Clara Luciani les a écrites durant le confinement: allégories mouvantes, franchise égayée, ses rythmes nous délivrent des chaînes démesurées de l’année écoulée. À pic, c’était son titre Respire encore, sorti 48 heures avant la levée obligatoire du port de masque en France. On a voulu danser à nouveau.

« C’était tellement une période particulière que c’était assez audacieux de faire un disque aussi joyeux, j’avais peur que ça arrive un peu comme un cheveu sur la soupe, que les gens ne soient pas prêts à l’accueillir », confie l’artiste à Laurent Delahousse dans une interview télévisée. Mais dans la polysémie de son talent, Respire encore, c’est aussi un hymne à la liberté retrouvée, une femme qui s’affranchit d’une relation nocive, qui retrouve la vie.

Comme avec le précédent, la force de cet album, c’est que Clara désarme. Des mots, elle en fait des images, des compositions pour soulager ces sujets qui valent la peine d’être chantés. Titre éponyme de l’album, Cœur, c’est un mode d’emploi à l’amour: un appel aux consciences pour ces femmes qui subissent des violences conjugales. Des mots graves sur des pistes dansantes.

Poupée de cire, poupée de son

Célébrer les retrouvailles avec la chanson française. Une référence aux artistes que Clara Luciani porte dans son cœur. Son morceau Le Chanteur, elle dit de lui que c’est une petite sœur de La Groupie du pianiste, chanson de Michel Berger. « Ces artistes font partie de mes playlists. Mes goûts portent l’héritage d’une variété française un peu snobée par les gens de ma génération », explique Clara à l’AFP.

Ce sont aussi des clips comme un clin d’œil : sa chanson Le Reste, filmée à Sanary-sur-Mer où la chorégraphie, les couleurs et autres références visuelles nous rappellent celles de Jacques Demy et de ses Demoiselles de Rochefort, film préféré de l’artiste. « Ce confinement m’a rendue encore plus nostalgique de mon enfance car j’étais loin de ma famille et nostalgique du Sud, j’ai eu envie de créer cette demoiselle de Sanary-sur-Mer. » Avec ses paroles également, parvenir à insérer le mot « cul » dans sa chanson, c’était un peu expérimenter une approche « à la Gainsbarre ». Clara connaît ses classiques.

Pourtant dans l’intemporel, l’artiste souhaite rester moderne. Elle compose à la guitare acoustique (normal pour qui vénère Françoise Hardy) mais s’accorde des collaborations avec Yuksek, Breakbot ou Alex Gopher, dont la griffe se reconnaît au style néodisco de l’album. « Ce sont mes contemporains, ils contre balancent des références que j’ai, très vintage, et permettent d’éviter l’écueil du pastiche ou de faire un disque des années 1970 en 2021 », révèle-t-elle aussi. On lui souhaite d’être éternelle dans le paysage de la chanson française.

Julie Mandruzzato 

En concert au Silo à Marseille 
Mardi 12 octobre 2021 –  
35 Quai Du Lazaret, Marseille 2e