IMANY, rage et poésie
Quatre ans après la sortie de « Voodoo Cello », Imany revient avec un quatrième album. Baptisé « Women Deserve Rage », ce nouvel opus offre plusieurs morceaux aussi percutants que poétiques, à l’image de leur charismatique interprète.
Sa voix est instantanément reconnaissable. Avec son timbre grave et sa manière bien à elle de faire valser les mots, Imany s’est imposée comme une artiste à part dans le paysage musical français. Il y a quatorze ans, le public faisait la connaissance de cet ancien mannequin originaire du Sud (elle est née à Martigues puis a passé son enfance à Istres) avec son premier album, « The Shape of a Broken Heart ». Emmené par le tube You Will Never Know, le disque s’est vendu à 400 000 exemplaires dans le monde. La suite, ce sont deux autres albums, « The Wrong Kind of War » (2016) et « Voodoo Cello » (2021). Après une pause de plusieurs années, la voici de retour dans les bacs avec « Women Deserve Rage ». Un projet né à la suite de moments compliqués, comme elle le confie sans détour : « J’ai traversé une période personnelle assez rude. J’ai puisé dans la contrariété que j’ai pu ressentir ces dernières années pour donner naissance à ce disque. » Évoquant en creux des thèmes comme ceux de la guérison et la transmission, « Women Deserve Rage » marque un nouveau départ pour la chanteuse de 46 ans, également mère de deux enfants : « Cet album, c’est vraiment un retour à moi-même. Je m’y affirme en tant qu’artiste mais également en tant que personne. J’avais envie de réclamer cette part de femme libre que je suis. »
Des chansons et des interludes
Porté par des titres à l’efficacité évidente (mention spéciale à l’entraînant Mad), le disque surprend avec ses trois interludes, des moments de pause entre les chansons dont Imany avait envie dès le début : « J’aimais beaucoup ce que faisaient certains artistes de la scène hip-hop dans les années 1990 à l’instar de Lauryn Hill et de son album « The Miseducation of Lauryn Hill » qui comprenait de nombreux interludes. Je voulais reprendre cette structure avec « Women Deserve Rage », qui se décompose en trois parties. » Si les textes sont surtout en anglais, comme c’était déjà le cas sur ses précédents albums, certains morceaux contiennent toutefois des phrases prononcées dans la langue de Molière comme sur son titre My Own Story. De quoi songer à un futur disque entièrement en français ? « Je ne ferme pas la porte à cette idée. Il y a quelques années, je ne m’imaginais pas chanter dans ma langue maternelle. Là, ça m’est venu comme ça. Presque comme une évidence. » Après un premier concert au Théâtre Mogador à Paris le 27 octobre dernier, Imany est aujourd’hui en tournée dans toute la France. Des retrouvailles aussi excitantes qu’angoissantes pour l’artiste : « S’il y a bien une chose qui n’a pas changé depuis toutes ces années, ce sont les doutes que je peux avoir. J’ai toujours cette peur qu’il n’y aura personne. Même si je prends beaucoup de plaisir à être sur scène, c’est une appréhension qui reste quand même dans un coin de ma tête. »


Une fille du Sud
En parallèle de son retour musical, Imany a profité de ces derniers mois pour prendre part à d’autres aventures. En août, elle a ainsi été jurée au Festival du Film francophone d’Angoulême sous la présidence de Diane Kruger. « Une expérience très enrichissante. J’ai rencontré des personnes incroyables avec qui j’ai noué des liens précieux. On essaie d’ailleurs de se revoir, même si ce n’est pas toujours simple en raison de nos vies respectives », souligne la chanteuse qui est également revenue à Marseille, l’été dernier, avec ses enfants. Une ville et une région qu’elle voit désormais avec ses yeux d’adulte : « Je suis partie assez jeune aux États-Unis pour faire carrière dans le mannequinat. Même si le Sud de la France est surtout lié à mon enfance, je reste profondément attachée à ses paysages et ses ambiances. Les plages de Corbières à Marseille sont pour moi un véritable havre de paix. » Imany, une fille du Sud à la voix aussi chaude que sa région d’origine…
« Women Deserve Rage »,
En tournée dans toute la France en 2026
© Photos : Lawson Body