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Marie s’infiltre, le 2 juin à Marseille – CEPAC silo

L’artiste plurielle Marie s’infiltre, découverte en 2017 grâce à ses vidéos satiriques, revient le 2 juin 2023, au Cepac Silo à Marseille. L’humoriste aux 400 000 followers sur Instagram, reine des happenings, foule de nouveau les planches pour son spectacle nommé « Culot ». Entre impros, moments musicaux, sketchs à gogos et personnages loufoques, ce show articulé en trois axes risque bien de bousculer ses spectateurs. Rencontre.

ToutMa : Quels sujets abordes-tu sur scène ? 

Marie s’infiltre : C’est un spectacle sur le culot qui demande aux spectateurs et à la comédienne de « se réveiller ». Nous avons tendance au quotidien à être endormis et confortables dans nos habitudes. Par trois grands axes, j’essaye de rendre la vie du public un peu plus intense. D’abord, il y a l’acte 1, « Désobéir ». Ici, on se libère des carcans de la société, on remet les règles en question et on bouscule la pensée commune ! Deuxièmement, on « Ose ». Là, on passe à l’action et on se convertit à la religion de l’audace. C’est la grande messe du culot ! A ce moment-là, un juge apparait sur scène pour sanctionner le public et moi-même de tous nos actes de « dévergondage ». Le plus ? Il a un accent marseillais ! Enfin, le dernier acte se nomme « Jouir ». Place au lâcher prise totale ! On arrête de se regarder et on s’oublie pour faire de sa vie un énorme kiff.

TM :  Rares sont les artistes à avoir autant de détachement face au regard d’autrui. Comment fais-tu ?

Marie : Quand j’ai commencé ce métier d’artiste, je ne voulais pas le faire à moitié. J’ai créé un art poétique autour de ça. Je m’y tiens et je vais au bout de mes propres limites. Le culot, c’est ce qui guide ma vie au quotidien. Lors de la cérémonie des César par exemple [la comédienne est montée sur scène pour montrer ses fesses ndlr], je décide de déplaire là où, au contraire, j’aurais pu essayer de convaincre. Quand je vois les César, je suis mal à l’aise. Les artistes sont censés être fous, et ici, c’est le conseil de classe. On y fait des blagues qui doivent plaire à tout le monde !

TM : Tu vas souvent « droit au but » comme l’OM. Est-ce que tu es comme ça dans la vraie vie ?

Marie : Dans les premières années, j’incarnais un personnage, une caricature. Aujourd’hui, je suis toujours sans filtre, cash. Ce n’est pas juste une façon d’exister. C’est un acte d’amour. Mon personnage sert à évoquer la liberté et à interroger la société. Lorsqu’on regarde l’Histoire, à laquelle je suis très attachée [elle a fait une classe préparatoire puis Sciences Po Paris ndlr], on voit clairement que l’humanité a fait des choses surprenantes par peur. Moi, ça m’interroge beaucoup…jusqu’où on va, sans s’en rendre compte ? Aura-t-on toujours envie de se révolter et de se battre ?

TM : Sur Youtube, tu es aussi une journaliste d’immersion finalement. Les sujets tabous, tu les traites aussi en caméra cachée !

Marie : J’adore le journalisme mais je ne rentre dans aucune case. Dans ce que je fais, il y a tant de choses différentes. Je n’ai pas de stratégie ou de direction artistique. Je traite un sujet car il m’attire, en fonction de ma sensibilité. Journaliste, comédienne, chanteuse, danseuse…. Je ne suis rien de tout ça et tout en même temps ! Je suis une artiste, je fais ce que je veux.

TM : Tu as donc toutes les cordes à ton arc ! C’est toi qui écris tes chansons ?

Marie : J’écris mes propres poèmes, que je mets en chansons. Cela dit, je n’ai pas encore cette capacité à imaginer des projets de long terme, car je ne sais pas quelles seront mes envies demain. J’aime la spontanéité. Pourquoi pas un EP ? Il faudrait que je trouve un sujet qui me passionne !

TM : Avec cette tournée commencée en 2022, qu’as-tu appris de ton public ?

Marie : Qu’il est très hétérogène ! Dans mon public, il y a des intellos, des vieux, des jeunes… En tout cas, ils ont tous la volonté de participer à la fête commune. Ils ne viennent pas là pour juger. Mon public est très généreux, ce qui me laisse aussi beaucoup de libertés.

TM : Sur Instagram, 65% de femmes te suivent, contre 35% d’hommes. Comment l’interprètes-tu ?

Marie : Je pense que je suis un support de projection pour le public féminin. Elles voient en moi une possibilité d’agir tout en restant féminine et dans l’air du temps. Je suis une fille normale, en fait. Pour les hommes, qui se posent beaucoup moins de questions que nous, je fais plus office de divertissement. Dans la rue, les hommes me disent « tu es trop drôle ». Les femmes m’arrêtent pour me confier « grâce à toi, j’ai fait ça ».  Ça me bouleverse ! Je n’aurais jamais pu imaginer pouvoir donner autant de force grâce à mon métier.

TM : Que penses-tu de Marseille ? Qu’attends-tu du public marseillais ?

Marie : J’ai déjà joué au Silo l’an dernier ! C’était la folie. J’adore le public marseillais car, avec lui, tu peux aller très loin. Les Marseillais adorent les clichés et ils ont beaucoup d’auto-dérision ! Le culot n’a rien à leur apprendre. Pourtant, c’est un public d’une grande sensibilité et d’une immense finesse. L’âme de la ville plane sur eux. Il y a, de toute façon, un truc magique ici ! Le choc entre l’aspect « sauvage » de la ville et la gentrification de ses quartiers donne finalement une harmonie superbe.

CG

_Marie s’infiltre – Culot en tournée le 2 juin 2023 à Marseille
Billetterie
Cepac Silo

Image en une : @Pierre et Florent