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Mais quel pays ! Gustave Fayet dessine la Provence de Mirèio, jusqu’au 21 septembre

Qu’une œuvre écrite dans une langue régionale dépasse le cadre de l’exercice de style… c’est rare. Qu’elle vaille à son auteur un prix Nobel de littérature et devienne culte, c’est extraordinaire. C’est pourtant le cas de Mirèio, poème (pouèmo !) de Frédéric Mistral entièrement écrit en provençal et publié en 1859. Une histoire d’amour contrariée entre deux jeunes provençaux de milieux différents, qui voit la jeune fille, Mireille, fuguer à travers la Camargue et arriver complètement cuite (littéralement, le soleil tape dur) aux Saintes-Marie-de-la-mer, où elle succombe, comme toutes les pauvres filles de la littérature du xixe siècle, qui décidemment n’était pas tendre avec la gent féminine. C’est un peu raide de résumer ainsi l’intrigue, mais il faut dire qu’au-delà de son aspect tragique, il s’agit surtout d’évoquer les paysages, la culture, les mythes et autres légendes de la Provence sur fond d’épopée sociale.

Un cadre narratif qui se prête parfaitement à l’illustration, et c’est là que Gustave Fayet entre en scène. Pour le centième anniversaire de la mort du dessinateur, mécène, viticulteur, collectionneur… multitasking languedocien, le Museon Arlaten (fondé par Frédéric Mistral lui-même) consacre une superbe exposition à son travail d’illustration du poème mistralien, objet de sa fascination dans les Années Folles. On découvre, dans une scénographie signée Christian Lacroix, un dessin splendide, moderne, à la fois détaillé et épuré (on ne saurait s’expliquer ce paradoxe, et on n’en a pas envie, parce que c’est là que la magie opère), à mi-chemin entre Gustave Doré et les estampes japonaise de l’ukiyo-e, avec un soupçon de Van Gogh et d’Odilon Redon.

C’est à n’en pas douter la bonne surprise culturelle de cet été !

Muséon Arlaten, 29 rue de la République, Arles
www.museonarlaten.fr/
Plein tarif : 8 € ; tarif réduit : 5 €