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Géraldine Pailhas, Le jeu et la grâce

L’actrice originaire de Marseille est saisissante en mère de famille aussi rigide que complexe dans Les Saisons, la brillante série réalisée par Nicolas Maury. Un rôle aux antipodes de cette comédienne lumineuse qui partage sa vie depuis de nombreuses années entre Paris et la Cité Phocéenne. À voir dès le 11 novembre sur Arte.tv !

TM : Qu’est-ce qui vous a séduite dans ce projet ?
Géraldine Pailhas : Le fait de travailler avec Nicolas Maury. Nous nous étions croisés quelques fois mais je ne pouvais pas dire que je le connaissais vraiment. Lorsqu’il m’a fait parvenir le scénario des Saisons, j’ai découvert une histoire magnifique. J’ai ressenti un souffle commun avec son univers. Pendant la préparation de la série puis lors du tournage, nous avons été étroitement liés (Nicolas Maury joue le mari du personnage qu’interprète Géraldine Pailhas dans Les Saisons, ndlr). Nicolas est quelqu’un que j’ai eu envie de suivre. Tourner dans cette série a été comme un rêve.

TM : Votre personnage, Suzanne, n’est pas très sympathique de prime abord. Elle est assez dure avec sa fille. Pourtant, elle se révèle plus complexe qu’il n’y paraît…
GP : C’est une femme qui est très fédératrice. On l’écoute. Elle porte avec elle sa maison et tous ses proches. Il y a cette idée que si elle s’effondre, tout s’écroule. J’ai beaucoup aimé interpréter ce personnage qui est perpétuellement dans le contrôle mais dont l’autorité ne fonctionne pas toujours. À mesure que la série avance, elle devient d’ailleurs un peu plus vulnérable et c’était passionnant à jouer. 

TM : La série s’étire sur une période de plus de trente ans. Comment interprète-t-on justement un personnage sur un laps de temps aussi long ?
GP : C’est un mélange de plusieurs choses. Bien sûr, il y a le maquillage et une bonne dose d’artifices. Mais c’est également un travail sur le corps. Avec l’âge, l’allure et la silhouette changent. Suzanne est une femme qui se laisse peu à peu gagner par l’amertume et qui garde, quoi qu’il arrive, sa fierté. Je ne voulais pas l’épargner. Sans trop en révéler, je peux quand même dire que dans le dernier épisode, le temps a eu des effets sur elle.

« Marseille, c’est mon berceau »

TM : Ce n’est pas la première fois que vous tournez dans une série. Ces dernières années, vous avez notamment joué dans Marseille, OVNI(s), Bardot… Qu’est-ce qui vous attire, en tant qu’actrice mais aussi spectatrice, dans ce genre ?
GP : Même si je suis cinéphile, je suis une grande consommatrice de séries. Récemment, j’ai adoré Empathie et Task avec Mark Ruffalo. Dans mon métier de comédienne, c’est assez stimulant d’interpréter un personnage dans une série, avec une durée qui est évidemment plus longue que celle d’un film. Je viens récemment de terminer le tournage d’une prochaine production Netflix (GIGNréalisée par Julien Leclercq, ndlr) où je joue le rôle d’une enquêtrice. Dire que je ne me suis pas ennuyée est un euphémisme !

TM : Votre actualité, c’est également la comédie Baise-en-ville de Martin Jauvat, qui sort au mois de janvier. Le film est aux antipodes des Saisons ! On en parle ?
GP : J’avais beaucoup aimé le premier long-métrage de Martin Jauvat (Grand Paris, ndlr). Là, c’est encore plus maîtrisé, tant au niveau du scénario que de la mise en scène. Non seulement c’est un jeune réalisateur talentueux mais également un acteur incroyable. Je joue sa mère dans le film aux côtés de Michel Hazanivicius qui interprète son père. C’était une très belle expérience de cinéma.

TM : Vous êtes née à Marseille, ville dans laquelle vous avez grandi, où vous vous êtes mariée et où vous avez même tournée la bien-nommée série Marseille. Aujourd’hui, quel est votre lien avec cette ville ?
GP : Marseille, c’est mon berceau. J’aime y retourner dès que possible pour voir ma mère, ma sœur et d’autres membres de ma famille. C’est une ville dans laquelle je me sens chez moi. Chaque fois que je viens, je me dis que c’est vraiment dommage que je n’y vive pas à l’année. Peut-être un jour !

TM : Avez-vous une adresse fétiche ou un coin incontournable dans cette ville ?
GP : Il y en a beaucoup mais je reste une inconditionnelle de la Cité Radieuse. Ma mère habite à deux pas de cet endroit fascinant que je fais volontiers découvrir à des amis lorsqu’ils arrivent à Marseille pour la première fois. Quand je me suis mariée, mes invités ont d’ailleurs eu droit à leur petite visite. Ce bâtiment, unique en son genre, c’est mon temple.

TM : Si vous deviez définir Marseille en 3 mots, ce seraient lesquels ?
GP : Marseille, c’est un beau cocktail de lumière, de splendeurs et de souvenirs. C’est de cette manière que je vois et continue à voir cette ville que j’aime tant.

Encadré : Les Saisons, entre douceur et mélancolie

De 1991 à 2022, la vie d’une femme et de deux hommes amoureux d’elle, au fil des saisons et des grandes étapes de l’existence. Pour sa première série en tant que réalisateur, le comédien Nicolas Maury signe une fiction élégante et poignante qui n’est pas sans rappeler le cinéma d’Éric Rohmer. La belle surprise télévisée de cette fin d’année.

L’actualité de Géraldine Pailhas
Les Saisons, à partir du 11 décembre sur Arte.tv. Diffusion sur Arte le 18 décembre
Baise-en ville de Martin Jauvat, en salles le 28 janvier
GIGN, en 2026 sur Netflix