Marseille
02 May, Thursday
10° C
TOP

Leroy & Rose, american dream en Provence

Enrichi d’une tranche de vie d’un quart de siècle en Californie, Melchior Lamy est rentré au pays, n’oubliant pas dans sa valise son agence d’image de marque, Leroy & Rose, née dans un garage de Los Angeles. Une naissance qui ressemble aux prémices légendaires de certaines multinationales, pour une société désormais présente en Californie, à Londres et depuis cette année, à Aix-en-Provence.

ToutMa : Que vient faire Aix-en-Provence dans votre success story ?
Melchior Lamy : J’ai grandi ici, puis je suis parti étudier à Paris, et c’est seulement à 22 ans que j’ai eu une révélation : je voulais développer ma fibre artistique. J’ai intégré Penninghen sur le tard (une école parisienne d’architecture intérieure, de communication et de direction artistique) et un cursus de cinq ans m’a permis d’exprimer ma passion pour le design et le graphisme. Une fois diplômé, je me suis envolé vers Los Angeles pour rejoindre un ami. Trois jours plus tard, j’avais déjà une offre d’emploi ! J’ai d’abord été designer freelance, puis directeur artistique jusqu’en 2012, année de création de Leroy & Rose. Tout a commencé dans une chambre, avant de grandir dans un garage de Pacific Palisades, une fois que l’équipe s’est agrandie. Et quand l’activité de l’entreprise est devenue vraiment importante, Leroy & Rose s’est installée dans des locaux à Santa Monica.

TM : Leroy & Rose, c’est quoi au juste ?
ML : Notre métier consiste à créer l’image de marque d’un film ou d’une série, le key visual, l’image clé qui va circuler et être déterminante dans les campagnes de promotion, sur les réseaux sociaux, la publicité print ou Web. On peut décliner ensuite des animés, des bandes-annonces ou des spots de promotion, mais à 90 %, notre ADN, c’est la création d’affiches de films. L’agence a commencé fort, tant auprès des studios hollywoodiens que des grosses plateformes productrices de séries, pour entrer avec le temps dans le top 10 californien des agences de création d’images pour l’industrie cinématographique. Pour vous donner une idée de nos créations, il s’agit des affiches de la série The Walking Dead, ou encore des Huit Salopards de Tarantino.

TM : 50 employés et 4 enfants plus tard, vous faites donc votre come-back dans votre ville natale.
ML : Je voulais rentrer en France, pour plein de raisons. Dans nos métiers créatifs, la géographie n’a pas vraiment d’importance. Et c’est évidemment l’occasion de nous implanter sérieusement dans l’Hexagone et en Europe. Notre première affiche française a été celle du film La Chambre des merveilles de Liza Azuelos avec Alexandra Lamy. Puis, Visions, de Yann Gozlan, avec Mathieu Kassovitz et Diane Kruger, a été un véritable accélérateur pour l’activité française de l’agence. Sur cinq affiches sorties, on en a créé quatre. C’est une affiche qui a fait beaucoup de bruit, qui se démarque vraiment de ce qui se fait en France, et ça a été un gros coup de pub pour l’agence. Il faut savoir qu’ici, les professionnels du cinéma sont réellement passionnés, contrairement aux « States », où c’est le business qui prime… Cette affiche a fait parler de nous, les gens voulaient savoir qui était derrière cette création si différente.

TM : L’avenir français de Leroy & Rose se présente donc sous les meilleurs auspices ?
ML : Oui, aussi grâce à l’affiche du film Une Nuit d’Alex Lutz, en sélection officielle au Festival de Cannes cette année. Être visible à Cannes est toujours un excellent coup de projecteur, et l’année prochaine, on aura certainement plusieurs affiches de films sélectionnés, vue l’allure à laquelle l’activité se développe sur le territoire. En Europe, nous travaillons notamment avec Netflix Espagne, la chaîne de télé britannique Sky… Et notre prochaine affiche française sera celle du film La Tresse, adapté du livre de Laetitia Colombani (et dirigé par elle), qui sort ce mois-ci. L’agence tourne toute seule en Californie ; on a également un bureau à Londres pour créer un relais avec l’Europe anglophone, et me voilà de retour chez moi, auprès de ma famille, et des amis d’enfance que j’ai retrouvés. Pour moi, la boucle est bouclée : mes enfants apprennent enfin le français !

leroyandrose.com

Photo en Une : Portrait Melchior Lamy, © Bazil