Emmanuelle COSSO, la valse des mots
Romancière, scénariste, autrice du spectacle musical Entrez dans la légende qui a réuni 400 artistes sur la scène du Dôme de Marseille au mois de juin, Emmanuelle Cosso n’a pas peur des nouveaux défis. Dans son dernier roman, La Dernière Mort d’Éric Muller (Fayard), elle évoque sans tabou le thème du suicide assisté. Tête-à-tête avec une femme qui fait danser les mots.
Elle vit à mille à l’heure, fourmille de projets, entre Paris et Marseille où elle partage son temps. C’est pourtant dans la cité phocéenne qu’Emmanuelle Cosso aime se ressourcer. « Je suis une vraie Marseillaise. J’ai grandi à Mazargues, dans le neuvième arrondissement. Même si je suis venue vivre à Paris, mon cœur est resté dans cette ville que j’adore pour son ambiance, son climat, sa nature, ses habitants », déclare, non sans un certain enthousiasme, celle qui a publié il y a quelques mois La Dernière Mort d’Éric Muller chez Fayard. L’histoire, bouleversante, d’un homme ayant décidé de mourir plutôt que de souffrir. Le suicide assisté lui apparaît comme la seule issue possible. Mais avant de partir, ce sexagénaire demande à une jeune autrice, Blanche, d’écrire son histoire. Une mission que cette écrivaine de l’ombre, travaillant comme ghostwriter pour diverses célébrités, va accepter, sans se douter du lourd secret de famille qu’elle va petit à petit découvrir… Un vrai page turner qu’il est difficile de lâcher, une fois commencé. « J’ai vraiment voulu qu’il y ait beaucoup de suspense dans mon récit. Il est question d’un gros secret de famille autour de ce personnage d’Éric Muller et je souhaitais que le lecteur soit totalement captivé », explique cette grande admiratrice de Balzac, « dont les livres sont addictifs tout en chroniquant à merveille une époque ».
Tiré d’une histoire vraie
Dans La Dernière Mort d’Éric Muller, Emmanuelle Cosso s’intéresse donc à l’un des plus importants sujets de société de ces dernières années : le droit à mourir dans la dignité. Ébranlée par les débats autour de l’euthanasie, la romancière a eu le déclic en découvrant l’histoire d’un homme condamné par la maladie qui avait décidé d’en finir avec la vie : « La mort était sa seule solution. Il s’était donc rendu dans une clinique spécialisée à Bâle, en Suisse, pour mourir mais au dernier moment, il s’était ravisé. Ce rendez-vous manqué avec la mort, il l’a eu à six reprises avant finalement de sauter le pas la septième fois. Plusieurs questions se sont alors posées à moi. À quel moment peut-on faire le deuil de soi-même ? Qu’est-ce qui fait que l’on est prêt ou non à en finir avec la vie ? J’y ai vu une excellente matière de départ pour un roman. D’autant plus que c’est un sujet dont on parle assez peu en littérature ».
Un travail de plusieurs années
Pour nourrir son récit, cette grande lectrice, qui a gardé ses habitudes à la librairie Prado Paradis, s’est énormément documentée. Parmi les lectures qui ont été importantes pour elle, elle cite pêle-mêle, Le Tout Dernier Été d’Anne Bert, témoignage poignant d’une femme atteinte de la maladie de Charcot, mais également Tout s’est bien passé d’Emmanuèle Bernheim. La phase de recherches, nécessaire pour un tel sujet, a été longue. « J’ai eu l’idée du livre en 2016. Mais je ne pouvais pas me lancer dans l’écriture, sans avoir effectué un travail de documentation préalable qui a pris plusieurs années. J’ai pris beaucoup de notes sur le fonctionnement des soins palliatifs », souligne la scénariste (Monsieur Papa de Kad Merad, 2011) qui imagine totalement son histoire adaptée sur grand écran : « Je pense qu’il y a vraiment matière à en faire un film. Plusieurs acteurs feraient d’ailleurs un Éric Muller très crédible. Il y a un aspect romanesque dans mon livre qui pourrait se transposer au cinéma ».
En attendant une éventuelle adaptation, Emmanuelle Cosso fourmille de projets et fera cet été le tour des festivals littéraires. Notamment « La Ruche des mots » et le Salon du livre de Riez-la-Romaine (Alpes-de-Haute-Provence), qui se tiendra les 3 et 4 août. « J’aime beaucoup y venir. Impossible de ne pas s’arrêter à la libraire Jaubert où le patron a toujours d’excellents conseils de lecture », fait remarquer l’écrivaine passionnée. Nul doute que ses (nombreux) lecteurs suivront ses recommandations !