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Apophénie, expo FRAC SUD jusqu’au 24 mars

Le 3 février, le Frac Sud a inauguré l’exposition Apophénie, dont le commissariat et la scénographie ont été confiés en carte blanche à des étudiants de l’Université Panthéon-Sorbonne (Paris) et du Pavillon Bosio (Monaco). En rupture avec notre ère de fait établi et d’immédiateté, Apophénie s’attarde sur la subtilité des instants transitoires, que l’on ignore habituellement, pour imposer, justement, que l’on s’attarde à notre tour sur leur ambivalence. 

Les œuvres de l’exposition, issues des collections du Frac, témoignent d’un travail du temps sensible à la poésie difficilement dicible. On notera une sculpture de Bianca Bondi, qui vit dans son écrin de sel, ni fraîche, ni fanée. À côté, des vidéos de Michel Blazy qui se répondent entre-elles dans un mouvement perpétuel, semblant n’avoir ni commencement, ni fin. L’érosion du sujet photographique, chez Isabelle Giovacchini, et l’érosion de la matière-même de l’œuvre, chez Linda Sanchez ou Dominique de Beir, complètent ce discours d’un mouvement sensible vers un « après ». Pourtant, cet après importe peu : Apophénie dévoile le « comment », pas le « pourquoi », du temps qui passe, dans une sempiternelle impermanence. 

Articulées de façon organique dans l’exposition, ces œuvres forment ensemble comme un genre de memento mori où le « memento » prendrait le pas sur le « mori ». Il s’agit de regarder la métamorphose du présent, dans un temps résolument présent, pour comprendre ce qui est, plutôt que de tomber dans le travers contemporain du résultat à tout prix. Apophénie est une bulle à la fois suspendue et ancrée dans le temps qui offre une expérience singulière et poétique. MD

FRAC SUD 20 boulevard de Dunkerque, Marseille 2e   
www.fracsud.org

En une : © Maud Darbois
Photo 1 : Bianca Bondi,Bloom (Age of Uncertainty),détail de l’œuvre, 2022 © Adagp, Paris, 2023.Crédit photographique : Cyril Boixel. Collection Frac Sud – Cité de l’art contemporain