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Zita HANROT, sagesse et… sensualité

En quelques années, la très belle Zita Hanrot a largement confirmé son talent, révélé au grand public en 2016 par un César du meilleur espoir féminin. Une comédienne originaire de Marseille que l’on suit pas à pas. On l’a revue pour faire le point sur sa carrière, en 2018, apprécier son talent dans Carnivores ou La fête est finie. Puis on s’est amusé à l’observer dans la joyeuse bande de Plan cœur, la série française à succès sur Netflix, et surtout, on a adoré La Vie scolaire. Zita, on le voit bien, s’est créé une famille de cinéma, tout en sachant s’en écarter pour gagner en expérience. Et plus récemment, elle est devenue maman, un rôle qui l’a transformée en profondeur, faisant d’elle une femme accomplie à la sensualité éloquente, plus que jamais désirable dans la vie comme à l’écran…

ToutMa : Depuis notre dernière rencontre, il y a eu 3 saisons de la série Plan cœur avec des épisodes rapprochés en termes de tournage. Ton bilan de cette expérience ?

Zita Hanrot : J’avais très envie de faire de la comédie juste après tous mes films dramatiques. Et j’étais très curieuse de voir si j’en étais capable, car ça me semblait beaucoup plus difficile… Alors que j’aime beaucoup faire rire dans la vie ! Et j’avais aussi très envie de faire quelque chose qui touche un plus large public, comme le permet Netflix. Je me suis beaucoup préparée pour le rôle d’Elsa, pour que ce soit crédible, pour qu’elle me ressemble et à la fois qu’elle soit différente. Il fallait qu’elle semble naturelle. Noémie Saglio laisse beaucoup de place à ses actrices et assez vite, j’ai compris comment la faire rire. Le truc le plus important à trouver, c’est souvent comment faire rire l’autre… Par exemple, toutes les parties « Boby Lapointe » chantées, c’est moi qui les ai apportées et bingo, c’était gagné ! Partager le même humour, c’est fondamental. J’ai aussi appris la légèreté dans le jeu, le rire, le sourire. Et c’est très agréable… On n’a jamais eu à forcer le trait.

TM : On dit aussi que tu es apparue dans la série américaine Love, Death and Robots. Un mot là-dessus ?

ZH : Curieusement, j’ai été très étonnée par la réputation de la série. Moi-même, je ne la connaissais pas. Auprès des plus jeunes, rien d’étonnant, mais en vérité, elle touche aussi un public plutôt « intello ». J’ai des amis très branchés en réalité virtuelle et très admiratifs que je puisse intégrer une série pareille, produite par David Fincher… quand même (rires) ! Pour moi, ça suffisait d’ailleurs, j’adore ce qu’il fait. Le plus amusant, c’était de jouer en anglais, car curieusement, ma mère ne me l’a pas appris quand j’étais petite*. On a tourné durant une semaine à Paris, juste après le confinement, et c’était vraiment intéressant à faire car j’ai réalisé à quel point j’aimais jouer avec des gens venant d’autres pays…

TM : Aujourd’hui, tu es devenue maman, peut-être le plus beau des rôles ! Ça change ta vie d’actrice ? Ton regard également, sur les films que l’on te propose ?

ZH : Ça change ma vie de femme avant de changer ma vie d’actrice, et plus concrètement sur le temps disponible… car ma fille n’est pas gardée non-stop, et cela cloisonne davantage ma vie de femme et de mère. Avant, il n’y avait pas vraiment de frontières. Par exemple, aujourd’hui, quand j’ai un rendez-vous professionnel, je le savoure tout autrement. En fait, en devenant parent, on réalise à quel point le temps est précieux. Le quotidien aussi a retrouvé une énergie. Un enfant, c’est très énergisant ! Finalement, même si on est très fatigué avec mon compagnon, on a aussi l’impression de rajeunir… mais avec beaucoup plus de cernes (rires) ! Et plus sérieusement, pour une actrice, avoir un enfant n’est pas anodin. Son corps est aussi son outil de travail. Et pour moi, avec le film À mon seul désir, c’était très concret. Quand tu attends un enfant, il faut avoir prévu de lui laisser la place au moins pendant neuf mois… mais en vérité, c’est plutôt le double (rires) !

TM : À mon seul désir est un film très original d’emblée, puisqu’il se déroule dans l’univers des stripteaseuses et du théâtre érotique. Qu’est-ce qui t’a séduite dans ce scénario ?

ZH : Justement, je pense que quand tu es une actrice « issue de la diversité », je n’aime pas cette expression mais c’est quand même vrai, on a tendance à ne te proposer que des films à caractères sociaux. Et moi, je pense que je vaux mieux que ça (rires). Mon talent peut s’exprimer ailleurs. J’avais envie de raconter autre chose de la femme, et la question du désir, de l’amour, de la sexualité s’est imposée. Dans la vie, c’est quand même une question essentielle ! Et puis, j’avais adoré Fidelio de Lucie Borleteau, avec Melvil Poupaud et Ariane Labed. Je rêvais de travailler avec cette réalisatrice. Elle m’avait contactée pour Chanson douce mais finalement, c’est Leïla Bekhti qui a eu le rôle. Et juste avant la Covid, Lucie m’a proposé le scénario d’À mon seul désir en disant : « J’ai écrit un rôle pour toi ». La décision n’a pas été simple à prendre… J’étais hyper perplexe par rapport à la nudité. Je ne comprenais pas le cœur du sujet. Le confinement m’a donné le temps de la réflexion, et en relisant plusieurs fois le scénario, le personnage de Mia a fini par me toucher, par la grâce et le mystère du désir, mais aussi de l’amour, et par le courage qu’elle a de le mettre en scène…

TM : Comment as-tu réagi à la première projection ? Aimes-tu te voir à l’écran ?

ZH : C’est marrant, à la première projection, j’étais déjà bien enceinte. J’ai eu une projection toute seule pour découvrir le film en toute tranquillité. Et c’était très bizarre de me voir dans ce rôle que finalement j’avais aimé interpréter, avec un corps complètement transformé et un état d’esprit tellement différent ! J’ai revu le film une deuxième fois (ce qui est très rare car je ne passe pas mon temps à me regarder) avec un réel détachement, comme si ce n’était pas moi, cependant avec une vraie admiration pour le personnage…

TM : Le film sort en salle le 5 avril prochain. Une appréhension quelconque ?

ZH : Oui, forcément, comme pour tous mes films d’ailleurs… En toute honnêteté, je sais que je ne vais pas forcément le conseiller à mes grands-parents (éclat de rire).

À MON SEUL DÉSIR
au cinéma le 5 avril 2023

*NDLR : Sa maman, Sharon Tulloch, est britannique d’origine jamaïcaine.

© Photos : Sabine Villard