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Pharaon, Osiris et la momie

Le musée Granet possède en effet une extraordinaire collection d’objets issus du patrimoine historique de l’Égypte ancienne. Conservés depuis toujours entre ses murs, ils n’ont que rarement été présentés au public, leur dernière sortie datant d’il y a vingt-cinq ans. Le timing se prête particulièrement à une exposition d’envergure, à l’approche du bicentenaire de la découverte des hiéroglyphes par Jean-François Champollion (1821-1822), découverte qui marqua l’avènement d’une nouvelle discipline scientifique, l’égyptologie. La ville d’Aix-en-Provence s’est donc associée à de grands musées français et européens pour présenter, au public, dans son intégralité, sa collection augmentée d’objets inédits prêtés par d’autres institutions muséales. Sous le commissariat de Christophe Barbotin, conservateur général du patrimoine au département des Antiquités égyptiennes du Louvre, et de Bruno Ely, conservateur en chef du musée Granet, les 153 objets qui composent la collection historique de Granet, auxquels s’adjoignent une cinquantaine de prêts extérieurs, raviront l’imagination de toutes les générations. Parmi les pièces exposées, certaines s’illustrent tout particulièrement par leur caractère monumental et par la rareté de leurs apparitions : deux magnifiques bas-reliefs contemporains de la grande pyramide de Khéops, plusieurs stèles de premier ordre, un sarcophage et sa momie, l’extraordinaire momie d’un varan du Nil, mais aussi, grâce à la participation du Louvre, un colosse de deux mètres de hauteur représentant une statue royale de la lignée des Ramessides (entre 1292 et 1070 av. J.-C.). Pour ce tour de force, le musée Granet a pris le parti de consacrer à l’exposition pas moins de 300 m2 de son rez-de-chaussée, répartis en trois salles définies par les thématiques suivantes : les grands collectionneurs aixois (salle 1), Pharaon, Osiris et les dieux (salle 2), et enfin la tombe (salle 3). Cette organisation met l’accent sur le rôle joué par la ville d’Aix-en-Provence dans la constitution d’un patrimoine historique égyptien. En plus des pièces de premier ordre qu’elle nous permet de découvrir, l’exposition nous livre une page d’histoire de la ville assez largement méconnue, celle du règne des grandes figures publiques doublées de collectionneurs d’antiquités. Parmi elles, J. F. P. de Fauris de Saint-Vincens (magistrat et homme politique aixois du XVIIIe siècle), J. -B. Bourguignon de Fabregoules (maire de Septèmes-les-Vallons de 1790 à 1816), François Sallier (maire d’Aix de 1802 à 1806) ou encore le peintre néoclassique aixois qu’on ne présente plus, François Marius Granet. Cette période, qui prend tout son essor avec la campagne d’Égypte de Bonaparte, se poursuit bien au-delà, la terre des pharaons étant devenue un mythe à perpétuer autant qu’un enjeu politique. L’exposition continue au premier étage du musée où la scénographie cherche à doubler les œuvres monumentales d’un volet plus ludique. Grâce à des dispositifs numériques, toutes les générations de visiteurs sont sensibilisées aux grandes questions de l’égyptologie antique avec, notamment, la question de la vie après la mort et de la momification, pierre angulaire des croyances religieuses de l’Égypte antique. Enfin, cette exposition s’intègre à une véritable saison égyptienne pendant laquelle sont proposés des cycles de conférences et de films ainsi que des lectures de textes anciens. De quoi, en somme, entamer la rentrée culturelle sur un chapitre incontournable de l’histoire de l’humanité.

de Romain Bony-Cisternes

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