
Oxana de Charlène Favier, En salle le 16 avril
Après nous avoir éblouis avec son glaçant, mais élégant, Slalom, la cinéaste marseillaise Charlène Favier nous revient avec un deuxième long-métrage qui s’attache à retracer la vie (trop courte) de l’artiste ukrainienne Oxana Schachko, co-fondatrice des Femen. Plutôt que de s’attaquer directement au phénomène de société et à ses divers aspects socio-historiques, Charlène Favier fait le choix strict du biopic : le féminisme, la camaraderie, les actions d’éclat, les violences (celles du KGB en tête), l’exil, les dissensions au sein du groupe, voire la trahison d’Inna Chevtchenko, figure publique la plus connue du mouvement, ponctuent un récit qui reste centré sur le personnage de l’artiste aux ferveurs déçues. La photographie est remarquable, comme c’était déjà le cas dans Slalom, avec une dimension particulière donnée aux clairs-obscurs, qui résonnent pleinement avec les icônes peintes par Oxana, dans lesquelles la lumière rivalise avec les ténèbres, métaphore d’une vie tragique qu’incarne avec brio Albina Korzh. L’actrice, aux yeux d’un bleu irréel (on pense à la fascination qu’exercèrent sur son public ceux de Delon), personnifie tantôt une détermination sans pareille, tantôt un désespoir incommensurable. On regrette cependant, sur l’ensemble du film, un petit déficit en termes de figuration (les décors sont souvent un peu vides ce qui n’aide pas à saisir l’ampleur du mouvement), qui a tout de même le mérite de renforcer l’impression d’isolement et d’abandon du personnage principal. Finalement, le film nous séduit par l’interprétation touchante des comédiennes (on a même le plaisir de revoir Noé Abita), son esthétique vraiment au service des tourments des personnages et l’audace avec laquelle il adresse à Poutine, un doigt d’honneur plein de panache !


En salle le 16 avril
De Charlène Favier
Avec Albina Korzh, Maryna Koshkina, Lada Korovai
1h43
© Photos : Rectangle Productions – 2.4.7. Films – Hero Squared – France 3 Cinéma – Tabor Ltd