Le bestiaire engagé d’Aurélien Raynaud , « Je veux avant tout émerveiller »
Le grizzli en grillage grandeur nature impressionne, mais ne peut éclipser les autres protagonistes de la galerie : le buste de gorille surgi d’un amas de scotch, la chouette en papier, le serpent en acier forgé, les renards peints à l’huile… Ici, marbre, cuivre, argile et bois prennent la forme de rapaces, raies Manta, loups et autres primates. Difficile d’imaginer que le saisissant bestiaire qui peuple la Wildlife Art Gallery soit l’œuvre d’un même artiste. Et pourtant, Aurélien Raynaud a dessiné, peint, sculpté, modelé, ciselé, façonné chaque animal de ce monde merveilleux, une représentation de la vie sauvage dans laquelle il nous invite à la contemplation.
Une vocation née dans le cocon familial
« Je n’avais pas une personnalité scolaire, et à l’âge de 14 ans, mes parents ont accepté de me déscolariser. Mon père était un grand décorateur ; comme j’avais un attrait pour le dessin, j’ai eu la chance de bénéficier de l’enseignement privé d’un professeur de l’école Boulle ». Aurélien a appris les rudiments de la philosophie, de l’Histoire de l’art, du dessin… Puis la plume, l’aquarelle, la gravure… Avant de se lancer en autodidacte dans l’exploration de la peinture à l’huile, la sculpture, le fusain, ou encore, le pastel. Devant une telle palette de talents, l’artiste nous surprend par son humilité : « Ce que je fais, tout le monde peut le faire, il y a 5% de magie, et 95% de travail. Mais bien sûr, au départ, il y a une croyance. Soit on a la foi et on va jusqu’au bout, malgré les doutes. Soit on abandonne. Quand on a envie de créer, on n’a pas besoin de beaucoup de technique ni de matériaux chers. C’est une question de foi. »
Représenter le monde animal : une prédilection autant qu’un engagement
Aurélien a grandi à la campagne, entouré d’animaux au quotidien, qui se sont très vite invités dans ses croquis. Dès ses débuts d’artiste – il vend sa première œuvre à 19 ans – il s’engage pour la cause animale, persuadé que son combat doit passer par la dénonciation. Avec le temps, il a choisi de séduire, plutôt que culpabiliser ou choquer, il a compris que le message devait passer par la séduction. « L’Homme a une vision tronquée du monde animal. Il ne le connaît pas tant qu’il ne le rencontre pas dans son biotope, bien différent de ses représentations. Le loup en est un très bon exemple : il a été exterminé par ignorance, voire superstition ! L’Homme veut tout contrôler, dominer, mais la nature a des règles immuables. Avec un animal sauvage, la sanction est immédiate. Il en est de même pour l’animal domestique : il n’est pas soumis, il s’adapte à nous, il nous tolère, à l’image du cheval qui est un partenaire, et non un esclave. »
L’arche d’Aurélien
Végétarien depuis de nombreuses années, Aurélien vit en totale osmose avec la nature. Il habite toujours dans la maison de son enfance, entouré de tous les animaux qui croisent son chemin, comme le gros cochon que lui a confié le service de protection animale de la Ville d’Aix-en-Provence, faute de lieu d’accueil. Il a longtemps été accompagné par un singe, compagnon qui lui manque beaucoup… Et ses chiens, ses ânes, ses poules vivent à ses côtés. La vie et l’œuvre de l’artiste sont intimement liés et il est rare de rencontrer une personnalité aussi cohérente et aboutie. A l’image de son travail qui, comme il le dit si bien, « sert à représenter quelque chose qui est appelé à disparaître ».
Wild Art Gallery 18, rue Constantin – Aix-en-Provence
www.aurelien-art.com