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Kofs, Grave organisé !

Très jeune, comme beaucoup de Marseillais, Foued Nabba dit Kofs découvre le rap avec IAM ou La Fonky Family. Il commence à rapper à l’âge de 16 ans, remarqué sur le web grâce à sa voix rauque et particulièrement grave.

Plus tard il fonde avec Naps et Sahim, le collectif Click 11.43.

En 2016 il débute au cinéma en jouant l’un des premiers rôles dans le film Chouf de Karim Dridi alors qu’il était initialement choisi pour faire la musique du long-métrage. Le réalisateur fut simplement séduit par le charisme naturel de Kofs. Musicalement, il accède à la notoriété en 2018, avec V, son tout premier album.

L’année 2020 est décisive pour lui, déjà avec la sortie de son 2e album Santé & Bonheur (nom de son futur label), et surtout grâce au tube phénoménal de Bande Organisée en collaboration avec Jul, SCH, Soso Maness, Naps, Soldat, Houari et Elams, extrait de l’album 13’Organisé, réunissant tous les meilleurs rappeurs marseillais, toutes générations confondues, sous l’égide de JUL.

Côté cinéma, en plus d’être apparu dans BAC Nord de Cédric Jimenez, il enchaine des rôles dans des programmes Netflix, la plus récente étant la série Pax Massilia d’Olivier Marchal.

Le 19 janvier dernier, KOFS débarque avec son 4e album Après minuit, un très bon opus sans feat où il se livre davantage dans un rap marseillais plus originel. Rencontre…

TM : Ton album se nomme Après minuit : pourquoi ?
Kofs : Parce que tout se passe après minuit. Avec mes amis, quand on se voit c’est souvent après minuit. Tou ce qui se passe en journée, c’est du temps que tu consacres à la famille. Et puis, quand il y a des problèmes tu les règles après minuit.

TM : Pour accompagner l’arrivée de l’album, tu réalises et joues dans une web-série qui s’appelle également Après minuit. C’était quoi l’idée ?
Kofs : L’idée déjà c’était de kiffer, faire un truc que j’aime, de réaliser, de pouvoir mettre en image l’histoire que j’avais en tête et de montrer mes compétences de réalisateur, de prouver que je sais gérer un tournage, même si j’ai évidemment encore beaucoup de travail….

TM : Pourrais-tu me nommer quatre artistes qui t’ont influencé ? 
Kofs : Je pense à Jamel Debbouze, qui disait « Si vous croyez en ce que vous faites, faites-le jusqu’au bout et ça marchera, je ne connais aucun travailleur qui n’est pas payé » c’est une phrase de Jamel que j’avais kiffée et enregistrée dans ma tête pour en arriver là où j’en suis aujourd’hui.

En deuxième, Samy Naceri, un mec de banlieue qui commence avec des films comme Raï et qui finit par faire des films comme Taxi, ou La Mentale avec un jeu d’acteur magnifique. C’est une personne qui m’a beaucoup influencée. C’est quelqu’un qui a malheureusement sombré. Il a connu le succès très jeune, c’est l’un des premiers mecs de cité qui a eu une carrière aussi fulgurante. Tout le monde sait à quel point ça peut être difficile de gérer ça, donc au lieu de le mettre à terre, il faut lui rappeler ce qu’il a fait pour le cinéma, et pour les jeunes de banlieue à qui il a prouvé que même en bas des tours, on peut monter haut. Quand je vais au festival de Cannes, j’ai toujours une pensée pour lui, il nous a montré le chemin et on a suivi. Je lui suis à jamais reconnaissant : peace, love et robustesse Samy.

Ensuite, dans le rap il y a Alonzo, en plus d’être quelqu’un qui vient aussi des quartiers et qui a tout réussi dans la musique, il m’a surtout encouragé à croire en moi.

Et enfin la plus grande des artistes qui m’a influencé, c’est ma mère. Ma mère c’est une artiste, élever cinq sauvages à la maison, c’est de l’art ! (Rire)

TM : Retour sur « Bande Organisée » : quel a été l’impact sur ta carrière ? 
Kofs : Ça m’a fait que du bien ! l’expérience que j’ai vécu avec les collègues SCH, Jul, Soso Maness, Soldat, Houari, Naps et Elams était incroyable. On a gagné du fric (rire) je rigole, mais quand même on est 5 fois single de diamant, et on est encore la musique la plus « streamée » en France.

Mon couplet est exceptionnel aussi ! (Rire) je rigole encore une fois, mais mon couplet résonne dans toute la France, partout où je vais, les gens le connaissent et le chantent.  En concert à Marseille, à chaque fois, c’est le feu.

TM : Mais même à Paris en soirée, ton couplet est le plus chanté de tous par les petits bobos parisiens, en particulier quand tu dis « n**** ta mère sur La Canebière, n**** tes morts sur le Vieux-Port ! » (rire) c’est lunaire.
Kofs : (rire) C’est super cool, ils sont géniaux ces petits bobos, aujourd’hui ce sont eux qui ont pris le contrôle du rap, et ce qui est beau, c’est qu’ils sont passionnés. Quand ils aiment un artiste, connu ou inconnu, ils l’écoutent à fond et le soutiennent jusqu’au bout.

© Photos : Fifou