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Enzo, sous le soleil de La Ciotat

Dernier long-métrage du regretté Laurent Cantet, réalisé par son ami Robin Campillo, Enzo est un singulier portrait d’adolescent, confronté à un désir qui le trouble. Un film sensuel et solaire, filmé sous le soleil brûlant de La Ciotat, avec un jeune acteur incandescent : Eloy Pohu.

Un ciel d’un bleu azuréen et le son des cigales. Dès les premières secondes, le ton est donné. Le Sud de la France occupe une fonction essentielle dans Enzo, le dernier film de Laurent Cantet, décédé en avril 2024 des suites d’une maladie. Des paysages que le cinéaste, récompensé d’une Palme d’or en 2008 pour Entre les murs, connaissait bien puisqu’il vivait en partie à La Ciotat. C’est dans cette ville qu’il a placé l’intrigue de son ultime long-métrage qu’il n’a malheureusement pas eu le temps de réaliser. C’est son ami et collaborateur fidèle, le réalisateur Robin Campillo (120 Battements par minutes), qui a repris les rênes de ce projet sur le parcours d’un jeune maçon, issu d’une famille bourgeoise. Souhaitant échapper à l’ambiance étouffante qui a été la sienne durant toute son enfance, il trouve une nouvelle manière de s’épanouir sur les chantiers au contact de Vlad, un collègue ukrainien, qui ne le laisse pas tout à fait insensible.

À l’écran, les thèmes essentiels de l’œuvre de Laurent Cantet se retrouvent instantanément : un personnage masculin en proie au doute, la jeunesse, la naissance du désir… Comme si cet ultime film était en quelque sorte une synthèse de toute sa filmographie. Sur certains aspects, Enzo rappelle son film L’Atelier (qui suivait déjà un adolescent de La Ciotat confronté à de nombreux tourments intérieurs) mais aussi Vers le Sud (pour la rencontre de deux mondes a priori éloignés mais qui finissent par se rejoindre). Élégant sans jamais tomber dans l’afféterie, le chant du cygne de Laurent Cantet est également un grand film social. Le personnage principal se débat avec ses origines bourgeoises et un chemin qui semble tout tracé pour lui. Il rejette étrangement son milieu et semble tirer un trait sur son passé. Un mystère qui sera peu à peu expliqué à mesure que l’adolescent se retrouve troublé par l’un de ses camarades de chantier, sans qu’il arrive à s’expliquer pourquoi. Son désir augmente de manière crescendo jusqu’à une dernière scène d’une incroyable émotion.

L’une des forces d’Enzo réside dans la manière dont le film laisse place à l’interprétation des spectateurs. Rien n’est surligné ou expliqué de façon frontale. Face à la révélation Eloy Pohu (dont c’est ici la première apparition au cinéma), plusieurs seconds rôles tirent leur épingle du jeu, à l’image des parents, interprétés avec justesse par les impeccables Elodie Bouchez et Pierfranceso Favino. L’été cinématographique arrive enfin. Et l’un des plus grands films de la saison est déjà en salles. Que demander de plus ? Antoine Le Fur

Au cinéma le 18 juin
Réalisation : Robin Campillo, d’après le scénario de Laurent Cantet
Scénario : Laurent Cantet, Robin Campillo et Gilles Marchand
Avec : Eloy Pohu, Élodie Bouchez, Pierfrancesco Favino, Maksym Slivinskyi, Malou Khebizi…