
Brûle le sang, polar niçois
Premier long-métrage d’Akaki Popkhadze, ce film sombre et violent plonge le spectateur dans le milieu du grand banditisme et des règlements de compte. Un film implacable, porté par les performances habitées de Nicolas Duvauchelle et de la révélation ciné du moment, Florent Hill.
La place Masséna, la Promenade des Anglais, la Méditerranée… En seulement quelques plans, le décor est planté et le spectateur ne s’y trompe pas. Nice est bel et bien la vedette de Brûle le sang, premier long-métrage d’Akaki Popkhadze. Le réalisateur connaît assurément bien la ville puisque cela fait vingt ans qu’il y habite et qu’il la filme d’une manière assez singulière. La préfecture des Alpes-Maritimes devient ainsi le décor d’un film noir, bien loin de l’image de carte postale que le cinéma lui donne d’ordinaire. Tout commence avec l’assassinat d’un pilier de la communauté géorgienne locale. Un drame épouvantable pour son épouse et son jeune fils, Tristan, qui s’apprête à devenir prêtre orthodoxe. Leur deuil se retrouve troublé par le retour du fils aîné du défunt, Gabriel, bien décidé à laver l’honneur de la famille et à retrouver l’assassin de son père.


Brûle le sang pourrait presque être un film autobiographique. Comme ses deux personnages principaux, Akaki Popkhadze a grandi à Nice au sein d’une famille d’origine géorgienne. Son horizon se limitait essentiellement aux quartiers populaires, bien loin des casinos et des palmiers. Il y a une authenticité évidente qui se dégage de ce long-métrage, à la fois spectaculaire dans certaines séquences (à l’image de cette caméra tourbillonnant autour des personnages comme un ballet) et naturaliste sur d’autres aspects. À plusieurs moments, le polar violent laisse la place au récit quasi documentaire sur la communauté géorgienne implantée à Nice. Son fonctionnement, ses rites, ses traditions… Un part pris pertinent et jamais didactique, qui se révèle rapidement payant.
Pour donner vie à la quête de vengeance de ces deux fils, le réalisateur a bien évidemment fait appel à des acteurs géorgiens d’origine, à l’image d’Ia Shugliashvili, impeccable en veuve éplorée assistant à l’éclatement de sa famille. Mais le film vaut surtout pour les compositions habitées de Nicolas Duvauchelle et de Florent Hill dans le rôle de deux frères aux antipodes que le destin finit par réunir. Si le charisme du premier n’est plus à démontrer, celui du second (également co-scénariste du film) est une véritable révélation. Tantôt animal, tantôt flegmatique, il donne une véritable épaisseur à son personnage de jeune prêtre dont les certitudes finissent par vaciller. Avec Brûle le sang, ce jeune acteur (que l’on verra bientôt dans Le Mélange des genres de Michel Leclerc) brûle tout sur son passage.

Au cinéma le 22 janvier
Réalisation et scénario : Akaki Popkhadze, avec la collaboration de Florent Hill
Avec : Nicolas Duvauchelle, Florent Hill, Finnegan Oldfield, Denis Lavant, Sandor Funtek…
© Photos : Jean-Louis-Paris