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Ara KHATCHADOURIAN, “J’ai porté le drapeau de la paix au sommet du monde”

Gravir les sommets, courir des marathons, ramer pour une belle cause… Ce ne sont pas des images mais bien des réalités pour ce sportif qui s’est découvert sur le tard, Ara Khatchadourian. Après avoir gravi l’Everest, à l’occasion du 100e anniversaire du génocide arménien, et après avoir couru 107 marathons sur 107 jours consécutifs, le Marseillais de 59 ans effectue en ce moment même un parcours 4 000 km à la rame, sur la Méditerranée. Le « citoyen du monde », parti de la cité phocéenne fin mai, rejoindra Beyrouth à l’automne, à bord de son aviron. Rencontre à l’aube de son départ.

ToutMa : Comment avez-vous découvert l’univers du sport ? Que faisiez-vous avant ?
AK : Je suis arrivé en France à l’âge de 19 ans. J’ai fui le Liban qui était en guerre. Je suis devenu joaillier. À 40 ans, j’ai couru pour la première fois le marathon du Liban.

TM : Qu’est-ce que cela a déclenché en vous ?
AK : Cela m’a surmotivé ! Je me suis entraîné avec un ami, puis dans un club de course à pied. J’ai ensuite participé aux marathons de Paris, de Barcelone et de Marrakech… avant de gravir le mont Blanc ! Cela m’a donné le goût des sommets. J’ai enchaîné avec l’ascension du mont Ararat, qui culmine à 5 167 m d’altitude, avant de m’attaquer au Kilimandjaro. Au plus haut sommet du monde, j’ai délivré un message de paix et de reconnaissance. J’avais un devoir de mémoire envers le génocide arménien. J’ai porté là-haut le drapeau de la France, du Liban et de l’Arménie.

TM : De l’Everest à la Méditerranée, vous vous battez pour la paix. Pourquoi ?
AK : Pour tout vous dire, j’ai perdu le bout de mes orteils pour la cause ! J’ai mis un an à m’en remettre. Je suis ensuite parti de Marseille pour Erevan. J’ai couru pendant 107 jours pour porter une lettre au président turc, Recep Tayyip Erdogan, lui demandant de reconnaître le génocide arménien. Ma motivation principale est de porter mes convictions au plus haut. C’était important pour moi de dénoncer la guerre, d’encourager la paix et de faire la lumière sur certaines causes. Une fois que j’ai promis quelque chose, que ce soit à mes amis ou à des enfants malades (NDLR Il est parrain de l’association T’Cap21, qui prend soin d’enfants trisomiques), je me surpasse pour devenir un exemple.

TM : Vous êtes aussi conférencier dans les écoles. Que transmettez-vous aux jeunes qui vous écoutent ?
AK : Je veux leur donner « envie d’avoir envie ». Leur transmettre le goût de l’effort et du dépassement de soi. Le secret ? 95% de confiance en soi et 5% de sueur ! Je leur dis souvent : « Surtout, faites ce qui vous fait rêver ! » Avec T’Cap21, j’enseigne aux jeunes atteints de trisomie les pratiques du kayak, du ski et de la course.

TM : Nous sommes à l’aube de votre nouveau départ « Rowing for Peace ». Quid de ce nouveau défi ?
AK : Un marathon par jour sur l’eau, au départ de Marseille jusqu’à Beyrouth. Pendant 120 jours à la rame, je traverse plusieurs villes de la Méditerranée pour délivrer des messages et récolter des fonds pour une association au Liban, Achrafieh 2020. Tout au long de ces 4 000 km de voyage, je rencontrerai des clubs d’aviron, des ambassadeurs ainsi que les maires de chaque ville visitée. Mais aussi le prince de Monaco, pour discuter de la protection des océans ! Pendant la traversée, le public pourra soutenir le projet via une plateforme de crowdfunding, animée par l’association T’Cap21.

TM : Comment financez-vous vos projets pour la paix ?
AK : Grâce à des partenaires, des sponsors et des mécènes.

TM : Marseille vous a accueilli après votre exil. Quel est votre rapport à la ville ?
AK : Je suis arrivé sans repères, sans parler la langue. C’est pourquoi je suis reconnaissant envers Marseille et envers la France, qui m’ont adopté. Chaque fois que je réussis un défi, je porte haut les couleurs du drapeau local.

TM : Quelle leçon tirez-vous de vos expériences ?
AK : La clef, c’est la détermination !

www.ara-khatchadourian.com