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Le Grand Bain, mise à nu stylistique

Tenue correcte exigée, sauf sur les mannequins des vitrines ! Au château Borély, la mode balnéaire s’expose sous toutes ses coutures, des années 1940 à nos jours. De la pudeur au pratique, du technique à l’esthétique, les tenues de bain exposées sont les témoins d’un siècle de sport, de pop culture, de guerres aussi, mais surtout de mode !

« Le Grand Bain, ou comment bien se (dé)vêtir au soleil » ne commence pas tout à fait au soleil : c’est en Normandie, au début du XXe siècle, que les bains de mer thérapeutiques de l’aristocratie locale amènent les autorités à encadrer les tenues de bain. En ces temps de pudeur exacerbée, on revêt corsets aquatiques et costumes couvrants : ni le confort, ni l’esthétisme ne sont encore de mise, pour les femmes comme pour les hommes.

Photo 1 : © Marcel Coen et Brigitte Bardot, Archives municipales / Photo 2 : © Palmarès du Cercle des Nageurs de Marseille : premier titre du club champion du littoral, 1921. Archives du Cercle des Nageurs de Marseille / Photo 3 : Photographie anonyme, Marseille, début 20e siècle, Marseille, Archives municipales

Le maillot de bain, des luttes sociales à la pop culture

Mais l’histoire avance et les mœurs aussi. À l’heure des premiers congés payés, les stations balnéaires n’accueillent plus les malades en quête d’oxygène : elles oxygènent désormais tout un pays. Parce que les loisirs impliquent l’aisance de mouvement et que le bronzage, ex-marqueur social de pauvreté, se change en doux souvenir de farniente, les corps se dénudent. C’est l’avènement des premiers deux-pièces et des slips de bain, démocratisés par les vedettes de cinéma, notamment Brigitte Bardot et son scandaleux bikini vichy, mais aussi le nageur et acteur Johnny Weissmuller, torse-nu dans les bassins comme sur la pellicule de Tarzan.

Cette mise-à-presque-nu se mue en une revendication de liberté, de confort et de style, et dessine l’ère des maillots modernes signés des plus grands créateurs, l’ère, aussi, de la plage où l’on pose davantage que l’on s’y repose.

Photo 1 : © Maillots de bain de la marque Jantzen, 1967 / Photo 2 : © Photo anonyme .inv.2007.2.16 Léo, Simone et Michel, été 1938 (coll. Aillaud)

Objet de mode, objet de désir… et objet technique

Les envolées stylistiques, de la plus heureuse à la plus kitsch, se découvrent salle après salle. Si elles définissent une partie de l’histoire du maillot de bain, l’exposition les juxtapose à l’histoire de la nage et aux avancées textiles en la matière, jeux Olympiques obligent. Du jersey de laine aux fibres synthétiques, les archives du Cercle des Nageurs de Marseille dévoilent les avancées technologiques en la matière. Le haut lieu phocéen du sport abrite en effet les sportifs et leurs maillots depuis 1921, soit plus d’un siècle de mémoire de nageurs.

Avec « Le Grand Bain », les modèles de maillots se suivent et se ressemblent de moins en moins : une anthologie pédagogique et ludique qui fascinera autant l’œil des amateurs de style que de sociologie… et de baignade, évidemment.

JUSQU’AU 5 JANVIER 2025
Château Borély
Musée des Arts décoratifs, de la Faïence et de la Mode,
132 avenue Clot-Bey, Marseille 8e
musees.marseille.fr

Photo en Une : © Maillots de bain de la marque Jantzen, 1967