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Jocelyn MEIRE / FASK, l’entreprise sociale et solidaire…

Quadra pleine peau, Jocelyn Meire a de l’allure. Il coche toutes les cases : intelligent, dynamique et empathique, séduisant. Originaire de Boulogne, il est arrivé à Marseille pour faire « Sup de co » (Kedge aujourd’hui). Il n’en est jamais reparti. Jocelyn est aujourd’hui un serial entrepreneur de l’économie sociale et solidaire. Après bien des créations et missions associatives, il anime aujourd’hui un nouveau réseau, celui de la mode locale en s’impliquant pour son développement sur le territoire.

ToutMa : De La Cité des métiers à Fask, quelles ont été les étapes ?

Jocelyn Meire : Après avoir créé puis dirigé La Cité des métiers et La maison de l’emploi durant douze ans, j’ai démissionné en automne 2016, pour prendre les fonctions de directeur du développement commercial et de l’international de l’Afpa à Paris (premier organisme de formation de France). Assez rapidement, je me suis rendu compte que ce poste ne me convenait pas, et j’ai créé TruckMyCar fin 2017, une solution mobile de mécanique automobile destinée aux entreprises. Depuis début 2018, avec mon associé, nous avons créé deux emplois et nous avons de belles ambitions pour la suite, même si nous manquons de temps pour toutes les réaliser. En parallèle, j’ai eu l’opportunité de réaliser une mission externe de management pour la Maison Mode Méditerranée à la suite de laquelle j’ai créé l’association Fask (FAshion SKills), avec des spécialistes du développement économique et des professionnels issus des différents métiers de la mode.

TM : Pourquoi la mode ?

JM : Par hasard, paraît-il… Mais il n’existe pas. (clin d’œil)

TM : Quelles sont les ambitions de Fask ?

JM : Son objectif est de réunir créateurs, fabricants, distributeurs, artisans et industriels dans les univers du textile, des accessoires, de la maroquinerie, de la bijouterie, de la cosmétique et de la parfumerie. Tous basés dans le Sud, ils contribuent au développement économique de ce domaine dans la région. En tant que réseau de professionnels, Fask agit comme un club en permettant une mise en relation entre ses membres, notamment au travers d’événements. Fask porte aussi un ensemble de projets et d’actions qui structurent et renforcent « l’écosystème mode » sur son territoire.

TM : Comment l’association se finance-t-elle ?

JM : Outre les cotisations de ses membres, les actions que porte l’association s’inscrivent systématiquement dans des politiques publiques, à travers la réponse à des appels à projets, et/ou reposent sur des partenariats avec des fondations privées, en fonction de leurs axes d’intervention.

TM : Qu’entends-tu par réseau d’entraide ?

JM : Nous revendiquons notre secteur d’activité comme étant à la croisée de la poésie (la création, l’innovation) et de l’industrie (les process, la rentabilité). Nos membres cherchent à optimiser leur performance économique mais ils partagent volontiers leurs solutions afin que chacun bénéfice des avancées des autres.

TM : La création d’une école était-elle indispensable ?

JM : La création de Fask Academy découle d’une intuition, dès 2019. La demande du « made in France » dans la mode se faisait déjà ressentir, mais les capacités de production étaient presque à saturation. Le premier confinement de 2020 a non seulement fait prendre conscience de notre dépendance de l’étranger dans ce domaine, mais a aussi eu un effet de levier sur la demande de produits fabriqués plus près de chez soi, dans le respect de règles éthiques, sociétales, et bien sûr environnementales. Pourtant, notre pays n’a pas la capacité de répondre à cette demande ! Pourquoi ? Notamment parce que nous manquons de compétences, en particulier dans la confection. Durant ces quarante dernières années, nous avons vu les usines fermer les unes après les autres tandis que la fast fashion fabriquée en Chine, en Inde ou au Bangladesh phagocytait les rayons. Plus personne ne pariait sur l’industrie textile, ni pour investir, ni pour se former ou imaginer y faire carrière. Nous avons donc décidé d’apporter une contribution concrète au mouvement de relocalisation et de réindustrialisation, en intervenant directement sur les compétences disponibles sur le marché de l’emploi. En formant à des métiers redevenus « d’avenir », nous créons les conditions d’un retour de la production française, tout en assurant une réelle employabilité à des jeunes.

TM : Quels sont les enjeux de FASK à long terme ?

JM : Nous avons déjà beaucoup bâti en à peine plus de trois ans mais il reste encore fort à faire pour que cette filière, dans toutes ses composantes, soit reconnue comme un secteur d’activité à part entière. Et que l’attention des investisseurs, publics et privés, soit à la hauteur de sa part, soit 1,7 % du PIB national ! Les enjeux environnementaux sont parmi les principaux sujets sur lesquels les professionnels du domaine doivent avancer, c’est d’ailleurs la raison pour laquelle nous avons édité en 2021 un livre blanc sur la transition écologique de la filière mode dans la région Sud. Par ailleurs, les faibles marges et les importantes immobilisations financières qui caractérisent ce secteur fragilisent les projets. Si l’on veut soutenir l’entrepreneuriat et l’emploi, il nous faut davantage et mieux accompagner celles et ceux qui s’engagent !

Association Fask : www.fask.org
Fonds de dotation Maison Mode Méditerranée : https://dotationmodemed.fr

TruckMyCar : www.truckmycar.com