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Grégory Montel : « Au cinéma, c’est le moment ou jamais d’être sérieux en rigolant ! »

Notre acteur préféré Grégory Montel, désormais installé à Marseille avec sa famille, est à l’affiche de Chère Léa, une comédie de Jérôme Bonnell (sortie le 15 décembre) et du film Rose d’Aurélie Saada, sorti ce 8 décembre !

Après le succès international de la série Dix pour Cent, récompensée aux Emmy Awards, le Dignois est définitivement un comédien successfull. Rencontre.

ToutMa : Vous êtes installé à Marseille avec votre épouse Marine Danaux (alias Sophie Corcel dans Plus Belle La Vie, NDLR). Quelle est votre histoire avec la ville ? 

Grégory Montel : Je suis originaire de Digne-les-Bains, pas très loin. J’ai été en pension dans les quartiers Nord de Marseille, et à l’époque, j’aimais découvrir la ville le mercredi après-midi. J’ai vécu 20 ans à Paris parce que le métier le voulait, et puis ma femme avait besoin de Sud.  À sa demande, nous nous sommes rapprochés de la Méditerranée après le confinement. Elle a trouvé du travail et j’ai suivi toute mon « équipe ». On aime le calme du 7earrondissement. Et, en même temps, à 100 mètres, on retrouve le tumulte de la ville. Le matin, je marche sur la Corniche, et je me dis : « J’ai de la chance ». Marseille, j’y suis attaché parce que c’est une ville qui me ressemble : tumultueuse, facétieuse, enjouée. J’essaye de lui ressembler, d’être un peu « coquin » comme elle.

TM : Dix pour cent a récemment reçu l’Emmy Awards de la meilleure comédie. 20 remakes de la série sont prévus à travers le monde. Comment expliquez-vous ce succès ?

GM : D’abord c’est une idée originale et intéressante de faire jouer à des stars leurs propres rôles. On entre ainsi dans leur intimité. Le succès de la série réside aussi dans l’histoire de petite entreprise qu’est l’agence ASK, soumise à des aléas comme toutes les autres. Et avec un casting hyper intelligent, très bigarré, avec des acteurs peu connus qui forment un bel ensemble, en préservant leurs singularités et leurs différences. L’accueil international est également lié à l’idée de Paris que se font les Américains… La « French touch » n’est pas morte ! Force est de constater que le pays plaît encore au monde entier. Le succès de Dix pour Cent, c’est la pérennité du charme français.

TM : Cette reconnaissance internationale vous donne-t-elle des envies d’ailleurs ? 

GM : J’ai eu la chance de travailler très récemment dans une production internationale pour SkyTV, avec Josh Hartnett. Cela a été une expérience hyper excitante ! J’ai désormais un agent à Londres. J’ai effectivement un intérêt à ça, mais ce n’est pas un objectif. Si une situation un peu folle se présente à moi, pourquoi pas ?  En tout cas, je ne ferai aucun forcing en ce sens. Il faut que cela m’amuse !

TM : Chère Léa sort le 15 décembre au cinéma. Qu’est-ce qui vous a plus dans le scénario ?

GM : C’est la vision très masculine de la passion amoureuse. Cela vient étayer le débat du moment sur la condition des femmes et la nouvelle place des hommes. Qu’est-ce qu’un homme moderne ? Comment appréhende-t-il la passion amoureuse aujourd’hui ? Dans le scénario était dépeint aussi la drôlerie de cette journée fatidique, pendant laquelle un homme règle tous ses problèmes, sentimentaux et professionnels, aux côtés d’un patron de bar persuadé qu’il doit publier la lettre d’amour écrite par mon personnage ! Il y a tout un tas de situations parfois burlesques. C’est un film très riche et divers.

TM : Le film dépeint le dépit amoureux d’un point de vue masculin. Pourquoi est-ce si rare sur grand écran ? 

GM : C’est vrai qu’il y a une forme de rareté. Le cinéma a longtemps été viriliste et écartait souvent la sensibilité masculine. Moi j’adore ça, jouer avec la sensibilité, l’empathie. Cela n’empêche pas la virilité. Mais les hommes qui ont longtemps dominé le cinéma étaient fascinés par la passion amoureuse selon les femmes. 

TM : À l’ère du « tout, tout de suite », votre personnage Jonas choisit d’exprimer son amour via une lettre. Est-ce une façon pour lui d’arrêter le temps ? 

GM : Merci beaucoup pour cette question ! Oui ! À l’heure du « tout montrer, tout voir », de TikTok à Instagram, cet homme-là décide d’arrêter le temps pour écrire une lettre. À l’heure où l’on ne se pose plus pour penser, il décide, lui, de se mettre en pause et de refuser la dictature du travail permanent. Il décide d’étudier la passion amoureuse en écrivant cette lettre, qui selon le personnage de Grégory Gadebois (le patron du bar), pourrait être un objet littéraire totalement transcendantal. En plus d’arrêter le temps et de se plonger dans les raisons de son échec, Jonas touche du doigt une forme artistique. Autrement dit, lorsqu’on prend le temps de s’arrêter, on peut être touché par la grâce d’un écrit. Il s’offre cela malgré lui.

TM : Seriez-vous capable d’autant de romantisme ? 

GM : Je ne sais pas. Je suis très pudique, donc si j’ai des instants de romantisme je ne les donne jamais. J’ai trop peur de me tromper dans mon analyse d’une situation amoureuse, alors je préfère garder cela pour moi. Un peu comme Jonas finalement… 

TM :  Vous défendez avec vigueur le genre de la comédie. Pourquoi y êtes-vous si attaché ?

GM : Parce que, selon moi, c’est le genre populaire par excellence. Le média parfait pour faire passer des convictions ou traiter de sujets graves. C’est par là qu’on adopte le spectateur, qu’on le séquestre même ! Il est plus à l’écoute. Et en même temps, ce genre est si difficile. C’est plus dur de faire rire les gens ! Je trouve le manque de valorisation de la comédie, par les institutions du cinéma et par certains journaux, injuste. J’ai la sensation qu’on est toujours obligé de se défendre de faire de la comédie alors que c’est très sérieux… Évidemment, certaines ne rendent pas grâce au cinéma. Mais, il faut souligner les quelques joyaux comme les Tuche ou En Liberté de Pierre Salvadori ! Je suis amoureux de Little Miss Sunshine et des chefs d’œuvres anglais du genre qui ne se prennent pas au sérieux. La France est parfois un peu snob. Au cinéma, c’est pourtant le moment ou jamais d’être sérieux en rigolant ! 

TM : Vous êtes aussi à l’affiche de Rose qui questionne le désir féminin à 78 ans. Vous semblez aimer l’anticonformisme au cinéma…

GM : Oui, enfin, sans prétention aucune ! J’aime quand le sujet du film est en sous-main, couvé par les acteurs, par une histoire. C’est le cas aussi dans le film d’Aurélie Saada. C’est une histoire extrêmement joyeuse, la révolution intime d’une femme qui se rend compte que la vie ne finit pas à 80 ans. Ce n’est pas le moment du déclin mais le moment d’enchanter son existence en acceptant la folie douce. Cette femme s’est un peu trop « écrasée » pendant sa vie de jeune fille, de mère et d’épouse. Elle se libère et se rend compte qu’il y a encore tellement de choses à vivre et à transmettre. Le film est joie et délicatesse. C’est une vraie comédie, comme je les aime.

TM : Quels projets pour l’année à venir ? 

GM : J’ai tourné cet été deux films qui devraient voir le jour en 2022.  L’un est une vraie comédie sociale de Gilles Perret, qui va s’appelle Reprise en main, racontant la lutte des ouvriers des usines de décolletage locales pour sauvegarder leurs entreprises menacées de délocalisation. Et l’autre un drame de Lisa DiazZone Libre, qui traite de la découverte de la politique par une petite fille au début des années 1980, dans les Cévennes…  CG

Chère Léa, de Jérôme Bonnell avec Grégory Montel, Grégory Gadebois et Anaïs Demoustier, au cinéma le 15 décembre.
Rose, d’Aurélie Saada avec Grégory Montel, Françoise Fabian et Aure Atika, au cinéma le 8 décembre.