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Danièle Thompson, scénariste et réalisatrice de « Cézanne et Moi »

 

Danièle Thompson souhaitait depuis longtemps raconter l’amitié tumultueuse de ces deux géants, Paul Cézanne et Emile Zola. Elle signe ici un très beau film. Les acteurs et la réalisatrice seront prochainement réunis à Aix avec toute l’équipe du film, un an tout juste après le tournage pour présenter le film en avant-première au cinéma… le Cézanne !

ToutMa :  Comment est venue l’envie de ce film ?

Danièle Thompson : J’avais appris il y a près de quinze ans, au détour d’un article dans un journal, l’amitié entre Cézanne et Zola puis leur brouille. Cela m’avait beaucoup intriguée et je me suis tout de suite demandé s’il pouvait y avoir une dramaturgie… Puis les années et les films ont passé et je me suis vraiment mise à faire des recherches il y a trois ans, me plongeant dans leurs correspondances, les biographies de Cézanne et Zola et « L’œuvre » de Zola bien évidemment qui a scellé leur rupture.

TM : Comment s’est tissé le scénario ? 

DT : Je suis partie de « L’œuvre » pour écrire le scénario et inventer mon histoire que je situe en 1888 à travers cette « dernière » rencontre à Médan. Cézanne, bouleversé, vient voir Zola et tous deux s’expliquent sur ce que l’auteur de « L’œuvre » a écrit, s’inspirant de la vie de son ami peintre, de leurs discussions. À plusieurs reprises, on revient en flash back sur ce qui s’est passé dans leur vie et ce qu’en a fait Zola dans son roman. C’est d’ailleurs un des thèmes importants du film, à savoir la liberté d’un auteur à puiser, à « violer » la vie des autres pour créer.

TM : Quels choix stylistiques pour le film ?

DT : Je ne voulais pas que le film ressemble à un tableau de Cézanne. Je voulais que la lumière soit différente entre Paris, Médan et le sud. Ce qu’a parfaitement maîtrisé Jean-Marie Dreujou, chef opérateur. Et la lumière de Provence est tellement unique. Je me suis énormément inspirée des impressionnistes comme Manet, Monet, Renoir, Degas, Pissarro pour les costumes et les coiffures qui devaient évoluer beaucoup sur quarante ans. Mais par touches de couleurs par-ci par-là : un chapeau rouge trouvé dans un tableau de Berthe Morisot, un chapeau bleu chez Manet…

TM : Comment diriger de tels acteurs également réalisateurs ? 

DT : J’ai eu la chance d’avoir ces deux grands acteurs qui avaient envie de relever le défi. Ils sont arrivés extrêmement préparés sur le plateau avec deux partitions très différentes : l’un extraverti, Cézanne, écorché vif avec des sautes d’humeur et l’autre, Zola, plutôt introverti, dans la réflexion, d’un humanisme rare. Tout est inversé dans leur vie et cela se reflétait sur le plateau. C’est ça que je voulais ! Ils étaient très à l’écoute et me donnaient le sentiment d’avoir vraiment confiance en moi.

TM : Comment se sont passés les repérages et le tournage à Aix ? 

DT : Michel Fraisset, le directeur de l’Atelier Cézanne et de L’Office de Tourisme  nous a emmenés sur tous les lieux de Cézanne dans Aix et autour : Bibémus, le Jas de Bouffan, le Cabanon, à la rivière où se baignait Cézanne… puis on a choisi certains endroits tellement photogéniques que je ne me suis pas privée de les filmer !