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Vanessa Paradis, un petit coin de poésie

Serrer les dents, les dents de la chance. Un parcours de longue haleine. Trente ans de carrière et elle s’écoute toujours autant dans les radios des taxis, continuant de montrer sa moue à la fenêtre, du cinéma. 

Retour aux sources

Vanessa Paradis, c’est une drogue douce. On s’y est rapidement accoutumé sur la scène française, pourtant, à l’âge de 14 ans ses débuts n’avaient qu’un effet mineur sur l’organisme. Des organismes de presse jusqu’à l’industrie du disque, ils l’avaient huée à Cannes, en 1987, lors de son direct sur Joe le taxi, un tube pourtant resté plusieurs semaines dans le top 50 et vendu à plus d’un million d’exemplaires. Un tube qui la propulse sur les mille bornes de sa carrière. Adolescente, la jeune fille divise. Certains la voient sulfureuse, nous, on se la rappelle enfant fragile qui chante Émilie Jolie dans l’émission de Jacques Martin. Ils verront ses minijupes portées sur le déhanché innocent de sa sensualité, nous lui reconnaîtrons sa ruse et son extrême sensibilité. Invitée au 20h de TF1 le jour de ses 18 ans, lorsqu’un journaliste lui énonce : « On a dit que votre style était d’allumer les hommes d’un certain âge… », elle rétorque : « J’sais pas, j’ai l’air de vous allumer, moi ? » avec toute la désinvolture nécessaire. Vanessa est alors une jeune fille avec déjà la maturité d’une grande artiste, et comme l’a dit Gainsbourg en lui écrivant son quatrième album, « Paradis, c’est l’enfer ». Elle sait déjà ce qu’elle veut, le cinéma en fait partie. Un premier rôle dans Noce blanche de Jean-Claude Brisseau lui vaut le césar du meilleur espoir féminin. Il n’en aura pas fallu moins pour faire enfin l’unanimité. Vanessa avance avec des talents hauts sous des paires d’yeux bienveillants, parmi lesquelles on comptera son oncle Didier Pain, qui était devenu son manager, et sa mère, qui s’occupe de sa comptabilité. Une famille pour racines, c’est important quand une enfance se fait piller par la presse. 

Tu vois c’que je vois, toute la vie devant toi

Le sourire de l’artiste s’étend alors à l’international, elle part aux États-Unis pour produire son troisième album avec Lenny Kravitz. On la découvre dans Sunday Mondays, Be My Baby, avec un esprit bohème, des chansons perlées écrites en anglais, s’inscrivant loin de l’univers de ses précédents titres et de ceux à venir. En trente ans de carrière, Vanessa a su revêtir de nombreux rôles : celui d’un petit oiseau dans la pub de Jean-Paul Goude, pour devenir égérie Chanel, ceux du cinéma, qui sont « comme une planque », une façon de « laisser sa vie de côté en enfilant le costume d’un personnage », et celui de maman, avec Lily-Rose, sa fille, qui suit déjà ses traces. Pour ce qui est de la musique en revanche, il faut avouer que l’artiste ne se joue plus des styles, elle est sa propre marque. Avec des collaborations comme des mariages littéraires, son dernier album, Les Sources, est arrivé à la surface de nos horizons comme une oasis dans le désert, après cinq ans d’attente. « Il fallait que ce disque me ressemble », confie-t-elle au magazine Rolling Stone. Un septième album voluptueux, dont les paroles, écrites entre autres par son partenaire Samuel Benchetrit ou encore Adrien Gallo (on s’en souvient en tant que chanteur des BB Brunes !), encrent les tonalités de la chanteuse sur l’enveloppe de sa personnalité. Un timbre de voix qu’on lui reconnaît, Paradis a quelque chose d’un ange. Un disque fragile et des mots forts qui tombent comme des gouttes de pluie. De quoi s’offrir un petit coin… de paradis. 

Dernier album Les Sources, chez Wrasse Records

EN CONCERT les 15 et 16 mai au CEPAC SILO
35 quai du Lazaret, Marseille 2e
_www.cepacsilo-marseille.fr

 

Photos _Mathieu Zazzo