Trois Amies d’Emmanuel Mouret. Avec Camille Cottin, Sara Forestier, India Hair…
Cinéaste à l’univers empreint de délicatesse et d’élégance, Emmanuel Mouret revient avec son douzième film, Trois Amies. Après Marseille et Paris, c’est à Lyon que le réalisateur, natif de la Cité Phocéenne, a posé sa caméra. Rencontre avec un auteur qui fait si bien rimer profondeur et désuétude dans l’ensemble de son œuvre.
ToutMa : Lorsque l’on songe à votre filmographie, on pense surtout à Marseille, présente dans vos premiers films, puis à Paris où vous avez placé l’intrigue de plusieurs de vos longs-métrages. Trois Amies se déroule à Lyon. Pourquoi ce choix ?
Emmanuel Mouret : Il y avait ce désir de tourner dans une grande ville que je ne connaissais pas forcément. Lors de l’écriture du scénario, j’imaginais des paysages urbains, de la circulation. Pour cette histoire, j’avais vraiment besoin de mouvements. Lyon me semblait être un choix adéquat. C’est une ville très riche pour son histoire et son architecture. Je pense avoir trouvé l’écrin idéal pour cette histoire d’amitié entre ces trois femmes.
ToutMa : On dit souvent de votre cinéma qu’il est littéraire, en raison de la richesse des dialogues. Les écrivains sont-ils des références aussi importantes que des cinéastes lorsque vous écrivez un film ?
EM : Plus que des auteurs en particulier, j’ai surtout en tête des ambiances précises. Pour Trois Amies, je voulais quelque chose qui soit effectivement très narratif. Malgré tout, je ne songeais pas vraiment à des romanciers mais plus à des réalisateurs que j’affectionne depuis toujours comme Woody Allen, Billy Wilder ou Ernst Lubitsch. Des cinéastes qui font dialoguer gravité et légèreté et qui constituent une véritable source d’inspiration.
ToutMa : Bien évidemment, l’un des atouts majeurs de votre film, c’est aussi votre incroyable trio d’actrices. Comment les avez-vous choisies ?
EM : À l’origine, je n’avais pas un casting précis en tête. Mais je savais que je voulais trois tempéraments distincts. Pour le rôle d’Alice, Camille Cottin était un choix idéal dans la mesure où elle peut être aussi drôle que grave. C’est un véritable caméléon. Sara Forestier, de son côté, est une comédienne avec qui j’avais un projet de film il y a plusieurs années. Ça ne s’était malheureusement pas fait et j’étais donc très heureux de la diriger pour son grand retour au cinéma (son dernier film en date, Playlist, date de 2021, ndlr). Enfin, India Hair est une actrice que j’aime beaucoup. Elle apporte cette finesse et cette complexité qui caractérisent si bien le personnage de Joan.
ToutMa : Vos premiers films (Laissons Lucie faire, Vénus et Fleur) avaient Marseille pour décor. N’aimeriez-vous pas y poser de nouveau votre caméra ?
EM : Énormément. C’est ma ville natale et j’y ai passé toute mon enfance et adolescence. Tout va dépendre du scénario et de l’angle que je vais choisir. Dans mes premiers longs-métrages, j’avais à cœur de figurer un Marseille qui était alors assez peu montré au cinéma. Ce qui m’intéressait, c’était de faire évoluer mes personnages dans les quartiers Sud, comme s’ils étaient en vacances. C’était il y a vingt ans. Depuis, la ville a énormément évolué, devenant justement une destination touristique. Je ne suis pas sûr que ce soit forcément ce que je souhaite développer actuellement dans mes films.
ToutMa : Justement, que vous inspire Marseille ? Quel regard portez-vous sur la ville ?
EM : Je la vois plus comme un site naturel que comme une ville. Les images qui me viennent en tête ne sont pas forcément celles de la Canebière ou des grandes artères grouillantes mais davantage ces souvenirs liés à la mer, aux calanques environnantes… Marseille, c’est également une extraordinaire mixité sociale qui tient presque de l’utopie. Avec les années, certains quartiers de la ville sont devenus très prisés. Il suffit de regarder le prix au mètre carré qui monte en flèche. Malgré sa gentrification, Marseille a gardé son authenticité, son charme. Encore aujourd’hui, à bien des égards, c’est une ville unique en France.
Antoine Le Fur
Trois Amies d’Emmanuel Mouret. Avec Camille Cottin, Sara Forestier, India Hair…
En salle le 6 novembre