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MARSEILLE STAND-UP FESTIVAL, du 22 au 29 JUIN AUX THÉÂTRES DE L’ODÉON ET DES BERNARDINES

Entretien avec Kader Aoun, fondateur du stand-up en France : Après le Jamel Comedy Club et le Paname Comedy Club, deux entités de stand-up devenues célèbres, Kader Aoun, scénariste, metteur en scène et producteur, a décidé de créer, en collaboration avec Dominique Bluzet, patron des Théâtres à Marseille et à Aix-en-Provence, le Marseille Stand-Up festival. Objectif, mettre en avant un nouvel épicentre de l’humour et du stand-up à Marseille, avec 5 grandes soirées, au théâtre du Gymnase-Bernardines et à l’Odéon, qui mettront en scène autant de noms connus de la scène actuelle (Mathieu Madénian, Pierre Thevenoux) que de jeunes « rookies » de la scène locale, tels Gabrielle Giraud, Malik Fares ou encore Sandra Miso… Après avoir conquis le cœur de Paris, le monde du stand-up va tenter de gagner celui de la cité phocéenne.

Photo du milieu : © Fifou

ToutMa : Qu’est-ce qui vous a donné envie, un jour, de vous lancer dans l’univers du stand-up ?
Kader Aoun : Cela s’est fait de manière organique et normale, et c’est très lié à Jamel Debbouze, qui était la personnalité parfaite pour lancer ce nouveau style. Il incarnait une modernité qui lui a permis d’imposer ce genre, déjà complètement banal aux USA mais qui n’existait pas encore en France. Et lui, par sa force comique, sa nouveauté, a réussi à l’imposer. À l’époque, en 1997-1998, quand on a commencé, la norme en France, c’était de faire du sketch de café- théâtre avec des personnes répondant à des personnages imaginaires, parfois avec des accessoires. Le stand-up a créé une manière différente d’envisager la scène et c’est vraiment la personnalité de Jamel qui a permis ça… Comme on était complices, très proches et qu’on avait les mêmes références d’humour afro-américain, on a imposé ce style au fur et à mesure.

TM : Quels artistes qui vous ont influencé dans votre carrière ?
KA : Gamins, on était fasciné par les comédies italiennes de la grande époque, les films de Dino Risi, d’Ettore Scola, des comédies comme Le Fanfaron, ou encore Le Pigeon de Mario Monicelli… On se reconnaissait dans ces pauvres Italiens rigolos, et nous, dans nos quartiers, ça nous ressemblait (rires). Il y a bien évidemment aussi l’influence des Afro-Américains tels que Richard Pryor, Eddie Murphy… Il y a plein de références d’ailleurs : Chaplin, et en France Coluche était génial bien sûr. Et puis tout gosse, on m’emmenait voir des clowns, du théâtre de rue… Je me suis nourri de plein de choses.

TM : Qu’est-ce qui vous a donné envie de créer ce festival à Marseille ?
KA : Marseille, c’est le public le plus extraordinaire de France, avec les Lillois. C’est un public hyper chaleureux, qui vient pour se marrer sincèrement, qui rit de tout, c’est toujours un bonheur de jouer à Marseille. Il y a des villes plus dures que d’autres, Paris est une ville beaucoup plus difficile, même si c’est un public intéressant, les gens jugent beaucoup plus durement.

TM : C’est marrant parce que j’ai l’impression que Paris a été plus ouvert au stand-up que Marseille dès le départ…
KA : C’est né à Paris de toute manière, il n’y a pas de doute là-dessus, mais les Parisiens, quand ils viennent dans un comedy club, ils sont un peu dans une position de jugement, ils ne sont pas forcément là pour s’amuser, alors que les Marseillais viennent vraiment se marrer ! La première du premier stand-up de Jamel, c’était au Chocolat-Rhéâtre à Marseille, en 1997. Et depuis on a toujours aimé revenir chez vous. Et puis il y a des tas d’humoristes marseillais talentueux. On pense évidemment à l’incroyable succès de Redouane Bougheraba, qui cartonne à Paris depuis des années, Marseille est une place forte !

TM : Le projet est-il de faire l’équivalent du Paname Comedy Club à Marseille ?
KA : À Marseille, on a déjà tourné deux émissions, au théâtre L’Art Dû et au Garage Comedy Club. Il y a une vraie effervescence du stand-up en ce moment, il y a plein de gens qui veulent monter des comedy clubs, ce qui était inimaginable avant. Par exemple, quand Redouane ou son frère Ali ont voulu se lancer, ils ont été obligés de débuter dans d’autres villes ; aujourd’hui ce n’est plus nécessaire ! Sans oublier les Parisiens qui viennent s’installer ici ! Je pense à Kad Merad ou encore à Alban Ivanov, entre autres. Cette ville a décidément la cote chez les comiques (rires).

DU 22 AU 29 JUIN
THÉÂTRE MUNICIPAL DE L’ODÉON, 162, La Canebière, Marseille 1er
THÉÂTRE DES BERNARDINES, 17, boulevard Garibaldi, Marseille 1er
www.lestheatres.net

Photo en Une : © Benjamin Boccas