Marseille
17 Apr, Wednesday
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Kad Merad & Patrick Bosso merveilleux duo !

Avec « Marseille », Kad Merad signe un film plutôt intimiste et profond. D’emblée, on entre par la petite porte du modeste foyer d’une famille ouvrière, celle de Patrick Bosso, acteur sensible et puissant à l’écran, et on est séduit. Il nous livre son univers marseillais avec juste ce qu’il faut de caricatures et d’exagération… Parce que sans ça, le film ne pourrait pas s’appeler « Marseille ». Un film généreux et vrai, sur la famille, les erreurs de jeunesse, l’éloignement et la difficulté de vieillir… avec les ingrédients qui font notre ville : le soleil, la mer, l’accent et une petite dose de pastis.

Kad Merad

ToutMa : Pourquoi avoir eu envie de réaliser un film intitulé « Marseille » ?

Kad Merad : Tout simplement parce que je vis ici, à Marseille, que j’y ai une maison, c’est la seule d’ailleurs. J’habite un peu partout mais Marseille est mon port d’attache. J’y ai ma famille, en partie, des amis, beaucoup… je m’y ressource. C’est donc logique que je la choisisse comme magnifique décor de cette histoire, elle en est même le personnage principal.

TM : Est-ce l’immense succès des Ch’tis qui vous a inspiré ce genre de film régionaliste et identitaire ?

KM : Pas du tout… mais alors vraiment pas ! Ce film des Ch’tis n’est d’ailleurs pas le mien même si j’en suis le personnage central. Pour « Marseille », je n’y ai absolument pas pensé. Ça n’a absolument rien à voir.

TM : Ce film, c’est aussi l’apologie de la famille, une réflexion sur la complexité des liens qui la compose… S’agit-il de réalités qui touchent votre sensibilité ?

KM : C’est totalement inspiré de la vie de Patrick Bosso, de son histoire, de sa famille. Dans le film, il fait le même métier que son père. C’est un hommage à ses parents mais aussi aux miens, car je viens du même milieu modeste… Des parents qui nous ont éduqués, construits, qui ont voulu pour nous un avenir meilleur.

TM : « Marseille », c’est un regard réaliste sur le monde ouvrier qui compose aussi la ville et qu’on montre rarement, pour qui la vie n’est pas facile, même avec le soleil…

KM : Oui, un regard sur la ville de l’enfance de Patrick, celle des quartiers près du port. Chez ces gens, pauvres, qui voient passer les bateaux mais qui ne partent jamais… Je voulais montrer le bon côté des quartiers nord où il n’y a pas que des voyous, montrer des gens qui travaillent dur, même sur le port où il n’y a pas que des grévistes.. Montrer les communautés qui font Marseille, les Italiens, les Arabes, les Gitans et qui s’entendent. Tout ce qui fait que j’aime Marseille… Et aussi le soleil, la mer, les plages gratuites, les cités avec vue sur la Méditerranée ! C’était pas pareil à Ris-Orangis, croyez-moi (rires).

TM : La scène finale est absolument féérique… Comment avez-vous eu cette idée géniale, tellement inattendue  ?

KM : En fait, on a cherché le moyen de faire voyager le papa sans bouger. Au départ, on avait l’idée de transformer tout un quartier de Marseille en quartier italien… c’était démesuré. À force de chercher, on a eu cette idée d’illumination, un truc que j’avais vu une fois aux Invalides, des décors projetés sur les murs. Il a fallu trouver les gens qui savaient faire ça dans le monde… et on a trouvé !
Des Français d’ailleurs, très doués ! Je voulais que ce soit magique, qu’il y ait l’émotion…

 

Patrick Bosso

_propos recueillis par Olivier Emran

ToutMa :  Pourquoi choisir de faire un film Marseille ?

Patrick Bosso : C’est une question pour Kad. Mais ce que je peux dire, c’est que, souvent, ceux qui ne sont pas de Marseille mais qui découvrent cette ville en deviennent les plus ardents défenseurs. Les plus amoureux. Nous les Marseillais nés ici, on voit notre ville au quotidien, on n’a plus ce regard-là. Je crois pouvoir dire que Kad est « tombé en amour » avec Marseille.

TM :  Dans le film, vous êtes le frère de Kad. Qui c’est ce gars ?

PB : Le frère c’est le Marseillais qui travaille au port, qui a un fils et une femme qu’il aime, qui n’a pas de gros moyens mais qui fait contre mauvaise fortune bon cœur. Ce garçon va un peu (beaucoup) se servir du prétexte de la maladie imaginaire de leur père pour faire revenir son frère qui lui manque et qui est parti il y a plus de 20 ans. C’est un moyen intéressant de faire passer le message de la redécouverte de sa ville. Ce frère il est comme Marseille finalement : attachant.

TM :  Vous, Kad et Marseille, c’est une belle histoire d’amitié aussi !

PB : C’est vrai. Kad avait vu mon spectacle « K Marseille » et il avait adoré. Il m’a fait l’amitié et un beau cadeau en me proposant d’écrire un film avec lui, de jouer dans ce film et d’avoir un rôle important. C’est un cadeau magnifique, je ne le remercierai jamais assez pour cela. Ma seule « crainte » qui s’est très vite effacée, c’est au tout début de l’aventure, quand Kad m’a dit qu’il allait faire ce film sur Marseille. J’avais peur que l’on sorte les clichés. Nous les Marseillais on est susceptibles de ce côté-là, vous le savez. Et Kad a filmé Marseille d’une manière magnifique. J’aime beaucoup ce film, il raconte une belle histoire avec de beaux sentiments et, en bonus, quelques figures légendaires de Marseille.

TM :  Et il y a Venantino Venantini… L’acteur des Tontons flingueurs tout de même !

PB : Oui ! Il joue notre père dans le film. On a passé des moments magnifiques avec lui. En plus il nous a raconté plein d’anecdotes. Un beau Monsieur et un beau personnage. En fait tout le casting est vachement bien !

TM :  Et les championnats du monde de soupe au pistou, c’est prévu pour quand ?

PB : Si le film fait plus d’un million d’entrées on essaie d’organiser ça avec Kad, promis !

 

 

Kad Merad et Patrick Bosso avec le ToutMa de printemps.