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Marc Simoncini, la résilience

 

Des problèmes, il en fait des naissances. Des idées qui crient et des risques qui ne demandent qu’à être aimés. Entrepreneur, investisseur et producteur, le créateur de Meetic sait que la roue tourne et qu’il vaut mieux ne  pas tourner en rond.  

Tenir le guidon

Aujourd’hui, il fait vrombir les investissements des autres grâce au retentissement de ses succès. Un pull à col roulé, pas un cuir de motard. Marc Simoncini vient de lancer Angell, un vélo électrique qui entend bien révolutionner le marché des deux-roues : « Un vélo qui est ce que l’iPhone est au téléphone. » Avec un design épuré imaginé par Ora-ïto pour un vélo éthique et connecté, l’investisseur rêve de préparer la fin de la voiture dans les grandes villes. Si le projet réussit, une partie de ses revenus financera un nouvel incubateur de start-ups. Marc ne perd pas les pédales et, tout comme son vélo a dû se faire en trois ans, l’entrepreneur ne s’est pas réalisé en un jour.

Né à Marseille en 1963 – ne lui demandez pas dans quel arrondissement – il est parti à Dijon quand il avait 15 ans. En revanche, il se souvient très bien de son enfance passée dans l’eau ou sur le petit voilier de son père : « Je crois que cela m’a inculqué le goût de la liberté. » Fils d’un ingénieur chez France Télécom, il aime la poésie mais il est terrible à l’école et redouble deux fois. « J’étais le dernier dans toutes les matières, dans toutes les classes. Sauf en sport », avoue-t-il. Pourtant, il se retrouve diplômé de l’école supérieure d’informatique de Montreuil en 1984, lui qui avait « choisi cette formation par hasard, sur une liste alphabétique ».  Embauché dès la fin de son stage, il développe pendant six mois un moteur de recherche intelligent pour le Minitel. 

Mais il fallait que la chance rime avec le mensonge. « Un jour, comme mon copain était malade, je jouais au tennis avec son père qui était entrepreneur. Il m’a demandé ce que je faisais, et au lieu de répondre que j’étais simplement salarié, je lui ai dit que je montais une boîte. Puis là, il m’a dit que ça l’intéressait et m’a proposé d’investir dedans. Je me suis dit merde, maintenant que je l’ai dit, faut que je le fasse ! » Chance inouïe, un employé jette à l’époque un appel d’offre que Marc récupère dans la poubelle et auquel il répond. « Et là, je me suis retrouvé sans bureaux, sans employés, sans ordinateurs, avec un marché d’un million de francs à développer en six mois », raconte-t-il. Vous vous rappelez son amour pour l’eau ? Marc a dû s’y jeter, dans l’eau. Il est devenu entrepreneur pour être libre. 

 

Tout perdre, ça sauve la vie

De péripéties en échecs, Marc ferme sa première boîte et finira par créer en 1998 un hébergeur de sites Internet qui rencontre le succès. Ça s’appelle iFrance et en 2000, le groupe Vivendi le rachète pour une coquette somme et des titres d’actions. Des actions qui tourneront au vinaigre, laissant Marc dans le négatif. Néanmoins, il relativise : « Peut-être que tout perdre, c’était la plus belle chose de ma vie. Ne pas avoir le choix m’a redonné une énergie de dingue pour travailler sur Meetic et avec la somme de tes échecs, tu te fabriques une intuition. » 

L’idée du site Meetic découle d’une problématique concrète : des copains célibataires et l’impossibilité de rencontrer des filles. En 2001, il en crée alors l’un des plus grands sites européens de rencontres en ligne. Coté en bourse en 2005, il revend finalement la totalité des actions de Meetic au businessman américain Barry Diller en 2011. 

Depuis, Marc Simoncini ne s’arrête plus, il connaît trop bien le start-up blues d’après la vente. Il crée Jaina, un fonds d’investissement pour financer les boîtes qui ont du sens et « disrupte » le marché de l’optique en France en créant Sensee, des lunettes haut de gamme à bas prix. Après avoir fondé une école d’informatique (avec entre autres Xavier Niel), il revient aussi à ses premiers amours : la poésie, avec deux boîtes de production de cinéma. On vous conseille le film Neruda, sur le poète chilien du même nom, nominé aux Golden Globes. « Je suis heureux parce que je fais plein de choses et je ne fais que des choses qui me plaisent », conclut Marc. Une fortune construite sur la résilience pour celui qui aime à citer Churchill : « Le succès, c’est être capable d’aller d’échec en échec sans jamais perdre son enthousiasme… »

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