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Lison Daniel, Caractère(s)

Parfois les réseaux sociaux permettent à des pépites en tout genre d’émerger naturellement, juste grâce à leur talent. Lison Daniel est une petite météorite humoristique sur la Toile. Avec son œil acéré et son sens de l’humour aiguisé, elle nous livre ses interprétations hilarantes sous la forme de courtes vidéos incisives et drôles publiées sur Instagram @les.caractères.

TM : Quand et comment as-tu eu l’idée de mettre en ligne tes personnages ?

Lison Daniel : En 2017, les filtres ont commencé à faire leur apparition sur les réseaux sociaux. Ma cousine Laura Daniel (@lauradaniel_ ou @laura_disegna sur Instagram) travaillait à Venise à cette époque, alors, pour prendre des nouvelles, se faire rire, on s’envoyait des vidéos avec ces filtres. En les voyant s’accumuler sur notre téléphone, on s’est dit que ce serait super de les avoir toutes sur une page Instagram, comme une bibliothèque de personnages. Puis on l’a appelée Les Caractères en référence au livre de La Bruyère qui est un ensemble de réflexions et de portraits de la noblesse du xviie siècle. Depuis 2018, je tiens le compte toute seule ; le métier de Laura, qui travaille pour un musée d’art contemporain, lui prend trop de temps. Pour mon métier en revanche (je suis scénariste et comédienne), c’est une super façon de faire connaître mon travail et de rencontrer des gens. Ça a été un accélérateur génial pour moi.

TM : À l’aide quels filtres ou logiciels déformes-tu ton (ravissant) visage ?

LD : J’utilise Snapchat, qui propose des filtres de super qualité qui bougent bien avec mon visage et qui sont à la fois drôles et crédibles. Et l’un de mes frères, Martin, m’a initiée récemment à un logiciel qui permet de fabriquer soi-même ses filtres. Alors parfois, je les dessine !

TM : Prends-tu plaisir à t’enlaidir ? Te fais-tu rire toi-même ?

 LD : Ce n’est pas tant l’idée de m’enlaidir qui me plaît, mais plutôt la possibilité d’incarner des personnages très différents de façon efficace et réaliste. J’aurais pu me maquiller ou me mettre des perruques, mais ça demande du temps pour être convaincant. Surtout si je veux interpréter un homme ! Pour ce qui est de se faire rire soi-même, c’est toujours compliqué. C’est très rare que je me fasse rire et j’ai besoin d’un œil extérieur avant d’être sûre que ça pourra faire rire les autres. Je suis assez mauvais juge de mon propre travail. En revanche, j’essaie d’être exigeante avec l’écriture et je crois beaucoup à ça… si ce n’est pas hilarant, c’est au moins construit et rythmé. C’est important pour moi de faire exister une vraie narration, aussi courte soit-elle.

TM : Quelles sont tes sources d’inspiration ?

LD : À peu près tous les gens que je rencontre, mais presque jamais mes proches. J’adore écouter les conversations des gens aux terrasses des cafés, dans le métro. J’ai une passion pour la façon dont les gens parlent, se présentent au monde, pour leurs tics de langage, leurs expressions. Notre monde est plein de vocabulaire très jargonneux, franglais, conceptuel, qui s’enrichit tous les jours.  C’est ça que je trouve savoureux !

TM : Étais-tu une enfant comique ?

LD : Oui je crois. Ma mère m’assure que je faisais des jeux de mots à dix-huit mois, mais je crois que c’est une déformation maternelle. Il paraît aussi que je riais dans mon sommeil. En tout cas, j’ai des souvenirs de fou rires inextinguibles ; on a toujours beaucoup ri dans ma famille, notamment aux dîners. Mais j’étais aussi une enfant réservée et secrète. Je pense que je suis sincèrement les deux en même temps. Ça explique peut-être ma double casquette d’auteure et de comédienne.

TM : Envisages-tu de monter sur scène un jour ? Si « oui », sous quelle forme ?

LD : J’ai déjà commencé ! J’ai fait ma première scène il y a quelques semaines à l’Hôtel du Temps, qui organise depuis peu des soirées stand up avec des humoristes confirmés (Marina Rollman, Guillermo Guiz, Laurence Bibot) et des débutants comme moi. Je me suis demandé comment faire en sorte de compenser les filtres et je craignais que ce soit décevant. En fait, la présence scénique et un travail sur le corps permettent de faire exister n’importe quel personnage. Après tout, des humoristes que j’adore et qui font des personnages, comme Alex Lutz ou Valérie Lemercier, n’ont besoin de rien d’autre ! J’espère pouvoir faire pareil…

Les Caractères sur Instagram @les.caractères

NB : Lison Daniel est originaire de Marseille. Elle est aussi la sœur d’Antoine Daniel, le créateur de The Line, un concept original et décoratif que nous vous avons présenté dans notre dernier numéro.

Photo de Lison ©Victoria Roblin