Quand on parle d’architecture aujourd’hui, il paraît assez évident que l’on navigue dans le domaine des beaux-arts. Mais c’est oublier un peu vite qu’on l’a longtemps considérée (de l’Antiquité au XXème siècle) non pas comme un art mais comme une technique. Le bâtiment ne brillait pas tant pour son esthétique que par sa fonction et l’architecte n’était pas tant artiste que technicien.

Jean Frizzi, architecte marseillais, est un homme qui connaît l’histoire de son métier et sait opérer dans son art un providentiel retour aux sources, loin de tout snobisme. En effet, c’est avec son travail sur un parking parisien qu’il a été retenu parmi les 8 finalistes du prix de l’Équerre d’argent 2017. Et quoi de plus trivial, voire angoissant au passage, qu’un parking parisien ? Quel plus beau défi pour un architecte que celui de prendre une matière vulgaire pour en faire un espace élégant et lumineux ? Pour ce faire, Jean Frizzi et Noureddine Souilah-Edib sont partis d’une analyse à la fois pratique et esthétique. Le propre du parking c’est sa rampe qui tourne autour d’un axe vertical. Et ça, c’est une hélicoïde, surface mathématique complexe et magnifique terrain de jeu pour tout artiste ou architecte un peu plasticien. Gageure s’il en est, les architectes ont relevé le pari de faire de leur parking un endroit lumineux, sans angle mort, grâce à un « noyau central » évidé. Et ça fonctionne, jamais on n’avait vu dans Paris un parking qu’on visite comme un musée. Pour suivre le dénivelé du terrain, des restanques ont été installées en surface, comme un petit clin d’œil à la Provence.

Le nouveau tribunal de Paris, plus institutionnel, plus tapageur, a finalement raflé la mise, mais qu’à cela ne tienne, cette finale du prix d’architecture le plus prestigieux en France aura été un beau galop d’essai pour notre Marseillais !

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Photos _Daniel Rousselot