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LA VILLA NOAILLES, 100 années folles

Une année suffira-t-elle à célébrer cent printemps d’incandescence totale ? Bijou d’architecture d’avant-garde, centre d’art émérite, haut lieu de mode, de photographie et de design… la Villa Noailles inspire sans fin. Celle qui fut, il y a un siècle, la figure de proue du mouvement rationaliste continue aujourd’hui d’encourager la création artistique, comme le faisaient à l’époque Charles et Marie-Laure de Noailles, couple de mécènes éclairés. Lieu de tournage pour Cocteau, de villégiature pour Giacometti (qui y laissa d’ailleurs quelques sculptures) et source inépuisable d’inspiration pour Buñuel ou Dalí… La maison des Noailles demeure, pour toujours et à jamais, la grande bienfaitrice de l’art du XXe siècle.

© Charles et Marie-Laure de Noailles, Barcelone, photomaton

Modernité intemporelle

En 1923, de jeunes gens bien nés partagent une passion commune : le culte de l’art sous toutes ses formes. Ils font alors appel à l’architecte Robert Mallet-Stevens et lui demandent de construire « une petite maison intéressante à habiter » sur leur terrain tout juste acquis, reçu en cadeau de mariage. L’espace se configure au gré des saisons. Baies vitrées et cloisons en miroir muent de l’hiver à l’été. Charles et Marie-Laure font de cet endroit un rendez-vous de choix pour les artistes pendant les Années folles. Le couple y fait aussi construire une sublime piscine intérieure et une salle de squash. Les jeunes mariés pratiquent en effet le sport comme un art et vouent un culte au corps dessiné. La vicomtesse fait confiance à de jeunes artistes méconnus et organise fêtes, expositions et résidences mémorables. Après sa mort, il y a cinquante ans, Charles vend leur cher Clos Saint-Bernard à la Ville d’Hyères, qui le renomme Villa Noailles.

Photo de gauche : © Robert Mallet-Stevens, Photo de droite : © Portraits de Charles et Marie-Laure de Noailles par Adrien Pelletier

Un siècle plus tard, la maison, qui s’est reconvertie en centre d’art contemporain il y a vingt ans, promeut les nouvelles générations de designers venus de tous les horizons, perpétuant ainsi l’héritage d’un duo atypique. Jean-Pierre Blanc, directeur du lieu depuis 2003, s’emploie sans relâche à mettre les pleins phares sur la création française : le Festival d’Hyères, consacré à la mode, et la Design Parade, dédiée au mobilier et au design, en sont les chefs de file.

Une programmation hommage

Depuis mars, expositions, conférences, ateliers et rencontres ont mis Noailles au cœur de la culture et de la vie institutionnelle de la région… Après un parcours de célébration débuté dans le Var, couronné d’une exposition et de l’apposition d’une plaque commémorative, les festivités continuent. La Ville de Marseille avait été choisie au printemps, aux côtés de Paris et d’Hyères, pour quelques hommages, la galerie Kokanas, le Southway Studio ou encore la boutique Jogging faisant partie intégrante de ce parcours anniversaire.

Et du 23 au 25 juin, le 17e festival Design Parade présentera ses créations entre les murs de la villa. Il sera suivi de près par la reconstitution de l’appartement de Charles et Marie-Laure de Noailles. L’architecte et décorateur choisi pour le projet, Pierre Yovanovitch, a travaillé aux côtés d’Eléa Legangneux, commissaire scientifique et historique, pour être au plus près de la vérité. Un rendez-vous immanquable pour les amateurs d’objets fonctionnels, qui pourront découvrir le mobilier conçu pour la villa par Sybold van Ravesteyn en 1925 (à voir jusqu’au 14 janvier 2024).

© Paul Rousteau

Mais que serait un anniversaire sans musique ? Le 31 juillet, le concert Le Collectionneur d’échos résonnera sur le parvis de la Villa Noailles, en partenariat avec le festival tropézien Les Nuits du Château de la Moutte. Puis, courant septembre, le metteur en scène Vincent Huguet, dont nous avons pu découvrir le travail dans de nombreux opéras, de Paris à Bâle, en passant par Berlin, dirigera Camélia Jordana, Malik Djoudi, Jeanne Gérard et le compositeur Raphaël Lucas dans une création musicale intitulée Ressusciter la Rose. Organisée en partenariat avec l’Opéra de Toulon Provence Méditerranée, cette représentation sera gratuite et ouverte à tous.

Le Festival international de mode, de photographie et d’accessoires d’Hyères, qui déniche depuis plus de trente-cinq ans les créateurs pépites de demain, se tiendra, comme toujours, en octobre. À l’automne, les grandes maisons et les jeunes créateurs de mode réinventeront la garde-robe de Marie-Laure de Noailles, façon XXIe siècle. Nous avons déjà hâte de voir le résultat ! CG

LA VILLA NOAILLES
47 montée de Noailles, Hyères
www.villanoailles.com
Entrée libre

Photo en Une : © Alexandre Benjamin Navet