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LA PETITE CULOTTE alias Vincent Colonna, la joie de vivre

L’été dernier, le chanteur corse Vincent Colonna aka « La Petite Culotte » a enflammé les pistes de danse de la France entière avec sa reprise endiablée de La Goffa Lolita, un titre familier dans l’île de Beauté et devenu le refrain préféré des jeunes pour faire la fête. Aujourd’hui ce grand voyageur, amoureux de l’Argentine et de Cuba, récidive avec Diego, nouvelle reprise personnelle de la chanson populaire dédiée à Maradona, et se voit toujours mû par l’envie de faire chanter les foules en délire.

ToutMa : C’était quoi, la vie d’avant pour Vincent Colonna ?
Vincent Colonna : Quasiment la même que maintenant, mais il y avait moins de monde aux concerts (sourire). Je chante depuis l’enfance avec mon père qui est chanteur et guitariste pour son propre plaisir. Ensuite, il m’a fait entrer dans l’école du grand Natale Luciani, le fondateur du groupe Canta U Populu Corsu. Puis, pendant trois ans, j’ai chanté avec eux dans toute la France et même à l’Olympia. Nombreux sont les chanteurs corses qui sont passés par U Populu Corsu. Même I Muvrini a débuté avec eux.

TM : Pourquoi avoir choisi « La Petite Culotte » comme nom de scène ?
VC : C’est une longue histoire. Après mon expérience avec le groupe, j’ai eu besoin de changer de vie. Alors je me suis installé à Londres et je me suis retrouvé seul face à mon miroir. Là-bas, j’ai découvert les vins, je me suis passionné pour l’œnologie, et j’ai même pris des cours de sommelier, et au bout de deux ans, je suis rentré à Bonifacio où j’ai ouvert un bar-restaurant que j’ai appelé La Petite Culotte. Cela fait des années que j’écris des chansons et j’aime les mots qui percutent. L’expression « petite culotte » me touche. C’est tendre et ça évoque quelque chose de mignon. Ça a tellement bien marché pour la notoriété du bar que lorsque je l’ai vendu, j’ai décidé de garder le nom pour moi. Regarde autour de toi, si je dis tout haut « la petite culotte », tu vas voir toutes les têtes se tourner… (rires)

TM : Si on suit ton histoire, on voit que tu es passé de la scène à la restauration pour mieux revenir à la chanson ?
VC : J’ai adoré servir les gens, avec ma mère qui cuisinait tellement bien. On avait les meilleurs produits de toute la Méditerranée, des cigares que je ramenais de Cuba, c’était magique ! Mais je me suis aperçu que le moment où je me sentais en pleine vie, c’est lorsque j’étais sur scène pendant une heure et demie. Les gens venaient beaucoup pour ce moment-là d’ailleurs. Et un soir, Cameron Macintosh, le plus gros producteur de théâtre musical anglais, de passage à Bonifacio à bord d’un voilier, est venu dîner à La Petite Culotte et m’a vu chanter. Il est venu me parler à la fin du show pour réserver le bar le lendemain avec tout son staff pour que je produise la même chose rien que pour eux. Après ça, il m’a convaincu de revenir à Londres pour monter sur scène. Je l’ai fait mais je n’ai pas accroché à l’univers de la comédie musicale… J’ai suivi ses conseils quand même en allant dans une école de musiques actuelles, à Londres aussi. Et j’ai vendu le restaurant.

TM : La Goffa Lolita a enflammé tous les dancefloors de l’été 2022. C’est une reprise assez inattendue mais qui a explosé !
VC : C’était une vieille chanson populaire, un peu paillarde. Je l’ai entièrement réécrite, paroles et musique, à part le refrain qui était déjà très entraînant. C’est d’ailleurs ce qui m’a donné envie de la reprendre. J’ai donné une nouvelle vie à la Goffa Lolita, je l’ai rendue belle ! (Goffa signifie moche en langue corse). La Petite Culotte est d’ailleurs devenue un petit symbole de revendications féminines. J’ai vu des rangées de filles, lors de mes concerts, agiter des petites culottes perchées au bout de bâtons qu’elles brandissaient comme un étendard « culotte power ». C’était assez extraordinaire !

TM : On a tous en tête ce refrain : « Lolaaaa, c’était Loli, c’était Lola, c’était Lola… ». Comment le phénomène Lolita a-t-il démarré ?
VC : Je savais que ça allait marcher parce que je la chantais en Corse lors de petits spectacles dans des bars et c’était déjà très festif. Je suis alors allé à Paris pour l’enregistrer, faire le clip vidéo à mes frais et ce n’est pas rien de réaliser ça tout seul. Mais j’y ai cru. Lorsque le clip est sorti sur YouTube, et que les gens ont commencé à se l’approprier en Corse pendant l’été, il y a eu des touristes qui bossaient dans la musique à Paris qui l’ont entendu au B52 et qui « shazamaient » comme des fous pour savoir ce que c’était ! (Rires) C’était vraiment le tube local. J’ai alors reçu des coups de fil de professionnels intéressés par la chanson. C’était fou. Ensuite j’ai foncé avec des gens de la Warner, qui s’étaient déplacés en Corse pour me voir. Ce sont mes éditeur et directeur artistique aujourd’hui.

TM : « Libertà Lolita », c’est aussi un album ! Quid de ces titres ?
VC : J’avais pas mal de chansons personnelles en stock, des vieilles chansons et quand je me retrouve à Paris, je rencontre des paroliers célèbres avec qui je me retrouve dans des ateliers d’écriture. Je me rends compte qu’ils apprécient ma présence, mon travail. J’écoute leurs indications, ils entendent aussi les miennes… Et aujourd’hui, je suis très content du choix des titres qui composent l’album.

TM : Aujourd’hui, Diego est sorti. C’est encore la reprise d’un titre populaire, cette fois-ci argentin, en hommage à Diego Maradona. Tu es un fan ?
VC : En fait, je joue dans les bars depuis des années et je suis à l’écoute de ce qui se passe, je suis sensible aux atmosphères de fête. J’aime que les gens s’amusent. La Goffa Lolita a déclenché quelque chose de démentiel chez les gens. Aujourd’hui, je suis à l’affût de la chanson qui peut recréer cela. Il y a quelque temps, je suis tombé sur une émission sur Diego Maradona, dans laquelle lui-même entonnait la fameuse chanson. Et le lendemain, je croise des jeunes surexcités dans la rue à Ajaccio, à la sortie d’un bar, chanter à tue-tête le refrain de Diego. Et là, (grand sourire) je savais qu’il y avait un truc à faire…

LA PETITE CULOTTE EN CONCERT mercredi 19 juillet
Dans le cadre du festival CORSE EN SCÈNE Théâtre de Verdure de Calvi
Billetterie
Instagram : @la.petite.culotte