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Cyril Lecomte, confidence pour confidence !

Fin novembre, nous avons rencontré l’acteur marseillais, Cyril Lecomte, au Cercle des nageurs de Marseille. Entre le soleil, l’air marin et les petites confidences de Cyril, on vous livre une interview sans tabous sur lui, mais également sur sa première pièce de théâtre : La Baraka Pizza, qui se jouera du 14 au 16 décembre au Théâtre de l’Odéon.

ToutMa : Cyril, aujourd’hui, tu es un homme accompli. Auteur comme acteur, tu as la reconnaissance de tes pairs mais aussi du public. Parle-nous de ton enfance… Être comédien, c’était un rêve de « gosse » ?

Cyril Lecomte : Pour être honnête, la première chose dont je me souviens c’est d’avoir voulu être avocat, comme mon père. Résultat, je me suis marié avec une avocate. La comédie, s’est imposée à moi comme une évidence car il fallait que j’arrête rapidement le lycée… Je voulais vite travailler pour finir « ma vie d’adolescent ». Alors j’ai commencé à faire des photographies, notamment de théâtre. C’est ça qui m’a donné envie de connaître « l’envers du décor ».  Je me suis inscrit à un cours et la chance m’a souri… Je suis tombé sur un professeur fantastique, Jean-Pierre Raffaëlli, qui est resté mon professeur de théâtre à La Criée. Il m’a formé et m’a aidé à passer le concours d’entrée. La passion l’a emporté, je m’y suis mis à fond. Résultat des courses, j’ai fini premier avec une tirade de Perdican extraite d’On ne badine pas avec l’amour, de Musset. Fini l’école, bonjour le théâtre ! Je suis arrivée à 17 ans à La Criée, c’était magique, on faisait du chant, de la danse, des costumes, des décors… Je dormais dans le théâtre même. J’ai tout arrêté : les sorties, les boîtes et je suis devenu un pur théâtreux. Durant trois ans, j’ai lu non-stop l’ensemble du théâtre classique et contemporain.

Ma carrière a alors vraiment commencé, je suis resté à Marseille et j’ai créé une compagnie. J’ai fait beaucoup de choses moi-même… J’ai eu beaucoup de chance parce que je ne me suis jamais arrêté de travailler. Dès que j’avais un peu d’argent, je faisais des mises en scènes. Et de fil en aiguille, les rencontres se sont multipliées. Après un passage à Paris, je suis rentré à Marseille et j’ai voulu m’essayer à autre chose : le one man show. J’ai rencontré un auteur marseillais Henri-Frédéric Blanc, absolument génial, avec qui j’ai travaillé pendant 10 ans. Mais, j’ai fini par en avoir marre d’être seul sur scène… Du coup, j’ai appelé mes « potes » et c’est comme ça que j’ai créé le festival Marseillons. J’ai réussi à convaincre Simon Abkarian, Moussa Maaskri, … Ça me tenait à cœur de faire découvrir différemment des gens connus et d’autres pas connus… On a rarement vu Moussa Maaskri avec Titoff. C’est tellement improbable. On a monté un spectacle dans l’esprit des « revues marseillaises » des années 1930. On a fait ça deux fois, mais on était à peu près 25 personnes sur scène, et c’était impossible à transporter ailleurs. Donc, je me suis mis à écrire La Baraka Pizza. C’est un spectacle plus « classique », avec trois acteurs, un décor très démontable, très facile à transporter. Comme ça, on peut aller à Paris dans des conditions beaucoup plus simples. Marseillons s’exporte ! La prochaine étape serait de monter le spectacle à Paris, et même, pourquoi pas, à New-York !

TM : Quel message veux-tu faire passer avec La Baraka Pizza ?

CL : Écoute, moi je ne fais pas du théâtre pour faire passer un message car je n’ai pas de leçon à donner aux gens. J’ai des enseignements à livrer à mes enfants, mais pas au spectateur. Il vient pour cueillir un rire, un sourire, une émotion, quelque chose qui appartient à sa vie, qu’on partage… L’idée c’est plutôt de rencontrer des gens à travers des énergies, des émotions et des vibrations. Il n’y a pas de démarche intellectuelle dans tout ça. C’est un travail instinctif, qui après devient un scénario et une écriture. D’ailleurs dans La Baraka Pizza, il n’y a pas une mais des histoires. Et donc, c’est pareil pour les messages. Je n’ai pas à dire aux gens « ça, c’est bien », « ça, c’est pas bien », « ça, il faut le faire », « ça, il faut pas le faire ». Comme on le dit à un moment donné dans la pièce, l’acteur est un espace de liberté, c’est une résonnance, on vient chercher chez lui ce qui résonne en nous, alors évidemment il y a des gens qui peuvent être traversés par l’histoire qui est racontée, être touchés. Mais au-delà de ça, je trouve que c’est beau de laisser de la liberté au public. Pour moi le spectateur est actif, comme ici dans la pièce où il est un supporter. C’est bon de trouver dans les spectateurs une réponse à un point t’interrogation, à un doute, un jeu d’acteur. Le spectateur il te renvoie quelque chose. Ensemble, on fait opérer la magie et au milieu de nous il y a le spectacle.

TM : Quel est le rôle qui t’a le plus marqué ?

CL : Je pense que c’est « celui qui est en train d’arriver », donc celui-ci. Il y a des rôles qui ont marqué des gens, comme dans Les Collègues, car c’est un cinéma vrai. Mais le prochain rôle c’est toujours le meilleur car tu vas donner au public le meilleur de toi-même, tu vas t’y préparer, tu ne sais pas encore ce qui va arriver, mais tu sais déjà que tu vas proposer quelque chose de nouveau.

La Baraka Pizza
les 14, 15 & 16 décembre 2018
Théâtre de l’Odéon
162 La Canebière, Marseille 1er
www.odeon.marseille.fr _www.marseillons.fr