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Jacques Veneruso

Ce nom ne vous dit peut-être rien, mais pour beaucoup d’artistes, sa notoriété est grande. Jacques Veneruso est un auteur-compositeur, interprète à ses heures intimes et auteur de succès magnifiques… « Sous le vent », duo interprété par Céline Dion et Garou en 2000, c’est  lui. « Les lionnes » de Yannick Noah, la même année, c’est lui aussi. « Tout l’or des hommes » en 2003, où Céline Dion s’improvisait si rock… c’est encore lui. Florent Pagny, Johnny Halliday et Michel Sardou ont craqué pour ses compositions. Découvert par Jean-Jacques Goldman, il y a fort longtemps déjà, Jacques Veneruso est un musicien et un écrivain hors pair et, vous l’aurez deviné, un Marseillais !

TM : Racontez-nous comment on en vient à écrire des chansons pour les autres lorsque l’on est soi-même interprète ?
JV : Je n’ai jamais dissocié le fait d’écrire des chansons et de les chanter… Dès mes premiers accords de guitare, je chantais. Dès que j’écrivais pour d’autres, je posais ma voix dessus. Composition et chant sont venus ensemble, naturellement. Quand je propose des chansons à quelqu’un, je me plais à penser qu’il entre autant dans mon univers que moi dans le sien. Entendre quelqu’un d’autre chanter ce que j’ai écris m’a toujours comblé. Je suis fier d’exercer cette activité un peu « dévaluée » en ce moment, d’auteur-compositeur mais je prends aussi beaucoup de plaisir à être interprète de temps en temps.

TM : Vous commencez par quoi en général, la musique ou le texte ? Dites-nous ce qui vous inspire…
JV : En général, je commence toujours par la musique bien que des mots, des thèmes et des sonorités viennent parfois en même temps. Depuis quelques temps, si un texte m’intéresse, en particulier parce qu’il échappe à mon univers, je fais l’exercice inverse de coller des notes sur les mots… comme ce fut le cas avec Michel Sardou. C’est différent et très intéressant. Mais dans tous les cas, je privilégie toujours la mélodie, le rythme, la voix pour le sens…

TM : Quel est votre premier succès de parolier ? Comment est-ce arrivé ?
JV : Dans un premier temps j’ai composé des chansons à l’intérieur de gros albums pour Pagny ou Johnny mais c’est à partir de « Sous le vent » que j’ai commencé à toucher le grand public. J’ai été très fier de partager cette Victoire de la musique avec Celine Dion et mon ami Garou.

TM : Pensez-vous posséder l’intuition de la chanson qui va triompher ? Avez-vous besoin de savoir à l’avance qui l’interprètera, pour la composer d’abord et pour ensuite imaginer son succès ?
JV : Au début, quel que soit l’artiste ou le projet, j’ai la même méthode de travail, je suis seul avec ma guitare et ma feuille blanche, j’écris une chanson. Il est vrai que parfois, en avançant sur la maquette, on peut pressentir son efficacité. Et quand une chanson s’adresse à des personnages aussi différents que Noah ou Hallyday par exemple, je fais en sorte de ne dénaturer ni leur univers ni leur personnalité tout en essayant d’apporter quelque chose de nouveau.

TM : Parlez-nous de votre rencontre avec la star planétaire qu’est Céline Dion… L’émotion qu’elle vous a procurée, les liens qui vous unissent aujourd’hui ?
JV : C’est, comme souvent pour moi, Jean-Jacques Goldman qui a fait en sorte que je travaille avec mes acolytes du groupe Canada, Gildas Arzel et Eric Benzi, sur l’album de Céline Dion. On a alors monté ce magnifique projet « 1 fille et 4 types ». Je dis magnifique déjà pour la dimension humaine de cette rencontre artistique : Imaginez-vous vous retrouver avec vos meilleurs amis, vos plus grands complices de musique, à travailler pour la plus grande chanteuse francophone, et tourner un clip en plein désert d’Arizona en vous amusant comme des gamins de 15 ans… vous vous dites qu’il ne peut pas vous arriver grand chose de mieux. Cela reste un de mes meilleurs souvenirs artistiques ! Céline est une immense star, mais aussi la personne la plus simple et la plus drôle dans le privé que j’ai jamais rencontrée : c’est un diamant !

TM : Dites-nous les rencontres et les collaborations qui ont compté pour vous, pas seulement pour votre carrière mais simplement sur le plan humain ?
JV : Je ne dissocie jamais le professionnel de l’humain ! En plus, j’ai eu la chance de ne travailler qu’avec des gens de grande valeur. Tout en n’oubliant aucun des interprètes qui m’ont fait confiance, si je ne dois citer que quelques personnes majeures de mon existence, je dirais évidemment Jean-Jacques Goldman ! Il m’a d’abord écouté puis apprécié. Puis il m’a permis de rencontrer des gens que jamais je n’aurais pu approcher, sans jamais rien me demander en échange, chose rare dans le métier. C’est un seigneur et un exemple. Chez les Goldman, il y a aussi Robert, producteur, auteur, compositeur et homme d’une grande sagesse dont l’avis, les conseils et l’humour m’aident régulièrement. Moins connue du public, je citerais aussi Valérie Michelin, ancienne responsable de Columbia, qui a été décisive par son énergie et son professionnalisme et avec qui je continue à travailler. Enfin je n’oublie et n’oublierai jamais Carole Frédéricks….

TM : Le goût de la scène semble ne pas vous avoir quitté puisque vous accompagnez certains artistes sur leur tournée. Lesquels et pourquoi ?
JV : J’ai toujours eu une culture de groupe et d’équipe, sûrement en réaction immédiate au travail solitaire de la composition. Ca m’équilibre artistiquement. Le besoin de la scène, du public sera toujours présent, même si j’en fais moins aujourd’hui. J’ai mon équipe, ma famille de musiciens et c’est avec eux que j’ai pu monter des spectacles pour Pagny, Tina Arena, Patrick Fiori, et Michel Sardou* !

TM : L’homme d’écriture que vous êtes, de surcroit Marseillais, se sent-il concerné par le Projet Marseille Capitale Européenne de la Culture en 2013
JV : Bien sûr que je me sens concerné ! Et je suis même heureux pour Marseille et pour tout ce qui peut la faire bouger culturellement. J’ai écrit « Marseille », une chanson que vous connaissez peut-être, sur le déracinement, une expérience que j’ai vécue pour tenter de réaliser mon rêve et ma passion. Partir m’a fait grandir mais aurait pu aussi m’abattre. Si la mise en place de structures artistiques peut permettre à des talents locaux de s’exprimer et surtout de s’épanouir sur place, c’est tant mieux !

TM : Quelle est votre actualité pour les mois à venir, vos projets à plus long terme ?
JV : J’ai eu beaucoup de projets aboutis en 2010 et début 2011 : Noah, Garou, Sardou (album et tournée). Je suis en train de finir mon travail sur le prochain album de Céline Dion et dois aller la rejoindre à Las Vegas ou à Miami afin de poser sa voix sur les chansons. Sardou m’a déjà demandé de « réfléchir » sur sa prochaine tournée des « standards » qui s’annonce grandiose ! Je pense aussi à me tourner de plus en plus vers la production et la réalisation de jeunes artistes qui me touchent. En attendant j’écris, je jardine et profite des gens que j’aime !

*Michel Sardou remplira de nouveau le Dôme le 4 mai prochain.

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