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Guillaume Gouix, né pour jouer

Des yeux très clairs, grands comme des lacs. Un regard qu’on n’oublie pas… Acteur popularisé par son rôle dans La French en 2013, aux côtés de Jean Dujardin et Gilles Lellouche, Guillaume Gouix s’est fait un nom avec Les Revenants, une série à succès signée Canal+… Depuis, il ne quitte plus la chaîne, avec une autre série accrocheuse, mais s’investit tout de même beaucoup dans le cinéma d’auteur. Son prochain film, Une belle équipe, est destiné au grand public, Guillaume s’installe ainsi paisiblement dans le paysage audiovisuel français.

ToutMa : Comment passe-t-on des Revenants à La Guerre des mondes (deux séries créées par Canal+)… Tu participes aussi à des programmes courts dans l’émission Clique de Mouloud Achour. La chaîne, réputée pour son engagement dans le cinéma, serait-elle également une famille d’acteurs ?

Guillaume Gouix : C’est surtout un endroit où la création est encore assez libre. Le réalisateur des Revenants a pu imposer pleinement sa vision aux producteurs. C’est d’ailleurs à cette série que je dois d’avoir été choisi pour jouer dans La Guerre des mondes. Le metteur en scène, qui est belge, cherchait un Français plutôt psychotique (rires). J’aime jouer la complexité, les dualités, ce qui grince un peu… même si j’ai aussi eu des personnages tendres ou un peu lunaires !

TM : Le conservatoire de Marseille, c’était formateur ? Comment as-tu fait pour démarrer si jeune ?

GG : Oui, c’était super. Je ne suis resté qu’un an, après je suis parti dans une autre école, à Cannes. J’y ai surtout appris à me cultiver, à m’intéresser à des textes, à des auteurs. Et puis, avant, j’étais déjà dans un cours de théâtre, dans mon village, à Cabriès. Je ne sais pas si on apprend véritablement à jouer… Il y a surtout des rencontres, je pense. Avant le conservatoire j’avais déjà eu un rôle dans un téléfilm pour Arte, tout jeune, à 16 ans… Dérives de Christophe Lamotte. Il m’avait repéré dans un réseau de figurants, j’ai passé un essai et voilà, c’était parti ! 

TM : Parmi les films qui ont jalonné ta carrière, quels sont ceux qui t’ont le plus marqué ?

GG :  Il y a eu Jimmy Rivière pour lequel j’ai été nominé aux César et qui m’a ouvert des portes. Puis aussi Attila Marcel de Sylvain Chomet, qui a beaucoup voyagé dans le monde. Bien sûr, il y a des films plus grand public, comme La French et Les Braqueurs. Je suis aussi très sensible aux films d’auteur, comme le long-métrage Chez nous de Lucas Belvaux, sur le Front national, qui a très bien marché d’ailleurs, ou encore celui de Guillaume Nicloux, présenté à Cannes en 2018, avec Gaspard Ulliel, Les Confins du monde. Une expérience folle ! En fait à chaque fois, les films marquent un moment de la vie d’un acteur…

TM : On a aussi pu te découvrir cette année dans Les Drapeaux de papier, première réalisation d’un jeune homme de 18 ans (lui aussi natif du Sud), Nathan Ambrosioni… Quid de ce phénomène ?

GG : Ah, dingue ! Ce premier film a obtenu plein de prix dans les festivals de cinéma. La rencontre avec Nathan a été plutôt forte, avec toute l’insolence et les émotions intenses liées à son jeune âge. Oui, il a un talent fou ! Lui aussi m’a repéré dans Les Revenants d’ailleurs. Il va grandir vite. Nathan a découvert le cinéma avec Harry Potter et depuis, il a tout vu !  Il est passionnant, intuitif et son film est incroyable. Aujourd’hui il a 20 ans. C’est mon seul ami de cet âge-là… Mais il a une telle maturité !

TM : On attend la sortie d’Une belle équipe (15 janvier 2020), un joli film choral avec des acteurs hauts en couleur, réalisé par Mohamed Hamidi. Raconte…

GG : J’adore le film. Le casting est hyper éclectique : Kad Merad, Céline Sallette, Alban Ivanov, Sabrina Ouazani, Laure Calamy… Il me rappelle les comédies des années 1980, du genre Coup de tête, sans être péjoratif, bien au contraire ! C’est un film fanfare. La musique d’Ibrahim Maalouf contribue beaucoup à l’ambiance. Ce n’est pas seulement un film sur le foot. On y parle aussi de l’importance de la vie sociale générée par un club de sport dans une petite ville de province. Des rapports hommes-femmes aussi qui ne sont pas toujours simples… (sourire). Je me suis vraiment amusé. 

TM : On vient également d’apprendre que tu étais pressenti pour un rôle dans le prochain film d’Emmanuel Mouret*… Que peux-tu déjà nous en dire ?

GG : Je suis déjà en train de tourner avec lui. J’adore son écriture pleine de marivaudages, de situations complexes et comiques à la fois. Je joue avec Niels Schneider, CaméliaJordana, Vincent Macaigne, Émilie Dequenne… encore un film choral. Mais nous ne sommes qu’au début de l’aventure !

TM : Tu formes, depuis quelques années déjà, un très joli couple avec Alysson Paradis, comédienne comme toi, petite sœur de Vanessa et tante de Lily-Rose Depp ! On ne peut pas s’empêcher de poser la question : ça fait quoi de côtoyer une famille de stars ultramédiatiques ?

GG : Je ne me pose pas la question du statut. Ce sont des artistes et des personnes que j’aime en tant que tels, j’aime beaucoup ce qu’ils font mais ils sont, avant tout, les membres d’une famille à laquelle je suis lié.

 TM : Quels liens gardes-tu avec Marseille ?

GG :  J’y ai toute ma famille ! J’y retourne dès que je peux. J’aime aller au restaurant La Boîte à sardine, aux Réformés. Sinon, Je suis toujours fourré au Barjac, au Panier, tenu par mon beau-frère Djamel. Et je suis aussi très souvent au stade ! Je suis un dingue de l’OM (rire).

* N.D.L.R. : réalisateur marseillais, notamment de Mademoiselle de Joncquières, avec Cécile de France (septembre 2018)

Photos _NïLDA