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Grand Corps Malade, poète ou prouesse ?

Grand Corps Malade aurait pu rester Fabien Marsaud et devenir professeur de sport. Un destin qui l’a planté, une vie qu’il a su réadapter. Avec son nouvel album, Grand Corps Malade nous balade dans les affres de ses mots, nous rappelant que les plans B ne sont pas une destination, mais un procédé. 

Le hasard des maux

Grand Corps Malade n’est pas monté sur scène, c’est la Seine qui l’a trouvé. Il a grandi à Saint-Denis, beaucoup grandi, jusqu’à toucher les paniers de baskets, avant de tomber de haut, s’écroulant dans le lit d’une carrière sportive en miettes. Un accident de plongeon ; c’est la piscine du handicap, il faut y nager sans avaler la tasse. À croire que les lits d’hôpitaux sont montés sur ressorts, il y fait le deuil de sa carrière de prof de sport et rebondit de sa tétraplégie en faisant de sa vie, une piste aux six albums. 

Avec la chanson, il ne piétine pas. En 2003 il n’est pas spectateur, il est devenu slameur. Il fait de ses maux une gymnastique cérébrale, des mots qu’il balance avec agilité. Aucune pause dans sa prose, que des pages à gribouiller, des plaies à panser, quand tout le monde pense qu’il n’y a pas de plan B. « On a déclaré que je suis un poète, moi je fais des chansons », rectifie-t-il. Il dit ne pas lire, en revanche il adore écouter. Renaud, Jacques Brel, Barbara, Georges Brassens sont les artistes qui l’ont (re)composé : « Renaud, c’est la tempête dans la douleur du crépuscule, c’est un cœur de moineau dans la poitrine d’Hercule. C’est la rage et la tendresse, il y a trente ans, il a écrit des trucs qui, chaque jour, m’aident à comprendre c’que j’fous ici. »  Son slam est une poésie de proximité. 

Espoir adopté

Parce que, la vie, c’est une obligation d’s’adapter sans trembler. Que c’est l’art des seconds choix, des autres options et des plans B. » Plan B, c’est son dernier album en date, dans lequel la chanson « Espoir adapté » sert la musique originale de son film Patients, sorti en 2017. 

Un album avec des mots de tous les jours, sur des thèmes de tous les jours. Grand Corps Malade ne se positionne pas dans ses chansons, la seule place qu’il prend c’est celle du disque dans le lecteur CD. L’amour, la vie, l’amitié, la société : des thématiques récurrentes, instrumentalement bien accompagnées. Un album qui sait dévier les langues acérées de toutes critiques à la télé. Qu’il soit Dimanche soir ou autres histoires sur canapé, il apparaît sur les écrans toujours avec humilité. Le charisme dans la voix et la carrière dans la poche. La carrure d’un homme à qui tout n’a pas souri, mais ce à quoi il a su rendre un rire. Fabien, un esprit serein. 

 

Grand Corps Malade en concert le 23 mai au Silo à Marseille

Photos _©Zuzana Lettrichova