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Géraldine PAILHAS, éloge de la comédie

Sortie du film “Tendre et saignant” de Christopher Thompson, mercredi 19 janvier 2022

Déjà trente ans que la beauté chic de Géraldine Pailhas illumine le cinéma français. En 1991, elle remportait le César du meilleur espoir féminin pour son rôle dans La Neige et le Feu de Claude Pinoteau. Depuis, elle a tourné deux ou trois films par an, avec de grands réalisateurs comme Pialat, Ozon, Campillo, Klapischou encore Raphaël Nadjari, marseillais comme elle et dont le nom, rien qu’en l’évoquant, fait briller ses yeux. Conversation avec une femme intelligente, ardente et volubile.

ToutMa: Jeune, tu étais à un niveau élevé de formation de danse classique. Projetais-tu déjà de devenir actrice?

Géraldine Pailhas: Pas du tout ! J’aimais beaucoup le cinéma, adolescente, et les cinéastes que j’aimais me permettaient de me sentir moins seule. Mais quand j’ai découvert À nos amours, de Pialat, j’ai ressenti un tel choc émotionnel que j’ai éprouvé pour la première fois l’envie de jouer. D’être actrice dans un film de Maurice Pialat. Et puis un jour, par hasard, un metteur en scène qui cherchait une jeune fille pour danser dans un clip des Gipsy Kings tombe sur une photo de moi prise par mon meilleur ami. Et c’était parti. Il m’a présenté les bonnes personnes, celles qui ont cru en moi après une simple rencontre, alors que je n’avais encore rien à leur montrer et que je ne savais rien de ce métier. Et tout s’est enchaîné, à ma grande surprise. L’accueil qu’on me réservait m’apportait la preuve que j’étais à la bonne place. Je n’en ai plus douté.

TM: On te voit à l’affiche de Tout s’est bien passé, de François Ozon, avec Sophie Marceau et André Dussollier.  Un sujet difficile et touchant sur la question de la fin de vie… Ta réaction face à ce scénario ?

GP: J’avais adoré le livre d’Emmanuelle Bernheim dont le film est tiré. Je l’aimais beaucoup et elle était une grande amie d’Ozon. C’était important pour moi d’accepter l’invitation de François et de rendre hommage à Emmanuelle, qui souhaitait qu’il fasse ce film. Et je ne redoutais pas de jouer des scènes difficiles. Le film raconte l’histoire d’une famille confrontée à la mort, mais c’est surtout un film sur la vie et sur l’amour de la vie, sans pathos. Et Ozon est tellement génial qu’il arrive à nous fait rire dans les pires situations ! C’est vraiment un très beau film.

TM: Comment était la relation avec Sophie lors de ce tournage, une actrice qu’on adore également. Vous connaissiez-vous ?

GP: Non, c’était la première fois que je tournais avec elle.

Et nous étions tellement heureuses toutes les Deux ! C’était extrêmement joyeux. Nous étions complices, espiègles. Tout entre nous était naturel et spontané. J’aime vraiment beaucoup cette femme.

TM: Sujet plus léger, OVNI(s), dont on attend la saison 2 avec impatience. On a le sentiment que vous vous amusez tous beaucoup ! Qu’est-ce que tu aimes le plus dans cette série décalée qui rencontre un beau succès et génère de bonnes critiques ?

GP: J’ai vraiment l’impression qu’on est une équipe tout à fait singulière. Aussi singulière qu’est la série. Une bonne bande de gens bien perchés quand même, globalement ! Et on conjugue ces énergies de perchés pour faire un truc super perché (rires). Mais l’écriture est très précise. Il y a énormément de travail, de recherche et de passion de la part des auteurs Clémence Dargent et Martin Douaire. Et tous les épisodes sont réalisés par le même metteur en scène, Antony Cordier, qui ne néglige aucun détail et fait régner une grande confiance et une harmonie sur le plateau. Alors que ça va à mille à l’heure ! J’adore vraiment cette série! D’ailleurs mes enfants aussi en sont tellement dingues qu’ils ne veulent surtout pas que je leur raconte des scènes que j’ai tournées dans la journée pour garder le suspens de la saison 2 (rires)

TM: Le film Tendre et saignant est réalisé par Christopher Thompson, ton compagnon et le père de vos enfants. Pitch de cette comédie romantique qui réunit pour la première fois à l’écran Arnaud Ducret et toi ?

GP: Je joue Charly, rédactrice en chef d’un magazine de mode, parisienne, hyper speed, qui n’a ni homme ni enfant dans sa vie et dont on apprend rapidement qu’elle est fille de boucher. Au début du film elle rencontre un homme, libre comme l’air, qui lui fait beaucoup d’effet. Puis tout s’accélère. Son père meurt et elle hérite malgré elle de la petite boucherie familiale. Et découvre furieuse que le séducteur d’un soir lui a caché quelque chose…

TM: Et Arnaud Ducret en lover, ça le fait?

GP: Mais tellement ! Ce qui est amusant, c’est qu’Arnaud et moi, on est très différents dans la façon dont nous sommes entrés dans le cinéma : Arnaud vient du cinéma populaire, il a fait du one man show et une série à succès : Parents, mode d’emploi. Il a un charisme extraordinaire. Et les gens sont conquis très spontanément ! Tandis que moi, je suis issue d’un cinéma dit plus « sérieux » avec des incursions parfois dans la comédie, comme Les Randonneurs, mais c’est vrai qu’on ne m’a pas souvent vue dans ce registre, où pourtant je me régale ! Et c’est justement ce que le film raconte. Une rencontre merveilleusement explosive entre deux êtres, deux mondes que tout oppose. Je ne peux pas imaginer quelqu’un d’autre dans ce rôle ! Il a une fantaisie, une énergie communicative et entre nous, le charme opère à l’écran.

TM: Tu es parisienne depuis de longues années. Aujourd’hui, Marseille signifie quoi pour toi ?

GP: Malheureusement, je ne viens pas assez souvent, mais c’est chez moi, c’est ma ville de cœur, ma mère et ma sœur y vivent et bien sûr, dès que je peux, j’y vais avec beaucoup de plaisir. Ce qui est amusant, c’est qu’avec les confinements, beaucoup de Parisiens ont enfin découvert Marseille et sont devenus fous de cette ville ! (rires)