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Emmanuel Mouret

Le dernier film d’Emmanuel Mouret tant attendu “Une autre vie” avec JoeyStarr sort en salle ce mercredi 22 janvier !

Attention, il ne s’agit pas d’une comédie sentimentale et burlesque du cinéaste marseillais – comme on les aime tant ! Cette fois Emmanuel Mouret se lance dans un nouveau genre : le drame romanesque. « Pour moi, confie le cinéaste, un bon mélodrame n’est pas un gâteau sentimental mais plutôt une réflexion morale de nature romanesque et sentimentale ». Tout est dit… Une autre vie est un film raffiné, délicat, un nouveau bijou du cinéaste orfèvre, à l’instar de son acteur, JoeyStarr, transfiguré, d’une douceur et d’une pudeur jusqu’ici insoupçonnées… Il interprète Jean, un électricien qui pose des alarmes dans de belles demeures du sud de la France et rencontre ainsi Aurore, alias Jasmine Trinca (sublime), célèbre pianiste en panne d’inspiration. Malgré leurs différences, ils tombent immédiatement amoureux l’un de l’autre et envisagent ensemble « une autre vie ». Jean décide alors de quitter Dolorès, sa compagne de toujours (interprétée par la fidèle Virginie Ledoyen), mais cette dernière est prête à tout pour garder son homme…
L’histoire du trio amoureux demeure un classique du cinéma, mais avec la « patte » d’Emmanuel Mouret, cela donne quelque chose de différent. L’amour passionnel souvent physique, charnel, est ici filmé autrement. Le sexe, tout comme le désir, est à peine suggéré, retenu, de manière si subtile qu’en ne montrant rien ou pas grand chose, le cinéaste laisse le spectateur rêver et imaginer (ou pas), mais à la sortie, coup de maître, le film est d’une très grande sensualité.
Très intéressante aussi la façon dont le cinéaste décortique le sentiment de culpabilité et sa force destructrice. Finalement, dans ce « triptyque de l’amour », il n’y a pas une victime et deux coupables, mais un sentiment de culpabilité qui se balade. La position de coupable et celle de victime, fluctuantes, passent de l’un à l’autre des trois personnages tout au long du film, c’est dire à quel point le cinéaste est peu manichéen dans la narration. Il n’y a pas les gentils d’un côté et les méchants de l’autre, mais de bons et de mauvais sentiments qui traversent les gens et circulent dans les relations humaines.
Que ce soit sur le mode de la comédie ou celui du drame, Emmanuel Mouret aime toujours autant filmer le sentiment amoureux, « pour de multiples raisons, j’aime filmer le désir entre les individus, j’aime le trouble qui en résulte » confit-il. Et le spectateur lui aussi en sort troublé.