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Dominique Resch, l’épatant professeur qui vient d’ailleurs…

ll y a des gens avec qui, immédiatement, on a envie d’être ami. Dominique Resch fait partie de ces gens-là. C’est évident, c’est comme ça. Allez savoir comment, allez savoir pourquoi. Cet homme arrive à faire parler l’énergie et l’enthousiasme sur des pages blanches qu’il remplit. Comment fait-il cela ? Mystère… Il doit venir d’ailleurs, il n’y a pas d’autre explication. Voilà : il est Vosgien ! Ils ne sont pas faits pareils que nous là-bas. Les Vosgiens. Pourtant, il ne sent pas le pin. Étrange, assurément. Bref, Dominique Resch est professeur de français et d’éducation civique dans les quartiers nord de Marseille depuis 20 ans. Il aime passionnément son métier, ses élèves et la réciproque est vraie. Il écrit aussi. Et pas qu’un peu bien. Il a commencé par une trilogie autobiographique (« Les poules », « Pédiluve et bénitier », « Le pouce d’un autre ») et, aujourd’hui, il nous propose « Mots de tête », un hommage à ses élèves qui, depuis 20 ans, ont toujours 16 ans… Comme Dominique. On vous le dit, cet homme n’est pas d’ici !

Quartiers Nord…
Ce livre « Mots de tête », c’est 20 ans de quartiers nord, c’est un peu comme un anniversaire. Tous les ans, j’aurais pu raconter ce qui s’est passé. Mais cette année, j’ai vraiment mené la chose à terme parce que j’ai eu des élèves particulièrement extra, de la seconde à la terminale. On a obtenu 80 % de réussite au bac et ça m’a motivé. Je me suis dit : « je vais le faire pour eux ! Je vais aller au bout de mon idée, pour leur faire plaisir, pour parler d’eux tels qu’ils sont ». J’ai des élèves formidables, mais je ne fais pas d’angélisme, ce n’est pas simple tous les jours, mais il y a quand même des journées radieuses.

Écrire…
Pour moi, le plus important, c’est le style, la manière. C’est raconter la vérité, mais à ma façon. Quand j’écris, je ne fais pas beaucoup de différence entre la prose la poésie. Il faut que ça sonne à l’oreille, que ça roule, que ça coule.
Dans ce dernier livre, tous les caractères sont vrais et tout ce que je relate sur les élèves, tous les dialogues, tout est parfaitement véridique. Car je note tout, sans romancer.

Enseigner…
Quand j’étais petit, je voulais être instituteur, comme papa. Professeur, c’est un boulot qui est étrange. On dit souvent que les profs vieillissent, mais pas les élèves. Depuis 20 ans, j’ai toujours eu des jeunes de 15 à 16 ans devant moi. Moi, je vieillis et eux ils ont toujours le même âge.

Sunny side of the street…
On s’intéresse beaucoup trop aux trains qui n’arrivent pas à l’heure et pas assez aux individus qui sont heureux ou qui font des choses sympas. Ce livre-là c’était aussi pour dire : « Attendez ! On vit bien, on est fiers de ce qu’on fait ! ». Dans ces pages, ce sont les élèves qui ont la vedette. Mon rôle, c’est de leur donner la parole. On va au Festival de Cannes avec mes élèves, au cinéma, au théâtre. Et ça, ça n’intéresse personne, on ne fait pas un 20 heures avec ça. Le côté positif, on devrait y être bien plus attentif.

PS : Dominique, le cachet de l’apostat ne fait pas foi…

Mots de tête, extrait :
– Mon cousin, quand il vient à Marseille, vous savez ce qu’on fait m’sieur ?
– Vous allez au Stade ?
– Non, on va à Andorre.
– À Andorre ?
– Oui. Parce que là-bas vous êtes gagnant sur le sucre.
– Hein ?
– Oui, le sucre. Il est tarpin moins cher qu’ici. Alors, on va l’acheter là-bas.
– Tu vas acheter du sucre à Andorre ? Mais c’est loin…
– Pas tellement.
– Ça fait plus de 300 km non ?
– Je sais pas. Quand on roule, on dirait pas. Mon cousin il parle tout le temps.
« Mots de tête » : c’est l’amour des élèves, le plaisir de l’enseignement avec, en face, des ados bien en place, un rien frondeurs. Des Tonio, Nadir ou Jérémy… qui, en vous questionnant sur la leçon du moment vous renvoient à vous-même, l’apprentissage et la transmission. Le livre de la rentrée des classes. À lire avec vos enfants à voix haute !

_Éditions Autrement, 160 pages, 14€