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Daniel AUTEUIL, « Le décor qu’est la Camargue est terriblement dramatique. »

En salle depuis le 11 septembre, Le Fil, de Daniel Auteuil, propose une nouvelle variation du film de procès. Tourné dans le Sud, non loin de là où il réside, ce drame montre une image inédite de la Camargue. Rencontre avec le plus méridional des cinéastes français.

TM : Que ce soit dans vos adaptations cinématographiques de l’œuvre de Marcel Pagnol (La Fille du puisatier, Marius, Fanny) ou la comédie (Amoureux de ma femme), les films que vous réalisez sont empreints de légèreté. Le Fil marque-t-il une rupture dans votre travail en tant que cinéaste ?
DA : Par rapport à Amoureux de ma femme qui était une comédie assumée, tirée d’une pièce de théâtre de Florian Zeller, nous sommes effectivement dans quelque chose de très différent. En revanche, les films adaptés de Marcel Pagnol avaient quand même quelque chose d’assez fort. Ici, le vrai changement vient du fait que c’est la première fois que le scénario m’appartient véritablement. Il ne s’agit pas tout à fait d’une adaptation. Je suis parti d’une histoire relatée dans Le Livre de Maître Mô de l’avocat Jean-Yves Moyart (Éditions Les Arènes), qui me paraissait offrir une matière intéressante pour un futur film.

TM : L’affaire Nicolas Milik se déroulait dans le Nord. Pourquoi avoir choisi de tourner le film en Camargue ?
DA : Parce que je vis là (rires) ! Plus sérieusement, j’avais à cœur de montrer une Camargue que l’on ne connaît pas vraiment. Celle qui est battue par les vents et le froid en hiver. Celle dont les villages deviennent déserts lorsque les touristes ne sont plus là. Il y a aussi ce décor qu’offre la région et qui est terriblement dramatique. Comme il y a beaucoup de séquences de procès, je voulais des scènes extérieures dans de grands espaces qui soient comme des moments de respiration. Et la Camargue s’est imposée naturellement.

TM : Qu’est-ce qui vous attire dans cette région ?
DA : Certainement les paysages baignés de cette lumière si spécifique. Mais également la faune et la flore que l’on peut y croiser. C’est une région unique qui conserve son lot d’énigmes et de silences. Il y a beaucoup de non-dits et les volets fermés des maisons cachent de nombreux mystères. En tant que cinéaste, il est difficile de ne pas y être sensible.