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Clara Luciani, une grenade sur scène

Un monstre de voix se mouvant dans une créature d’amour. Clara Luciani n’est pas qu’un écrin, elle a du coffre. Une voix grave sur des mélodies circonflexes, des accents sur des textes exaltants et toujours, sur la scène, une éclosion. 

Une rupture amoureuse pour défoncer les portes 

Il n’y a pas de brouillard sans rosée. Si Clara bruine sur les ondes médiatiques encore un an après la sortie de son premier album, c’est qu’elle a su créer un chef-d’œuvre entre les quatre murs de sa résignation. Là, dans l’exutoire de l’écriture, se cloîtrant chez ses parents, elle met le ton sur un chagrin d’amour. « On ne se reconnaît plus tout à fait en amour. » Dans un acte créateur qu’elle doit au passé, elle fera éclore les maux sur un succès futur. L’écriture, c’est comme une graine qui aurait grandi en elle depuis les visites obligatoires à la bibliothèque, tous les mercredis en famille. Dans l’amour des mots, il y a la passion des livres. « Les périodes où je ne lis pas, je n’arrive pas à écrire », confiait-elle en évoquant le second album sur lequel elle a commencé à travailler. Mais bien plus que les métaphores et l’effervescence littéraire de ses titres, il y a la pugnacité de sa voix et l’efficacité rythmique de la musique. Dans Sainte-Victoire, la rupture amoureuse n’est pas une plainte, elle est une renaissance, elle s’affranchit dans un éclat de claps, de drums et de « dance » électrique, et se parachute jusqu’aux Victoires de la musique. Enfin, la chanteuse est sacrée révélation scène de l’année 2019, une auguste victoire. « Petite, quand on faisait le trajet en voiture, je voyais toujours cette montagne, la Sainte-Victoire, un peu comme une présence bienveillante », s’explique la chanteuse sur le nom de l’album.

Je cours partout,  je m’ennuie vite. 

Comme Françoise Hardy, Clara côtoie la guitare, mais la sienne est électrique. Elle aime le disco-dark de Blondie et les mémoires de George Sand. Un style qui fait naître les comparaisons, mais Clara ne porte qu’une ombre : la sienne. Enfant, elle complexe déjà à la chorale et juge sa voix « trop grave, tout ça », avant de découvrir PJ Harvey. C’est à 19 ans qu’elle fera une rencontre importante, le groupe de musique La Femme, avec qui elle partira en tournée « Psycho Tropical Berlin ». Elle écume les scènes, ses premières scènes, celles qui sont faites pour dessiner les traits d’un possible Olympia, entre deux jobs alimentaires. Dans une pizzeria, donnant des cours d’anglais, baby-sitter ou encore vendeuse, elle cumule les casquettes de la jeune fille de son époque. Mais ce sont des coups de fil bienveillants qui la tireront de là : le chanteur Raphael qui lui propose de l’accompagner sur sa tournée « Somnambule », puis Benjamin Biolay. « Des gens qui m’ont fait la courte échelle », raconte Clara, qui fait désormais partie du paysage parisien, depuis six ans. Partie seule de Septèmes-les-Vallons pour monter à la capitale, la guitare sur le dos et ses parents dans l’effroi. Un pari réussi sous l’effet d’une grenade. Pour autant, la chanteuse ne se voit ni marseillaise ni parisienne, mais rêverait d’un endroit où elle serait vraiment chez elle. Cela porte un nom : la scène. 

Clara Luciani sera en concert le 2 août au Mucem dans le cadre du Festival Plan B. 
Programme et billetterie : www.mucem.org/programme/exposition-et-temps-fort/planb-2019
ou sur facebook : https://www.facebook.com/mucemplanb/

Sainte-Victoire de Clara Luciani
_www.claraluciani.com

sur facebook @jesuisclaraluciani
sur instagram @claralucianimusique

PHOTOS © Manuel Obadia-Wills