Marseille
22 Jun, Sunday
29° C
TOP

Charlotte Lapalus, expo « De d’eau » chez Faces

La photographe marseillaise Charlotte Lapalus expose des clichés inédits à la galerie Faces, jusqu’au 15 juin. En privilégiant dans ses prises, la posture de dos, elle tisse un lien entre ce qui connecte les êtres humains : l’eau comme élément de fascination.

ToutMa : Vous exposez actuellement De d’eau à la galerie Faces, à Marseille. Que raconte cette série ?
Charlotte Lapalus : De d’eau est une ode à la mer et aux corps. J’ai choisi de photographier des personnes de dos, toujours face à l’eau, dans une posture d’abandon ou de contemplation. Le visage disparaît, et avec lui, une partie de l’identité individuelle, ce qui permet de se concentrer sur autre chose : une posture, un geste, une lumière, un environnement. Le corps devient alors presque un élément du paysage, un fragment vivant dans un décor naturel.

TM : Pourquoi l’eau comme fil conducteur ?
CL : La mer a toujours été un partenaire silencieux pour moi. Elle reflète, absorbe, apaise. C’est un miroir dans lequel on se confronte à soi. À titre personnel, elle a été un refuge dans des moments compliqués, un lieu de retrait et de régénération. Mais ce que je trouve fort aussi, c’est la manière dont elle gomme les différences. Face à la mer, nous sommes tous égaux. C’est ce sentiment que j’ai voulu traduire dans cette série.

TM : Où avez-vous réalisé les prises de vue ?
CL : Principalement à Niolon, sur la Côte Bleue, à une trentaine de minutes de Marseille. C’est un lieu auquel je suis très attachée, à la fois par amour et par héritage : mon mari y a passé toute son enfance, et nous y avons une maison où nous passons beaucoup de temps. Il y règne une forme de calme presque hors du temps. J’ai aussi photographié à Marseille, notamment dans des lieux qui bordent la ville, là où l’urbain rencontre le naturel. Ce sont des espaces de transition, de pause, propices à l’observation. [NDLR : Certaines photos ont aussi été prises en Camargue et au Sénégal]

TM : Comment choisissez-vous les personnes que vous photographiez ?
CL : Ce sont souvent des rencontres, des gens que je croise, qui m’inspirent par leur attitude. Il n’y a pas vraiment de casting : j’aime que ce soit instinctif. En retirant les visages, j’invite aussi chacun à projeter ses propres souvenirs. Ce corps que l’on voit de dos, il peut appartenir à ton oncle, ta grand-mère, ta sœur, ton ex… Cette neutralité du dos permet une connexion plus intime. L’image devient un espace ouvert à l’imaginaire.

TM : Votre travail semble toujours relié aux corps et aux sens. Pourquoi cette approche ?
CL : Oui, mon travail est très lié au corps. J’ai commencé la photo par le paysage, puis le corps féminin est devenu une évidence. Ces deux thèmes ne m’ont jamais quittée, et dans De d’eau, j’ai cherché à les faire dialoguer. Il y a une vraie résonance entre les lignes du corps et celles du paysage. J’aime cette approche naturaliste presque organique. J’aime que mes images soient ressenties plus que regardées. J’essaie d’y insuffler une sensualité discrète, une mémoire tactile, l’impression de chaleur sur la peau. Je crois que la photographie peut faire appel à tous les sens, pas seulement à la vue.

TM : En quoi la galerie Faces était un écrin tout trouvé pour votre exposition ?
CL : Il y a quelque chose de très juste dans le fait d’exposer De d’eau à la galerie Faces. C’est une galerie profondément ancrée à Marseille, qui défend des artistes du sud. Je trouve que cette série solaire, très ancrée dans un territoire, a naturellement trouvé sa place là-bas. La galerie permet aussi des tirages de grande taille, ce qui était essentiel pour moi. Je voulais que le spectateur soit immergé, que l’image devienne presque un espace à traverser. Et puis il y a eu une vraie rencontre humaine avec l’équipe, une belle écoute. Travailler avec des gens qui comprennent et partagent ta sensibilité, c’est précieux. CGR

Exposition De d’eau – Charlotte Lapalus
Galerie FACES 232 rue d’Endoume, Marseille 7e