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Benoît Paire vs Brahim Asloum, duo choc

L’Open 13 approche – du 20 au 26 février 2017 – et s’il y a un tennisman que l’on attend sur ce tournoi, c’est Benoît Paire, l’enfant du pays. L’Avignonnais de 28 ans a passé une année 2016 un brin tumultueuse et on associe souvent à son tempérament, le talent, la créativité mais aussi l’impulsivité ! À Marseille, on adore la controverse mais 2016 a été également marquée par la perte de confiance du champion. Et on aime moins ça.  Dans le sud, on est fiers ! Benoît Paire a donc décidé de se reprendre pour retrouver le goût de la gagne. Il travaille désormais avec un  « nouveau » préparateur physique et mental, Brahim Asloum. 1,96 m vs 1,65 m : « On a toujours besoin d’un plus petit que soi » ! Benoît est-il prêt à les mettre tous KO ? Sa préparation physique – en tout cas – il l’a faite sur un ring !

Entretien _Clara PABAN
Photos _Emmanuel BOURNOT

ToutMa : Comment va Benoît Paire ?

Benoît Paire : Ça va bien. J’ai fait une bonne préparation cet hiver. Je me sens prêt à réattaquer une nouvelle saison.

TM : Qu’est-ce qui vous a fait le plus mal en 2016 ?

BP : Je dirais certaines de mes défaites, comme celle à Indian Wells. C’était un Master 1000, un tournoi très important et j’ai perdu au premier tour 6-2 / 6-2. J’avais les jambes un peu coupées. C’est une défaite douleureuse.

TM : Qu’est-ce que vous ne referiez pas ?

BP : Ce que je ne referais pas ? (dubitatif)… Ce que je referais c’est une belle préparation physique. J’ai été blessé pendant 3 semaines, je me suis fait une petite entorse donc je n’ai pas pu faire ce que je voulais mais voilà, je referais surtout du physique.

TM : Brahim Asloum a été révélé aux JO de 2000. Benoît, vous ratez ceux de 2016… L’association est étonnante, insolite. Pourquoi avoir choisi Brahim ?

BP : Simplement, parce que c’est une très bonne personne, c’est humainement un mec génial. J’avais besoin de trouver autre chose, une autre façon de travailler, plus ludique. Et maintenant, la boxe en fait partie. On bosse très dur à l’entraînement, ce sont des séances courtes mais intensives. C’est quelqu’un qui pousse sur le ring et qui donne envie de se surpasser. C’est là-dessus que j’ai besoin de travailler car sur certains matchs, je pouvais un peu laisser tomber. J’ai envie de faire de belles choses et Brahim m’aide à cela.

TM : Et Brahim, pourquoi Benoît ?

Brahim Asloum : C’est un super mec ! J’ai appris à le découvrir et on a une image erronée de lui. J’adore les défis, Benoît est un grand joueur de tennis et si je peux lui apporter mon expérience personnelle et le soutien de ma discipline, je pense que tout le monde sera gagnant et j’en suis ravi.

TM : Le coaching de Brahim est très axé sur le cardio, le fractionné, les ateliers. Vous tenez le coup ?

BP : Oui ! C’est difficile mais quand on a des objectifs élevés, il faut savoir prendre conscience que l’entraînement et le physique sont des choses très importantes. Donc oui, je tiens le coup, je suis content de l’avoir fait…

TM : C’est sympa d’être marqué à la culotte par Brahim ?

BP : Oui c’est sympa. Ce n’est pas facile tous les jours, il ne faut pas relâcher les bras, mais il est là pour me re-booster.

TM : Brahim, jusqu’où Benoît peut-il aller physiquement et mentalement ?

BA : Physiquement, on est loin de ses limites, il a une marge de progression assez énorme, c’est une chance. Je l’envie d’une certaine manière : arriver à atteindre ce niveau tennistique c’est déjà incroyable et en connaissant les lacunes physiques que l’on a découvertes, je me dis « ouf » ! S’il arrive à s’améliorer et que, derrière, le mental va avec, il a toutes les armes pour aller plus loin. Et même encore plus loin qu’on ne puisse l’imaginer !

TM : Brahim, est-ce que Benoît est quelqu’un de sérieux ?

BA : Il est très ponctuel… sauf embouteillages ! J’ai été étonné parce qu’on parle de lui comme un bad boy et le peu de fois où il est arrivé en retard, il s’est excusé, m’a prévenu. Donc c’est quelqu’un de respectueux, qui ne néglige pas ce qu’il fait. Et surtout, je l’ai vu dans la difficulté et j’ai vu qu’il était capable de repousser ses limites. C’est de bon augure pour lui.

TM : Benoît, après un entraînement, quand on n’a rien lâché, ou que l’on a dépassé ses limites, on se sent comment ?

BP : On se sent bien. C’est sûr que c’est difficile puisqu’on a eu un entraînement très dur. Mais on est content de l’avoir fait. Surtout on se dit que ça va porter ses fruits pour la suite. En tout cas je n’aurais pas de regret si les résultats ne suivent pas parce que physiquement j’aurais fait tout ce qu’il fallait. J’aurais été à fond à l’entraînement.

TM : Le monde du tennis vous qualifie de surdoué. Maintenant, avec une telle préparation, quels sont vos objectifs ?

BP : Surdoué… ? C’est sûr que j’ai la chance d’avoir un petit peu de talent… Après, jusqu’où je peux aller ? Je ne sais pas. Je ne me fixe pas de limite. Même si l’année prochaine je finis 60ème mondial, ça voudra dire que j’aurais fait le maximum pour être au mieux de mon classement. Mais je pense que je peux faire plus que précédemment. J’ai été 18ème mondial, je peux aller encore plus haut. On verra bien…

TM : Brahim, l’un de vos ateliers est le combat de boxe… quelle en est l’utilité pour Benoît ?

BA : Faire de la boxe, c’est pour développer un peu plus d’agressivité et surtout la maîtriser… enfin, plus précisément, ce n’est pas de l’agressivité mais de la détermination dans les attaques ! Quand je lui demande des enchaînements précis, aujourd’hui je vois beaucoup plus de détermination dans ce qu’il fait. Il est très appliqué, très à l’écoute pour aller chercher des appuis, trouver de l’impact. Mine de rien, au niveau cardio, je le fais monter dans le rouge et il arrive à bien récupérer. Il arrive à repartir. Il a du mental, du caractère ! Je suis bluffé dans le bon sens.

TM : Alors Benoît, l’Open 13… c’est chez vous ! On le remporte ce tournoi ?

BP : J’ai fait la demi-finale l’année dernière. J’avais battu Wavrinka en quart de finale. C’était pour moi un très bon tournoi. Oui, l’objectif ce sera de le gagner, comme tous les tournois. Si j’arrive à gagner celui de la semaine d’après, c’est bien aussi. Je vais faire de mon mieux, je veux gagner le plus de matchs possible. Mais gagner à la maison serait formidable.

TM : Coach Brahim, un pronostic sur votre disciple ?

BA : Un conseil plutôt : « continue de travailler à croire en toi. Tu as tout pour toi mais ça passe par le travail, la persévérance ». La volonté, il l’a. Je ne vois pas ce qui lui poserait problème cette année. Il a conscience d’avoir passé une année un peu compliquée. C’est comme ça qu’on apprend. Quand on gagne et que tout marche bien, on ne se pose pas de questions. Quand on perd on se remet en question. Il a su le faire de lui-même. Sa limite je ne la connais pas et ça m’étonnerait que lui la connaisse. S’il est capable de s’impressionner tous les jours, on peut imaginer encore de belles perspectives pour lui et c’est tout le mal que je lui souhaite.