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ACTES SUD, Anne-Sylvie BAMEULE, une affaire de famille et de littérature

Présidente du directoire d’Actes Sud, Anne-Sylvie Bameule pilote d’une main de maître l’iconique maison d’édition arlésienne. Un travail que cette passionnée effectue en étroite collaboration avec deux de ses sœurs, Julie Gautier et Pauline Capitani. Rencontre.

« Il y a eu une bascule, qui s’est faite en janvier 2023. Le changement était là et il fallait adapter notre maisond’édition. C’était une urgence » , souligne Anne-Sylvie Bameule, à la tête du directoire d’Actes Sud depuis maintenant deux ans. Un poste que la fille de Jean-Paul Capitani et belle-fille de Françoise Nyssen (elle-même fille de Hubert Nyssen, fondateur d’Actes Sud, en 1978) n’occupe pas seule puisqu’elle travaille en étroite collaboration avec deux de ses sœurs. D’un côté, Julie Gautier (fille de Françoise Nyssen) et de l’autre, Pauline Capitani (fille du couple Nyssen-Capitani). « Nous avons fait le choix de fonctionner en directoire. Cela nous convient parfaitement puisque nous sommes complémentaires », observe Anne-Sylvie. Dire que les trois femmes connaissent bien Actes Sud est un euphémisme. « Cette maison d’édition a une valeur sentimentale et intellectuelle pour nous trois. Nous avons grandi juste à côté du bureau. Actes Sud, c’était un peu chez nous (rires) », s’amuse Anne-Sylvie.

Photo 1 : Anne-Sylvie Bameule Photo 2 : Jean-Paul Capitani © Olivier Dion

Cursus honorum

Pour autant, les trois sœurs ont fait leurs armes ailleurs avant de rejoindre l’affaire familiale. Dans le cas d’Anne-Sylvie Bameule, c’est du côté du service d’information du gouvernement, en tant que responsable de l’action territoriale, puis du musée du Quai Branly (au poste de directrice adjointe de la communication) que s’écrit, à Paris, le début de sa carrière. Une expérience des plus formatrices avant de rejoindre sa Camargue natale, en 2009, en tant que responsable des partenariats, puis directrice du département Arts, Nature & Société chez Actes Sud. Quelque temps après son arrivée, elle connaît, de son propre aveu, l’un des grands moments de sa vie professionnelle : « Nous avons eu la chance de signer un partenariat avec la maison Hermès. J’en suis très fière. Il y a beaucoup de points communs entre nos deux maisons, notamment le respect du geste, l’amour de l’objet et du travail bien fait. À l’instar d’un écrivain, un couturier est également dans l’expression du beau. »

Fierté arlésienne

Au cours de ces quatorze premières années passées chez Actes Sud, Anne-Sylvie a connu d’autres satisfactions, notamment les deux collections thématiques dont elle a participé au lancement, « Domaine du possible » et « Mondes sauvages ». Sans oublier le festival « Agir pour le vivant », lancé en 2020 et dont la cinquième édition, qui s’est tenue en août 2024, a été un franc succès. « C’est un événement qui invite à réfléchir à la place que doit avoir le vivant dans nos sociétés. Au départ, lorsqu’il a été impulsé il y a cinq ans, il se limitait essentiellement à Arles. Année après année, il se développe à l’international (Cameroun, Colombie, Brésil, Japon…) et nous en sommes évidemment très heureux », fait remarquer l’éditrice. Outre la maison d’édition, Actes Sud est également présent à Arles dans bien d’autres endroits. C’est un réel écosystème qui s’est développé autour de la maison d’édition avec une librairie, un cinéma, un lieu de rencontres et d’expositions (Le Méjan), un établissement scolaire (l’École du Domaine du possible), une ferme en agroécologie… « Placer la culture au cœur de la ville est une de ses spécificités mais n’est pas un phénomène nouveau. Mon père, Jean-Paul Capitani, a joué un rôle important dans son rayonnement artistique et culturel. Quelques années avant la création d’Actes Sud, il y a eu le lancement des fameuses Rencontres d’Arles, autour de la photographie, dont nous allons fêter les 55 ans cette année. La ville a su, au fil des décennies, grâce à tous ces entrepreneurs culturels dans le domaine de la littérature, de l’art contemporain, de la photographie ou de la musique, devenir une sorte de phare pour les artistes alors même que les grands événements de ce type se trouvaient essentiellement à Paris », analyse Anne-Sylvie.

Des valeurs importantes

Alors que la maison d’édition célèbre plusieurs anniversaires au cours de l’année 2025 (les 40 ans d’Actes Sud-Papiers, les 20 ans d’Actes Sud BD et les 30 ans des éditions Textuel, associées à Actes Sud), la présidente de son directoire continue à voir l’affaire familiale comme la synthèse de plusieurs valeurs essentielles : « Le respect, l’innovation, la responsabilité et l’enthousiasme. Ce qui est assez amusant, c’est que les initiales de ces quatre mots donnent le mot ‘‘Rire’’. Un terme qui définit assez bien Actes Sud » car, comme le souligne si bien Anne-Sylvie : « C’est avant tout par la joie que l’on reste libre. » Libres et indépendantes, les éditions Actes Sud n’ont pas fini d’ajouter de nouvelles pages à leur longue et belle histoire.


www.actes-sud.fr