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Izia Higelin en concert, transpirez l’hiver

Percussions et répercussions. Batterie de mots et battements de cœur, un talent impulsif qui prend tous les membres, allumant nos circuits électriques, et qui nous possède jusqu’à trop chauffer. Bouger : bouger pour les cordes de cette voix qui poétise et les tons qui magnétisent. Izia Higelin remet ça dans un cinquième album, La Vitesse, à retrouver en concert le 18 janvier au Silo à Marseille.

À la vitesse d’un électron libre

Izia Higelin n’a que dix-neuf ans lors de la sortie de son premier album, en 2009. Pourtant cela fait déjà des années qu’elle arpente les scènes avec une énergie infectieuse. Une émulation pas tombée du ciel, plutôt élément de la physique sociale. Fille du chanteur Jacques Higelin, et d’Aziza Zakine, chanteuse et danseuse d’origine tunisienne, Izia quitte l’école à quinze ans. Dans ses bagages, des trousses et des carnets dans lesquels : le piano à six ans, la guitare à douze, la poésie du père, les symphonies familiales, et la bénédiction de ses parents. Enfant elle accompagnait son père sur scène en Corse, adolescente elle s’adonne aux premières parties d’Iggy Pop ou de Motorhead. Envie sauvage dans l’engrenage, quand on a baigné dans la musique, forcément on est frit. On est nominé, on reçoit des prix : Meilleur albums Rock de l’année. Une orchestration qu’il faut porter à ébullition, il faut que ça déborde, que ça dépasse les bornes artistiques : ne pas s’arrêter à la musique, mais crever l’écran en interprétant Camille Claudel ou en remportant un César l’année 2013, pour son rôle dans Mauvaise fille. Une suite musicale avec La Vague (2015), puis ce dernier album comme une ode à la naissance de son fils, comme un hommage à la disparition de son père en 2018. « Si t’as peur de la mort, t’as peur de la vie », lui répétait Jacques Higelin.

Notre cœur ne fait qu’un tour et la manivelle du gramophone, plusieurs

Avec le temps on se range, même le rock. C’est malléable un cinquième album. Paru en juin 2022, La Vitesse paraît plutôt teinté de pop, beats années 1980 et de secousses électros. « Déjà sur la tournée du deuxième album, je m’apercevais que j’écoutais moins Jimi Hendrix ou Led Zeppelin et plus Joy Division ou même Niagara », confiait-elle à GQ à propos de son album La Vague. Mais le fil de son micro est toujours conducteur : la chanteuse à la voix rauque et grave sait faire danser léger, léger. Elle est une musique qui s’absorbe dans les veines, les titres « La Vitesse » et « Mon cœur » sont des pulsations artérielles. Sur d’autres, sa poésie est parachute ascensionnel, c’est le cas d’« Étoile noire » ou de « Nos rêves ». Elle n’est plus la Izia des débuts, le rock s’est peut-être effacé derrière une pop qui plaît au plus grand nombre. Mais en elle, il reste les sonorités orientales et la poésie tacite paternelle qui coule dans les gènes. En concert, un ovni qui finit toujours par transporter. JM

CEPAC SILO
35 Quai du Lazaret, Marseille 2è
Billetterie : billeterie.cepacsilo-marseille.fr

© Photo : Pierre-Ange Carlotti