Emmanuelle Normand-Wiramus, l’heureux hasard des coulures
Après une première vie dans la communication à Paris, Emmanuelle Wirasmus est devenue céramiste en 2009 et fonde sa marque ENW. Elle installe son atelier dans la petite dépendance d’un vieux mas provençal situé dans la campagne aixoise. Là, elle développe depuis quatre ans, des séries limitées d’objets décoratifs et utilitaires auxquels elle apporte sa poésie. Aux trois éléments vitaux, terre-eau-feu qui permettent de faire de la céramique, elle ajoute l’air pour projeter ses couleurs sans l’intervention du pinceau dans ses décors aux engobes (pigments purs mélangés à de la terre liquide). L’artiste souffle avec la bouche, couvrant ses objets d’un vermillon chatoyant ou d’un bleu Klein lumineux pour répandre la couleur de façon aléatoire et donner cet aspect projeté, saisi et absorbé par la terre comme un buvard. Un même geste rapide pour un rendu qui est le fruit du hasard, donnant un caractère unique à chaque pièce. Comme dans la série « coulure », qui, en 2013, l’a fait connaître.
Une collection qui résume bien son univers épuré, graphique, design mais aussi organique et naturel, avec toujours cette même envie d’être surprise, de ne pas tout maîtriser. « Je laisse beaucoup de place au hasard. Le hasard de l’erreur du geste m’inspire et je guette cet instant » ajoute-t-elle malicieusement. La série « coup de pouce » est justement née d’un accident : la chute d’une pièce d’argile pas encore cuite dans laquelle son pouce s’est enfoncé, créant une cavité harmonieuse qui l’inspira.
Au début de son activité, Emmanuelle est partie avec l’idée de créer des pièces utilitaires « Parce ce que j’adore le concept des séries. Créer le stylisme, avoir une réflexion globale sur le modèle de ma série : le design de la pièce, la taille, la forme, le décor, les couleurs et la baptiser. Je suis en équilibre entre la création et le produit ce qui n’est pas évident » mais cela lui permet d’exposer aussi bien en galerie qu’en boutique. Aujourd’hui, Emmanuelle a dompté la terre, maîtrise l’outil et part vers des objets plus complexes, pleinement créatifs et instinctifs comme ses chapelets sculpturaux qui nécessitent deux mois de travail. Les commandes d’objets utilitaires personnalisés qu’elle rend « swag » affluent (noms de villa sur assiettes, prénoms sur bols et mugs) et les réseaux sociaux aident à faire circuler ses talents de créatrice.
Atelier ENW céramique _2670 Chemin de la Souque, Aix-en-Provence
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