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Christophe Lambert "Je veux ressusciter l’âme du Pigonnet"

Christophe Lambert s’est offert son petit coin de paradis en achetant l’hôtel Le Pigonnet à Aix-en-Provence. De Greystoke, la légende de Tarzan à Highlander en passant par Subway et bientôt à l’affiche du prochain film de Claude Lelouch puis celui des Frères Coen, sa carrière d’acteur est inclassable, détonante, instinctive.

Également réalisateur, écrivain, il est devenu patron d’hôtel. Son style de vie est à l’image du rythme qu’il s’impose. Depuis vingt ans, au gré de ses déplacements, il vit à l’hôtel. Du coup, quoi de plus normal que d’en acheter un ! L’hôtel Le Pigonnet est une somptueuse bastide de luxe de 44 chambres, dans une oasis de verdure, propriété de la famille Swellen depuis trois générations. Entre la promotion de son dernier livre, « le Juge » et le début d’un nouveau tournage, Christophe Lambert nous accueille sur place, déambulant dans les jardins pour nous faire partager son nouveau bonheur, saluant au passage chaque employé chaleureusement.

ToutMa : Clint Eastwood, Lenny Kravitz, Serge Gainsbourg, Pablo Picasso, Catherine Deneuve et bien d’autres encore ont fréquenté l’hôtel Le Pigonnet. Y aviez-vous vous-même séjourné avant de l’acheter ?

Christophe Lambert : Non, mais je le connaissais de nom, de réputation. C’est un endroit mythique à Aix. Je savais qu’il s’agissait d’une sublime bastide du XVIIIème siècle. J’ai eu un coup de cœur pour le jardin. J’ai toujours aimé les jardins et les fleurs. Celui-là est magnifique. Si je ne vais pas au Paradis après ma mort, en tout cas, j’en aurais vu un petit bout !

TM : Qu’est ce qui vous plaît particulièrement dans ce jardin ?

CL : Il a été le catalyseur de notre achat, ce qui a fait qu’avec mes partenaires – Michel Halimi, Hugues de la Chevasnerie et Esprit de France -, nous n’avons pas hésité : 1,5 ha de parc à 600 m du cœur d’Aix-en-Provence, c’est unique, exceptionnel. Les travaux sur le bâtiment restent de la « cosmétique ». Le jardin, lui en revanche s’est construit en 90 ans. La nature est toujours juste : quelles que soient les couleurs qu’on y associe, il n’y a jamais de faute de goût. La nature est toujours photogénique donc toujours vraie. Comme ce jardin, à la fois entretenu et sauvage. Les jardiniers respectent la poésie du lieu avec le clapotis discret de ses 25 fontaines.

TM : La concurrence devait être âpre pour acheter cet hôtel. Qu’est ce qui a persuadé la famille Swellen, propriétaire depuis 1924 ?

CL : Je travaille avec Michel depuis 22 ans et cela fait 15 ans que l’on investit dans l’immobilier. Il se trouve que nous sommes les partenaires privilégiés de Marc Piétri, patron de Constructa, ses seuls clients privés. Nous sommes devenus amis et c’est lui qui nous a parlé du Pigonnet. Tout est grâce à lui. Il nous a conseillé et suggéré Esprit de France comme partenaire hôtelier. Ensuite, nous avons su convaincre parce que notre projet de rénovation concerne l’hôtel et nous ne touchons rien au jardin. Il respecte la volonté de Jean Swellen de ne pas altérer le lieu, son histoire. Il ressuscite l’âme du lieu ; j’y tiens pour son épouse, Roselyne Swellen qui est une femme admirable.

TM : Quels sont les axes de rénovation envisagés ?

CL : 14 chambres sur 44 ont déjà été rénovées avant le début de la saison! On souhaite que la magie du lieu surgisse dès que l’on franchit les grilles de l’hôtel. On a de superbes platanes dans l’allée, on va y ajouter des fleurs, de belles lampes pour créer une ambiance et des statues modernes, colorées. J’aime le mélange de l’ancien et du contemporain. Pour le restaurant, nous avons prévu de faire rentrer le jardin dans la salle à manger grâce à de larges baies vitrées. La rénovation de la piscine et du spa est également prévue. Nous voulons apporter le plus de services possibles aux gens. Et qui de mieux placé pour cela que quelqu’un qui comme moi vit à l’hôtel en permanence ! À chaque fois que je viens, je passe de chambre en chambre au gré des disponibilités. Et je vérifie tout. Cela me permet de noter les choses à améliorer dans chaque chambre jusqu’au détail d’une prise mal placée. L’hôtellerie, c’est du détail. On a plein d’autres idées encore comme installer des terrains de pétanque. Mais on se concentre sur les choses prioritaires et ensuite on se fera plaisir.

TM : Que souhaitez vous proposer côté restauration ?

CL : L’équipe en place est formidable et notre chef cuisinier, Thierry Balligand fantastique. Il propose une cuisine de produits de qualité adaptée à la saison avec une vraie justesse dans les cuissons. Nous sommes dans l’esprit « bistronomie ». Je me passionne pour la cuisine et la grande cuisine c’est toujours simple. C’est ce que fait Thierry à La Table du Pigonnet. Notre offre est variée avec deux menus et la carte car c’est essentiel de ne rien imposer, de laisser le choix.

TM : Votre dernier livre, le Juge* vient de paraître et rencontre un franc succès…

CL : Oui, il y a un vrai engouement. C’est un thriller noir qui parle de l’injustice, qu’elle soit sociale ou judiciaire. A-t-on le droit de faire justice soi-même et jusqu’où peut-on accepter de laisser les choses déborder avant d’agir ? C’est un sujet d’actualité. Le personnage du livre, Keller, un ex-soldat devenu avocat militaire est un type à qui on a tout pris. Il sort de huit ans de taule pour avoir fait justice des meurtres épouvantables de sa femme et sa fille. Il n’a plus d’états d’âme. Il est prêt à tout et devient le juge. Il rencontre un vieux monsieur proche de son passé qui lui fait comprendre que la vengeance n’a rien à voir avec la justice. S’il veut devenir un juge hors-la-loi, il va devoir frapper très haut. Car ça ne sert à rien de frapper les « petits » délinquants. C’est là que Keller va commencer à mener sa justice privée contre les intouchables. J’aimerais en faire une série, ce personnage m’intéresse vraiment.

TM : Comment avez-vous réussi à faire du Pigonnet un lieu de rendez-vous littéraire ?

CL : En accueillant Plumes de stars, un rendez-vous des stars télés et cinéma qui se sont mises à l’écriture. Françoise Smadja qui a créé ce rendez-vous littéraire m’a demandé d’y participer et de l’organiser au Pigonnet, en plus de la fac de droit et de la librairie Goulard. Michel Drucker, Estelle Lefébure, Dominique Besnehard, Sophie Davant, Michel Cymès, Ingrid Chauvin, Patrick de Carolis, Michel Leeb, Marc Jolivet, Jean-Pierre Mocky et j’en oublie, ont spontanément répondu présents à deux mois de l’événement qui a eu lieu en juin. Le rendez-vous s’est très bien passé et nous recommençons avec bonheur l’année prochaine.

TM : Et côté cinéma, où en êtes-vous ?

CL : Je commence un film le 17 août que je produis avec Alain Goldman ** et c’est le premier film du Palmashow. On fait le film de ces jeunes comédiens humoristes Grégoire Ludig et David Marsais que l’on a emmenés sur D8 avec Michel Halimi. Ensuite, le 9 décembre sort Un plus Une de Claude Lelouch et le 4 février Hail Caesar des Frères Coen.

TM : Quelles sont vos adresses à Aix et Marseille ?

CL : J’aime le restaurant de Marc de Passorio, l’Esprit de la Violette, où je suis allé récemment et Chez Michel pour ses soupes de poissons délicieuses. J’aime les Docks à Marseille et le MuCEM. Sinon, j’adore les t-shirts, je ne porte que des t-shirts à manches longues ; je dois en avoir 5000 ! Donc je pars dans les boutiques acheter des t-shirts !

TM : Quel est votre plat provençal préféré ?

CL : J’aime les choses simples, j’adore les tomates farcies… je suis un fou de tomates…  ou une daurade avec des tomates au four et des petits oignons. Mais quand je suis à Aix, je mange surtout au restaurant de l’hôtel ! D’abord c’est excellent, et puis je suis à la maison.

* Le Juge, Ed. Plon, 2015
** Producteur de 1492 : Christophe Colomb, La Môme…

Hôtel Le Pigonnet ***** La Table du Pigonnet
_5 avenue du Pigonnet, Aix-en-Provence _04 42 59 02 90 _www.hotelpigonnet.com

PHOTOS _Virgil Vincent

A NOTER LUNDI 2 NOVEMBRE : 2 avant-premières du film « Un + une » une comédie réalisée par Claude Lelouch avec la présence de Claude Lelouch, Jean Dujardin, Elsa Zylberstein, Christophe Lambert et Alice Pol

 

Les 3 Palmes à 19h30 : présentation par l’équipe du film en début de séance.
Cinéma Les 3 Palmes _2 Rue Léon Bancal, Marseille 11e _04 91 87 91 87

Au Cézanne à Aix-en-Provence à 20h15 : Rencontre entre l’équipe du film et le public à l’issue de la projection.
Cinéma Le Cézanne : 1 rue Marcel Guillaume, Aix-en-Provence